Léon le Magnifique premier Roi de Sissouan ou de l'Arménocilicie

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  Parmi les titres de la noblesse, cités par le Lambrounien (Nersès), le plus connu est celui de Baron. Ce sont les Occidentaux qui l'introduisirent en Orient. Nous trouvons également, mais moins souvent, le Sire, inférieur au Baron. Je ne saurais dire quel nom on donnait au personnage du rang au-dessous: notre histoire ne nous donne que ces deux noms.

Le premier des ministres et des barons de la Cour de Sissouan était, ainsi que l'exigeait l'étiquette, le Bailli, bailo ou ba yulus. Il tenait les rênes du gouvernement pendant la vacance au trône ou la minorité du roi. Il prenait aussi le nom de Père du Roi. C'était lui le régent 1 et gouverneur général du pays; il remplaçait le roi en même temps qu'il était son précepteur. Aussi nous le voyons quelquefois conserver son autorité de bailli après la majorité du roi. Léon nous le confirme dans son décret aux Hospitaliers, daté de 1214, et il ne parle pas alors d'un seul bailli, mais de plusieurs, puisqu'il dit: « meorum Bajulorum ». A l'heure de sa mort, Léon nomma premier bailli de son héritière, la jeune princesse Zabel, le Sire Adan, le plus haut des Barons, et pour second bailli, il désigna le Connétable Constantin, fils de son oncle maternel, qui passa premier bailli après la mort prématurée d'Adan. Ce Constantin accapara plus qu'aucun autre le titre de bailli, car il ne le fut pas seulement de Zabel, il le fut encore de son propre fils Héthoum, à qui il fit épouser Zabel. Il continua même d'être bailli après la majorité de ceux-ci.

Constantin, après avoir mis son fils Héthoum sur le trône, partagea son autorité entre ses enfants. Il nomma bailli son quatrième fils Ochine, non pas comme précepteur de son frère mais comme intendant, comme ministre du pays. Pour lui-même, il ne conserva que le titre de Père du Roi et celui de Grand-Baron. Bien que les charges ne fussent point héréditaires, nous voyons cependant celle du bailli rester, pendant près d'un siècle, dans la famille d'Ochine, non à titre de précepteur du Roi, mais à titre de régent du pays 2, puisqu'il y avait d'autres baillis pendant le même temps. Par exemple, les baillis de Léon IV, le Chambellan Héthoum et le Sénéchal Héthoum, qui souscrivèrent à un décret du Roi et l'envoyèrent au Proximus Pierre.

Le second baron, par sa dignité et non par l'étendue de ses pouvoirs, était le Prince des princes ou le Prince du royaume. C'est ce titre que Constantin donna à son troisième fils, Léon. Il pouvait bien être appelé également Baron des barons, puisque nous avons fait remarquer que prince et baron étaient absolument la même chose. Le premier était le titre ancien et l'autre le titre nouveau. Par la même raison, on pouvait lui donner le nom de Seigneur des seigneurs. Sa femme était appelée Princesse des princesses. C'est ce titre que nous trouvons quelque part donné à la mère de la reine Kyr-Anne, femme de Léon II, et fille de Constantin, neveu de S. Nersès de Lambroun.

On ne sait pas quel titre en arménien portait ce dernier Constantin. La qualification qu'il prend dans une de ses chartes, perdue aujourd'hui, est celle-ci: Météor de la Couronne des Ermines. Si ce n'est pas une nouvelle charge ou une nouvelle dignité, ce doit être le même titre que le Prince des princes. Je n'ai trouvé personne, excepté Léon et Constantin, qui fût honoré du titre de Prince des princes, ou de Météor (Couronneur), ni même aucune autre femme qui fût appelée Princesse des princesses. C'était probablement le titre de la mère de la reine.

La plus importante des charges de la cour de Sissouan, était celle de Connétable, identique à celle qui conférait le même titre dans les cours latines. Le Connétable était le Généralissime de l'armée, comme je l'ai dit ailleurs. Sempad, fils aîné de Constantin, père du roi, le fut pendant cinquante ans conservant le surnom de Connétable. Ce nom qui vient du latin Comes Stabuli, et que les Grecs traduisirent par le mot Κοντασταυ ̃ λος, signifie Intendant des écuries. Effectivement le connétable commandait la cavalerie et, chez nous, on l'appelle souvent Commandant de la Cavalerie. Cette charge était fort ancienne et tenue en grand honneur dans la Grande Arménie renommée par ses chevaux et ses cavaliers.

Selon les coutumes féodales, c'était le Roi, qui marchait en tête des troupes avec le commandant de l'armée. En son absence, le Connétable le remplaçait et devenait alors le généralissime et tout dépendait de lui. Il portait la bannière du roi, surmontée d'un lion debout. Outre cette bannière, Léon portait aussi la bannière de S. Pierre, qu'il avait reçue du Pape quand il allait marcher contre les Sarrasins.

Le premier Connétable qui soit connu est Baudouin, qui mourut, en 1188, à l'assaut de Bragana. Après lui, en 1207, vient Aboulgharib, Seigneur de Goudaf. Ensuite, le bailli Constantin en 1210-1226, père du roi Héthoum et de Sempad, qui succéda à son père dans cette charge de connétable en 1226, et qu'il occupa jusqu'en 1276. Après celui-ci, Léon son fils. Après ce dernier, la charge de connétable passa dans une autre famille 3.

Sous les ordres du Connétable et immédiatement après lui dans la milice, venait le Maréchal: Marescalcus des Latins, au moyen-âge. La signification de ce nom ne s'éloigne pas beaucoup de celui d'Intendant des écuries. Il partageait avec le Connétable le commandement et la gestion de l'armée et portait la grande bannière ou le grand emblème de la guerre. Si le roi se mettait à la tête de l'armée, c'était le Connétable qui portait la bannière royale et le Maréchal portait celle du Connétable, comme nous l'avons fait voir dans l'ordre du Sacre du Roi.

Le premier Maréchal arménien dont il soit fait mention est un certain Vassil, Seigneur de Vaner, qui est cité comme ayant assisté à la cérémonie du couronnement de Léon. Je ne puis dire à quelle maison il appartenait. Le dernier maréchal connu fut douin, père du roi Constantin II.

Après ces deux grands Chefs d'armée, la milice comptait un troisième commandant que nous appelons, en arménien ou en persan Espassalar. Ce dernier signifie aussi Commandant de la Cavalerie. Ses fonctions sont décrites au chapitre du Sacre du Roi 4. L'histoire cite Léon Aboulhassanien, espassalar du roi Héthoum en 1260. Chez la plupart des Occidentaux, le Maréchal était au-dessus du Connétable dans le commandement de l'armée 5.

Mais, au-dessus du Maréchal, en tant que dignité, venait le Sénéchal, Siniscalcus. C'était le ministre de la Maison royale. Sous Léon-le-Magnifique, Sire Adan fut Sénéchal, puis il fut nommé Bailli de Zabel, fille et héritière du Roi. L'histoire ne nous fait connaître que très peu de sénéchaux. Pendant toute la durée du règne de Héthoum, il n'est pas fait mention d'un seul Sénéchal. Peut-être fut-ce son frère Lycos qui en remplissait les fonctions, car l'histoire ne nous dit pas quelle charge avait ce dernier 6.

De même que le Maréchal était sous les ordres du Connétable, au quatrième rang parmi les hauts dignitaires était le Chambellan, placé sous les ordres du Sénéchal. Son nom indique que le Chambellan était le grand-maître de la garde-robe. Ses fonctions étaient celles qu'au temps des Arsacides, remplissait le chef des valets-de-Chambre ou Προτοβεστιάριος, Protovestiarius des Byzantins. Il était chargé de la garde des insignes et des habits royaux; il devait aussi organiser les fêtes et était en même temps trésorier. Peut-être était-il aussi intendant et inspecteur des principales forteresses du pays comme l'étaient les sénéchaux dans les Etats des Occidentaux en Orient. On cite peu de personnages ayant occupé cette charge. Le premier dont il soit parlé est un étranger, Olivier, pendant la royauté de Léon 7.

Après ces quatre hauts fonctionnaires, venait en première ligne le Chancelier, Cancellarius, c'est-à-dire, le Secrétaire royal. C'était presque toujours un ecclésiastique. Les ecclésiastiques étaient alors réputés les plus lettrés et les meilleurs traducteurs des différentes langues. Le premier des Chanceliers fut Jean, Archevêque de Sis et plus tard Catholicos. Comme celui-ci était en même temps le chef spirituel de la Capitale, il devait avoir une grande prépondérance sur les autres dignitaires purement honorifiques. Le Chancelier devait rédiger et contresigner les décrets royaux. Il gardait aussi le sceau du Roi. De plus, il avait le droit de juger dans certaines circonstances particulières et pressantes 8.

Il est évident que le Chancelier devait avoir sous ses ordres d'autres secrétaires royaux. Il en est même fait mention de temps en temps dans l'histoire 9. Il avait aussi des drogmans, des interprètes pour différentes langues, par exemple pour le latin, le grec, le français et l'arabe. Sous Léon, le premier drogman fut un certain Bavon ou Bovon qui acccompagna Héthoum-Elie, lorsque celui-ci fut envoyé près de l'Empereur d'Allemagne et près du souverain Pontife Romain, en 1211.

On a lu, dans l'ordre du Sacre du Roi, qu'il y avait aussi, parmi les ministres du Palais, le Bouteillier, Butellarius, Buticularius. C'était l' intendant des caves et de la table du Roi. Ses fonctions se bornaient à préparer les aliments journaliers du Roi. Cette charge de Bouteillier était du reste fort importante et sérieuse.

Dans ce même ordre du Sacre, on a encore vu cité: le Avak Tchavouche ou Grand-Courrier. Son titre fait comprendre qu'il avait le commandement des courriers de la Cour. L'étymologie de ce nom nous indique que cette charge fut introduite par les Turcs en Arménie. Elle avait aussi trouvé accès à la Cour de Byzance elle portait le nom de ' Ο μέγας Τζαούσιος; ici ce grand courrier qui commandait tous les serviteurs du palais, armés de bâtons ferrés et de haches, portait à la ceinture du côté gauche un poignard. Il était lui-même sous les ordres du Primicerius.

Le Proximos, dont parle Nersès de Lambroun, n'avait pas absolument les mêmes fonctions que celui de la cour de 1' Empereur byzantin. Chez nous il était le ministre des finances. A l'époque de Léon, en 1214, il est cité un proximus, dont le nom est illisible dans le document. Après Léon, à l'heure la grande ville maritime d'Aïas était dans toute sa prospérité, les Proximos sont plus fréquemment cités 10.

Le Proximos avait sous ses ordres le Chef de la Douane d'Aïas et d'autres officiers inférieurs. L'un de ces derniers était le Secrétaire de la Douane, appelé dans un décret en latin, daté de 1310, Protonotarius Duanœ Secretorum 11.

On donnait le nom de Chef, Kelkhavor en arménien, à l'intendant des forteresses situées sur les côtes de la mer et des ports. On l'appelait en arabe: Minaban, Capitaneus en latin 12.

Le président du tribunal ou le plus haut Juge royal était appelé le Capitaneus Curiœ Regis. Les autres fonctionnaires subalternes du Tribunal ne nous sont pas connus. Les tribunaux, principalement la Haute-Cour, étaient appelés chez nous Tarbasse. Dans les Assises ( Chap. XV ), le président du Tarbasse est appelé Duc; le secrétaire, Divan-Baschi, d'un mot turc: et ses subordonnés, Divandji, c'est-à-dire, employé au Divan, aux cours et aux archives. Il y avait des Jurés (Yertvadze martig) en arménien, et des Notaires, Notarni.

Les Chevaliers, (Tziavork), étaient réputés la classe la plus haute sous la dynastie des rois de Sissouan: ils participaient aux honneurs civils et militaires en même temps qu'ecclésiastiques. Ils étaient instruits sur les lois féodales. Comme chez les Occidentaux, ils avaient chez nous une haute importance. Ils étaient considérés comme indispensables pour le maintien et l' exécution des lois du pays et pour la prospérité de l'Etat. Chaque prince et baron devait être chevalier et en recevoir le brevet à l'âge prescrit, solennellement et des mains de son Suzerain, dont il devenait le Chevalier-lige.

Nos premiers souverains de Sissouan, recevaient du prince d'Antioche le titre de Chevalier, après être restés quelque temps auprès de lui pour s'instruire. Lorsque Léon fit prisonnier le prince Bohémond, il s'affranchit de l'obligation de vasselage, se fit roi et passa dès lors à ses successeurs le droit de donner à leur fils et aux autres princes vassaux le brevet de chevalerie. L'histoire rapporte que Héthoum donna le brevet de chevalier à des étrangers aussi, à des princes latins et à des Antiochiens qui n'étaient nullement ses vassaux.

Les Assises exigeaient qu'on fût dans sa quinzième année pour qu'on eût l'âge convenable d'être créé chevalier. Ailleurs on dit que c'était à quatorze ans. Toutefois, notre histoire nous cite des princes de sang et des nobles, faits chevaliers, avant ou après l'âge prescrit. Par exemple, Héthoum I fit, en 1259, délivrer le brevet de chevalier à son fils Thoros qui avait alors plus de quinze ans. Son successeur et fils aîné, Léon II, fit chevalier ses deux fils Héthoum II et Thoros, le même jour, en 1284, à la fête de l'Epiphanie; le premier avait dix-huit ans, tandis que le second en avait à peine quatorze. Avec eux, « reçurent le même brevet d'autres fils des princes et des ministres de la Maison royale ». Le Docteur Jean Erzengatzi, qui assistait à cette cérémonie, prononça un long discours ayant pour titre les paroles de l'Apôtre: « Tous ceux qui sont soumis à l'autorité, etc. »

Après les solennités du Sacre du Roi et les célébrations triomphales d'une victoire, la plus grande fête civile était celle de la Chevalerie. Les nobles attendaient le jour les fils du Roi seraient créés chevaliers, pour faire en même temps nommer leurs fils chevaliers. Nous pouvons nous imaginer aisément ce que devait être cette cérémonie, mais nous préférerions en avoir la description ou les formules par écrit, ne fut-ce que par une traduction en arménien. Nous n'avons pas eu le bonheur de trouver aucun document à ce sujet.

Il serait plus intéressant de savoir de quel nom étaient appelés nos chevaliers arméniens. Appartenaient-ils à l'un des trois ordres de chevalerie: Hospitaliers, Templiers ou Teutons; ou bien formaient-ils un ordre à part, ce qui paraît probable ? Léon même, semble-t-il, dut créer un ordre de chevalerie, car c'est de son vivant que fut traduit en arménien l'ordre du Sacre royal, comme nous l'avons dit, avec d'autres statuts de l'Église romaine et le Code de Justice. Nous possédons un Rituel dont la traduction a été faite pendant le XIV siècle, qui ne fait mention d'aucun ordre de chevalerie, d'aucune cérémonie de la bénédiction du chevalier. Il ne parle que des armes, des armures et des emblèmes des Croisés 13.

Les auteurs les plus anciens qui ont parlé des chevaliers ne mentionnent aucun ordre de chevalerie arménienne. Pourtant, quelques écrivains des XVII et XVIII siècles, j'ignore à quelles sources ils l'ont puisé prétendent qu'il existait un ordre de chevaliers arméniens créé à la même époque que l'ordre des Templiers. Ce qui me donne une raison légitime d'en douter, c'est que ces derniers s'établirent à Jérusalem en 1118, au temps même de notre baron Thoros I, petit-fils de Roupin-le-Grand. Je croirais plutôt que la création d'un ordre de chevalerie arménienne date de l'époque de nos rois et je serais heureux de pouvoir affirmer que cet ordre fut créé pendant le règne de notre Léon. Il y avait, prétend-on, deux classes de Chevaliers arméniens; l'une, ecclésiastique, c'est-à-dire recrutée dans le clergé, et l'autre civile. Toutes les deux avaient pour but de protéger la sainte foi par les paroles et par les armes; et suivaient la règle de S. Basile. Leur saint patron était S. Blaise. Ce saint n'est peut-être que S. Basile: toujours est-il qu'ils étaient appelés Chevaliers de S. Blaise. Ceci ne me paraît guère probable; car bien qu'il existait un ordre de S. Blaise en Syrie et particulièrement à Ptolémaïs, mais on ne dit pas que ses chevaliers étaient des Arméniens.

L'emblème de ces chevaliers étaient une croix rouge au milieu de laquelle était l'image de S. Blaise. Leur habit était de laine blanche. Un historien 14 des Chevaliers-croisés nous donne le dessin sont représentés les chevaliers des deux classes de cet ordre dit arménien; il dit qu'il l'a cherché bien longtemps et qu'il l'a reproduit scrupuleusement. Un autre historien nous dit que leur habit était bleu et que la croix « servait de brisure au lion d'Arménie » 15. Les deux dessins qu'il nous montre semblent être reproduits d'après des manuscrits français ou latins. Dans nos codes arméniens, nous n'avons jamais vu des chevaliers portant ce costume. Qu'ils l'aient porté ou un autre, il n'importe, mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il existait, des Chevaliers arméniens, qui ont été souvent comparés avec nos anciens braves cavaliers Haïcaniens, Mamiconiens, Pakratides.

Notre Léon-le-Magnifique est appelé Cavalier expérimenté, et son neveu qu'il instruisit lui-même, Roupin-Raymond, est appelé Cavalier louable. Héthoum fut le premier qui se fit représenter à cheval sur les monnaies; ses fils et leurs successeurs l'imitèrent, ainsi qu'on peut le voir sur les pièces qu'ils on fait frapper 16.

Comme dans les anciens temps, aussi bien dans l'Arménie-Majeure qu'à Sissouan, la force de la milice arménienne était dans sa cavalerie. C'est grâce à leur cavalerie que les Arméniens vainquirent les Égyptiens. Je voudrais que nos Chevaliers arméniens ne le céd â ssent en rien aux trois ordres des Chevaliers français et des Allemands. Ils étaient, bien entendu, largement rémunérés par la Cour, mais, par malheur, il ne nous est parvenu aucun document authentique relatif aux lois et r é glements de notre milice 17. Ainsi que notre véritable patrie, la Grande Arménie abondait en magnifiques chevaux de race pure, les frontières de la Cilicie et de la Cappadoce en produisaient également 18.

Indépendamment des détenteurs de hautes charges de l'Etat, des ministres, des juges et des préfets, il y avait évidemment à la Cour d'autres classes de fonctionnaires, mais je ne connais ni les noms par lesquels on les désignait, ni les fonctions qu'ils avaient à remplir. Néanmoins, je pense que Léon, avec ses idées de magnificence, d'après ce qu'il avait vu à la Cour de Byzance, il avait vécu quelque temps, à la Cour des Occidentaux, de Jérusalem et de Chypre, dut s'entourer de courtisans, d'attachés au palais et de vassaux de la Couronne.

Un des hôtes français de la Cour de Héthoum, dit pour ce dernier, qu'il avait à son palais plus de cinq cents officiers et serviteurs. Il faut supposer qu'il n'en avait pas moins au palais de la Reine, qui avait, en plus de ses ministres et de ses dames d'honneur, selon un hôte de la cour de Léon II, en 1283, plus de soixante eunuques à son service. Cet hôte de la cour dit que les princesses en avaient de même; et que les eunuques avaient été mis en cet état en punition de leurs fautes. S'il y en avait aussi sous Léon I, l'histoire ne nous dit rien.

1 C'est ainsi qu'il est appelé dans les Assises d'Antioche, d'après la traduction faite par Sempad le Connétable (XVII). «Le Baron ou son représentant, qui est le Bailli».

2 Les Baillis cités par l'histoire sont:

1214-20. Sire Adan.

1220. Constantin, Père du Roi.

1226. Ochine, fils de Constantin.

1277. Grégoire, fils d'Ochine.

1287-1304. Héthoum (l'Historien), frère de Grégoire.

1304-1307. Héthoum II.

1307. Ochine, fils de Héthoum l'Historien, tué en 1329.

1331. Vassil, appelé le Père du Roi.

1335. Le Maréchal Baudouin, mort en 1337.

Peut-être que Sire Ochine Baïlontz, mort en Égypte, pendant l'invasion de Ghazan-Khan, en 1299-1301, et qui laissa deux fils, Thoros et Vassagh, et trois filles, fut le neveu d'Ochine I.

3 Voici la liste des Connétables mentionnés dans l'histoire:

Baudouin, mort en 1188.

1207. Aboulgharib.

1210-26. Le Bailli, Constantin.

1226-76. Sempad, fils de Constantin.

1276. Léon, fils de Sempad.

1279. Ochine, frère de Léon-le-Sénéchal.

1283. Léon.

1294-1305. Héthoum, Seigneur de Coricos, l'Historien.

1307. Ochine, Seigneur de Gantchi.

1308. Constantin, fils de Héthoum l'Historien, tué en 1329.

1330-42. Juan Lusignan, père du dernier roi d'Arménie, Léon V.

1360. Héthoum.

Voici un titre du Connétable: «Serviteur de Dieu et amateur de ses serviteurs, loué par tous et prenant soin de tous N. N... fortifié par la force invincible de Notre puissant Sauveur J-C., soldat guerrier et courageux, généralissime de la Maison arménienne, pieux et Christophile Prince des princes, le Connétable N. N... ».

4 Voir Appendice A, à la fin du Volume.

5 Les Maréchaux de Sissouan furent:

1198-1214. Vassil, Seigneur de Vaner.

1215-26. Vahram de Coricos.

1226. Léon, fils du bailli Constantin, mort en 1258.

1260. Léon Aboulhassanien, Espassalar.

1277. Ochine, fils de Constantin de Lambroun, mort en 1295.

. . . Thoros, Seigneur de Simanacla.

1307-16. Sempad, Seigneur de Binag.

1329. Baudouin, Seigneur de Neghir, mort en 1337.

Les Maréchaux suivants sont ceux qui ont été honoré de ce titre purement nominal.

1387. Jean de Tabarie (en Chypre).

1397. Jean de Brie.

1440. N. N... cité comme étant en Chypre.

1459-63. Fœbus, d'une concubine de Juan, roi de Chypre.

6 Sénéchaux de Sissouan:

1210-19. Sire Adan.

1277. Ochine, fils de Sempad le Connétable, mort en 1307.

1307-16. Raymond, Seigneur de Michaëlcla.

1321-31? Héthoum.

1391. François Myre.

7 Chambellans de Sissouan.

1202. Sire Olivier.

1218. Josselin.

1288. Pierre.

1307. Thoros.

1308-25. Héthoum, Seigneur de Neghir.

1386. Jean Myre.

1395. Jean Babin.

8 Chanceliers:

1200-3. Jean, Archevêque de Sis.

1207. Vassil.

1236. Manuel.

1243. Grégoire, Abbé.

? André.

1261. Thoros, Archevêque.

1288. Héthoum.

1307. Grégoire.

1321. Constantin, Archevêque de Trazargue.

1331. Vassil.

1333. Jean Eritzantz.

1335-45. Vassil

Sous Léon II, on cite les Chanceliers français:

1271. Geoffroy l'Ecrivain.

1274. Guillaume-le-Velu.

9 Un chroniqueur cite les Secrétaires ci-dessous l'un après l'autre:

Grégoire, Scribe.

Vassil, Scribe.

Héthoum, Abbé.

Constantin Charahussantz.

Sarkis, Abbé, neveu d'Etienne de Vahga.

10 Les Proximos, après celui dont le nom est illisible sont rappelés après un long temps; en voici les noms:

1288. Ochine.

1307. Thoros, Seigneur de Joffré-cla.

1314. Ochine Ehannentz (des Jean).

1321. Le Baron Pierre.

11 Voici les Chefs cités de la Douane d'Aïas:

1288. Le Baron Pagouran.

1321. Le Baron Cosdantz.

En 1310, il y eut un secrétaire du nom de Barthelemy.

12 Les Capitaines d'Aïas étaient:

1304. Sire Licos et Galafan.

1310. Manuel de Bullon, cousin de Héthoum II

1314. Sire Thoros Michaëlentz (de Michel).

13 Comme spécimen, nous donnerons ici un passage de ce livre; c'est une bénédiction des Armes et des Armures: «Que le signe et la bénédiction du Dieu Tout-Puissant, Père + et Fils et S. Esprit + soient sur les armes de N. N... et ces armures de N. N... et sur celui qui s'en servira! Qu'il s'en serve en toute justice et que Vous, Notre-Seigneur, vous y veilliez et les guidiez, afin qu'elles protègent celui qui va les porter! Que les dangers et la crainte soient éloignés de lui, qu'il combatte en brave et en vaillant et que, guidé par votre main providentielle, il ne bronche pas. Vous, qui êtes le Dieu vivant et qui régnez en toute l'éternité».

14 Schoonebeck.

15 Favin, Théâtre d'honneur.

16 Nous avons dit ailleurs (Sissouan p. 37) que ce Héthoum I, avait fait traduire de l'arabe l'Art de Maréchal-ferrant. Je ne saurais dire si c'est de ce livre qu'était extrait le Traité du vétérinaire que nous possédons. Il est écrit sur parchemin et, à en juger par l'écriture, il a l'être pendant le XIII siècle. La langue en est pleine de mots français comme celle de Sempad dans sa traduction des Assises. Voici, par exemple, le premier chapitre qui traite du Boitement: «L'animal boite de deux manières, l'une cachée et l'autre apparente. Voici les signes qui le feront reconnaître. L'animal qui boite d'un seul pied, se trahit par le mouvement de la tête et par le galopement (galopézounel), et, lorsqu'on le fait arrêter et qu'il se refroidit, on n'a qu'à le bâtonner aux cuisses et aux genoux, aux chevilles et aux sabots et sous le pied et l'on verra tout de suite quel endroit le fait boiter. Si ce n'est pas aux sabots, lorsqu'on le fera gravir au haut d'une pente ou qu'on lui fera mettre le pied sur le premier gradin d'un escalier, il s'appuiera tout de suite sur les cuisses. Si on l'abat à terre, on se convaincra bien vite de son boitement. Si l'on promène le cheval de droite à gauche et de gauche à droite et qu'il soit boiteux par une maladie de poitrine ou des articulations, on le saura aussitôt».

17 Aboul-Fède, l'historien arabe, dit, dans ses Annales de l'an 1113, que les Arméniens avaient l'habitude de payer le traitement du Cavalier douze pièces d'or le mois, tandis que le fantassin n'en recevait que trois. C'est ainsi que faisait la princesse, épouse du grand prince Vassil-le-Voleur, après la mort de son mari.

18 Avant que les chevaux arabes eussent acquis leur renommée par leur rapidité et qu'ils fussent cités dans les poèmes, c'était aux chevaux arméniens qu'on donnait la préférence, d'après les auteurs classiques. Ces auteurs disent que les guerriers arméniens étaient fameux pour leur adresse à tirer l'arc et à monter à cheval. Quant au maniement de l'arc on attribue à Haïgh lui-même l'invention de cette arme. Ses compatriotes pourraient lui attribuer également d'avoir trouvé l'art de monter à cheval. Il est dit par les historiens de notre nation, que la plus grande passion des Arméniens était celle de monter à cheval, au point d'en devenir un vice contre lequel les prudents prélats du pays durent s'élever, surtout lorsque c'étaient des ecclésiastiques de haut rang qui avaient cette passion. S. Nersès Chenorhali (le Gracieux) ordonnait à ses évêques: «Dans vos courses, ne faites point usage de magnifiques chevaux ni de beaux mulets richement équipés... Ne lancez pas vos chevaux dans des courses brillantes, comme j'entends dire que plusieurs le font». Pourtant ce doux patriarche, qui semblait planer avec des ailes de colombe, n'ignorait pas l'attrait de l'art du tir à l'arc et celui de l'équitation: voulant une fois offrir à l'empereur Manuel un présent digne de sa majesté, lui envoya trois arcs et trois chevaux. Il va sans dire que ces chevaux étaient de race pure et les arcs des plus beaux. Il accompagna cet envoi d'une gracieuse lettre, écrite de sa main propre.