Parmi
les
titres
de
la
noblesse,
cités
par
le
Lambrounien
(Nersès),
le
plus
connu
est
celui
de
Baron.
Ce
sont
les
Occidentaux
qui
l'introduisirent
en
Orient.
Nous
trouvons
également,
mais
moins
souvent,
le
Sire,
inférieur
au
Baron.
Je
ne
saurais
dire
quel
nom
on
donnait
au
personnage
du
rang
au-dessous:
notre
histoire
ne
nous
donne
que
ces
deux
noms.
Le
premier
des
ministres
et
des
barons
de
la
Cour
de
Sissouan
était,
ainsi
que
l'exigeait
l'étiquette,
le
Bailli,
bailo
ou
ba
yulus.
Il
tenait
les
rênes
du
gouvernement
pendant
la
vacance
au
trône
ou
la
minorité
du
roi.
Il
prenait
aussi
le
nom
de
Père
du
Roi.
C'était
lui
le
régent
et
gouverneur
général
du
pays;
il
remplaçait
le
roi
en
même
temps
qu'il
était
son
précepteur.
Aussi
nous
le
voyons
quelquefois
conserver
son
autorité
de
bailli
après
la
majorité
du
roi.
Léon
nous
le
confirme
dans
son
décret
aux
Hospitaliers,
daté
de
1214,
et
il
ne
parle
pas
alors
d'un
seul
bailli,
mais
de
plusieurs,
puisqu'il
dit:
«
meorum
Bajulorum
».
A
l'heure
de
sa
mort,
Léon
nomma
premier
bailli
de
son
héritière,
la
jeune
princesse
Zabel,
le
Sire
Adan,
le
plus
haut
des
Barons,
et
pour
second
bailli,
il
désigna
le
Connétable
Constantin,
fils
de
son
oncle
maternel,
qui
passa
premier
bailli
après
la
mort
prématurée
d'Adan.
Ce
Constantin
accapara
plus
qu'aucun
autre
le
titre
de
bailli,
car
il
ne
le
fut
pas
seulement
de
Zabel,
il
le
fut
encore
de
son
propre
fils
Héthoum,
à
qui
il
fit
épouser
Zabel.
Il
continua
même
d'être
bailli
après
la
majorité
de
ceux-ci.
Constantin,
après
avoir
mis
son
fils
Héthoum
sur
le
trône,
partagea
son
autorité
entre
ses
enfants.
Il
nomma
bailli
son
quatrième
fils
Ochine,
non
pas
comme
précepteur
de
son
frère
mais
comme
intendant,
comme
ministre
du
pays.
Pour
lui-même,
il
ne
conserva
que
le
titre
de
Père
du
Roi
et
celui
de
Grand-Baron.
Bien
que
les
charges
ne
fussent
point
héréditaires,
nous
voyons
cependant
celle
du
bailli
rester,
pendant
près
d'un
siècle,
dans
la
famille
d'Ochine,
non
à
titre
de
précepteur
du
Roi,
mais
à
titre
de
régent
du
pays,
puisqu'il
y
avait
d'autres
baillis
pendant
le
même
temps.
Par
exemple,
les
baillis
de
Léon
IV,
le
Chambellan
Héthoum
et
le
Sénéchal
Héthoum,
qui
souscrivèrent
à
un
décret
du
Roi
et
l'envoyèrent
au
Proximus
Pierre.
Le
second
baron,
par
sa
dignité
et
non
par
l'étendue
de
ses
pouvoirs,
était
le
Prince
des
princes
ou
le
Prince
du
royaume.
C'est
ce
titre
que
Constantin
donna
à
son
troisième
fils,
Léon.
Il
pouvait
bien
être
appelé
également
Baron
des
barons,
puisque
nous
avons
fait
remarquer
que
prince
et
baron
étaient
absolument
la
même
chose.
Le
premier
était
le
titre
ancien
et
l'autre
le
titre
nouveau.
Par
la
même
raison,
on
pouvait
lui
donner
le
nom
de
Seigneur
des
seigneurs.
Sa
femme
était
appelée
Princesse
des
princesses.
C'est
ce
titre
que
nous
trouvons
quelque
part
donné
à
la
mère
de
la
reine
Kyr-Anne,
femme
de
Léon
II,
et
fille
de
Constantin,
neveu
de
S.
Nersès
de
Lambroun.
On
ne
sait
pas
quel
titre
en
arménien
portait
ce
dernier
Constantin.
La
qualification
qu'il
prend
dans
une
de
ses
chartes,
perdue
aujourd'hui,
est
celle-ci:
Météor
de
la
Couronne
des
Ermines.
Si
ce
n'est
pas
une
nouvelle
charge
ou
une
nouvelle
dignité,
ce
doit
être
le
même
titre
que
le
Prince
des
princes.
Je
n'ai
trouvé
personne,
excepté
Léon
et
Constantin,
qui
fût
honoré
du
titre
de
Prince
des
princes,
ou
de
Météor
(Couronneur),
ni
même
aucune
autre
femme
qui
fût
appelée
Princesse
des
princesses.
C'était
probablement
le
titre
de
la
mère
de
la
reine.
La
plus
importante
des
charges
de
la
cour
de
Sissouan,
était
celle
de
Connétable,
identique
à
celle
qui
conférait
le
même
titre
dans
les
cours
latines.
Le
Connétable
était
le
Généralissime
de
l'armée,
comme
je
l'ai
dit
ailleurs.
Sempad,
fils
aîné
de
Constantin,
père
du
roi,
le
fut
pendant
cinquante
ans
conservant
le
surnom
de
Connétable.
Ce
nom
qui
vient
du
latin
Comes
Stabuli,
et
que
les
Grecs
traduisirent
par
le
mot
Κοντασταυ
̃
λος,
signifie
Intendant
des
écuries.
Effectivement
le
connétable
commandait
la
cavalerie
et,
chez
nous,
on
l'appelle
souvent
Commandant
de
la
Cavalerie.
Cette
charge
était
fort
ancienne
et
tenue
en
grand
honneur
dans
la
Grande
Arménie
renommée
par
ses
chevaux
et
ses
cavaliers.
Selon
les
coutumes
féodales,
c'était
le
Roi,
qui
marchait
en
tête
des
troupes
avec
le
commandant
de
l'armée.
En
son
absence,
le
Connétable
le
remplaçait
et
devenait
alors
le
généralissime
et
tout
dépendait
de
lui.
Il
portait
la
bannière
du
roi,
surmontée
d'un
lion
debout.
Outre
cette
bannière,
Léon
portait
aussi
la
bannière
de
S.
Pierre,
qu'il
avait
reçue
du
Pape
quand
il
allait
marcher
contre
les
Sarrasins.
Le
premier
Connétable
qui
soit
connu
est
Baudouin,
qui
mourut,
en
1188,
à
l'assaut
de
Bragana.
Après
lui,
en
1207,
vient
Aboulgharib,
Seigneur
de
Goudaf.
Ensuite,
le
bailli
Constantin
en
1210-1226,
père
du
roi
Héthoum
et
de
Sempad,
qui
succéda
à
son
père
dans
cette
charge
de
connétable
en
1226,
et
qu'il
occupa
jusqu'en
1276.
Après
celui-ci,
Léon
son
fils.
Après
ce
dernier,
la
charge
de
connétable
passa
dans
une
autre
famille.
Sous
les
ordres
du
Connétable
et
immédiatement
après
lui
dans
la
milice,
venait
le
Maréchal:
Marescalcus
des
Latins,
au
moyen-âge.
La
signification
de
ce
nom
ne
s'éloigne
pas
beaucoup
de
celui
d'Intendant
des
écuries.
Il
partageait
avec
le
Connétable
le
commandement
et
la
gestion
de
l'armée
et
portait
la
grande
bannière
ou
le
grand
emblème
de
la
guerre.
Si
le
roi
se
mettait
à
la
tête
de
l'armée,
c'était
le
Connétable
qui
portait
la
bannière
royale
et
le
Maréchal
portait
celle
du
Connétable,
comme
nous
l'avons
fait
voir
dans
l'ordre
du
Sacre
du
Roi.
Le
premier
Maréchal
arménien
dont
il
soit
fait
mention
est
un
certain
Vassil,
Seigneur
de
Vaner,
qui
est
cité
comme
ayant
assisté
à
la
cérémonie
du
couronnement
de
Léon.
Je
ne
puis
dire
à
quelle
maison
il
appartenait.
Le
dernier
maréchal
connu
fut
douin,
père
du
roi
Constantin
II.
Après
ces
deux
grands
Chefs
d'armée,
la
milice
comptait
un
troisième
commandant
que
nous
appelons,
en
arménien
ou
en
persan
Espassalar.
Ce
dernier
signifie
aussi
Commandant
de
la
Cavalerie.
Ses
fonctions
sont
décrites
au
chapitre
du
Sacre
du
Roi.
L'histoire
cite
Léon
Aboulhassanien,
espassalar
du
roi
Héthoum
en
1260.
Chez
la
plupart
des
Occidentaux,
le
Maréchal
était
au-dessus
du
Connétable
dans
le
commandement
de
l'armée.
Mais,
au-dessus
du
Maréchal,
en
tant
que
dignité,
venait
le
Sénéchal,
Siniscalcus.
C'était
le
ministre
de
la
Maison
royale.
Sous
Léon-le-Magnifique,
Sire
Adan
fut
Sénéchal,
puis
il
fut
nommé
Bailli
de
Zabel,
fille
et
héritière
du
Roi.
L'histoire
ne
nous
fait
connaître
que
très
peu
de
sénéchaux.
Pendant
toute
la
durée
du
règne
de
Héthoum,
il
n'est
pas
fait
mention
d'un
seul
Sénéchal.
Peut-être
fut-ce
son
frère
Lycos
qui
en
remplissait
les
fonctions,
car
l'histoire
ne
nous
dit
pas
quelle
charge
avait
ce
dernier.
De
même
que
le
Maréchal
était
sous
les
ordres
du
Connétable,
au
quatrième
rang
parmi
les
hauts
dignitaires
était
le
Chambellan,
placé
sous
les
ordres
du
Sénéchal.
Son
nom
indique
que
le
Chambellan
était
le
grand-maître
de
la
garde-robe.
Ses
fonctions
étaient
celles
qu'au
temps
des
Arsacides,
remplissait
le
chef
des
valets-de-Chambre
ou
Προτοβεστιάριος,
Protovestiarius
des
Byzantins.
Il
était
chargé
de
la
garde
des
insignes
et
des
habits
royaux;
il
devait
aussi
organiser
les
fêtes
et
était
en
même
temps
trésorier.
Peut-être
était-il
aussi
intendant
et
inspecteur
des
principales
forteresses
du
pays
comme
l'étaient
les
sénéchaux
dans
les
Etats
des
Occidentaux
en
Orient.
On
cite
peu
de
personnages
ayant
occupé
cette
charge.
Le
premier
dont
il
soit
parlé
est
un
étranger,
Olivier,
pendant
la
royauté
de
Léon.
Après
ces
quatre
hauts
fonctionnaires,
venait
en
première
ligne
le
Chancelier,
Cancellarius,
c'est-à-dire,
le
Secrétaire
royal.
C'était
presque
toujours
un
ecclésiastique.
Les
ecclésiastiques
étaient
alors
réputés
les
plus
lettrés
et
les
meilleurs
traducteurs
des
différentes
langues.
Le
premier
des
Chanceliers
fut
Jean,
Archevêque
de
Sis
et
plus
tard
Catholicos.
Comme
celui-ci
était
en
même
temps
le
chef
spirituel
de
la
Capitale,
il
devait
avoir
une
grande
prépondérance
sur
les
autres
dignitaires
purement
honorifiques.
Le
Chancelier
devait
rédiger
et
contresigner
les
décrets
royaux.
Il
gardait
aussi
le
sceau
du
Roi.
De
plus,
il
avait
le
droit
de
juger
dans
certaines
circonstances
particulières
et
pressantes.
Il
est
évident
que
le
Chancelier
devait
avoir
sous
ses
ordres
d'autres
secrétaires
royaux.
Il
en
est
même
fait
mention
de
temps
en
temps
dans
l'histoire.
Il
avait
aussi
des
drogmans,
des
interprètes
pour
différentes
langues,
par
exemple
pour
le
latin,
le
grec,
le
français
et
l'arabe.
Sous
Léon,
le
premier
drogman
fut
un
certain
Bavon
ou
Bovon
qui
acccompagna
Héthoum-Elie,
lorsque
celui-ci
fut
envoyé
près
de
l'Empereur
d'Allemagne
et
près
du
souverain
Pontife
Romain,
en
1211.
On
a
lu,
dans
l'ordre
du
Sacre
du
Roi,
qu'il
y
avait
aussi,
parmi
les
ministres
du
Palais,
le
Bouteillier,
Butellarius,
Buticularius.
C'était
l'
intendant
des
caves
et
de
la
table
du
Roi.
Ses
fonctions
se
bornaient
à
préparer
les
aliments
journaliers
du
Roi.
Cette
charge
de
Bouteillier
était
du
reste
fort
importante
et
sérieuse.
Dans
ce
même
ordre
du
Sacre,
on
a
encore
vu
cité:
le
Avak
Tchavouche
ou
Grand-Courrier.
Son
titre
fait
comprendre
qu'il
avait
le
commandement
des
courriers
de
la
Cour.
L'étymologie
de
ce
nom
nous
indique
que
cette
charge
fut
introduite
par
les
Turcs
en
Arménie.
Elle
avait
aussi
trouvé
accès
à
la
Cour
de
Byzance
où
elle
portait
le
nom
de
'
Ο
μέγας
Τζαούσιος;
ici
ce
grand
courrier
qui
commandait
tous
les
serviteurs
du
palais,
armés
de
bâtons
ferrés
et
de
haches,
portait
à
la
ceinture
du
côté
gauche
un
poignard.
Il
était
lui-même
sous
les
ordres
du
Primicerius.
Le
Proximos,
dont
parle
Nersès
de
Lambroun,
n'avait
pas
absolument
les
mêmes
fonctions
que
celui
de
la
cour
de
1'
Empereur
byzantin.
Chez
nous
il
était
le
ministre
des
finances.
A
l'époque
de
Léon,
en
1214,
il
est
cité
un
proximus,
dont
le
nom
est
illisible
dans
le
document.
Après
Léon,
à
l'heure
où
la
grande
ville
maritime
d'Aïas
était
dans
toute
sa
prospérité,
les
Proximos
sont
plus
fréquemment
cités.
Le
Proximos
avait
sous
ses
ordres
le
Chef
de
la
Douane
d'Aïas
et
d'autres
officiers
inférieurs.
L'un
de
ces
derniers
était
le
Secrétaire
de
la
Douane,
appelé
dans
un
décret
en
latin,
daté
de
1310,
Protonotarius
Duanœ
Secretorum.
On
donnait
le
nom
de
Chef,
Kelkhavor
en
arménien,
à
l'intendant
des
forteresses
situées
sur
les
côtes
de
la
mer
et
des
ports.
On
l'appelait
en
arabe:
Minaban,
Capitaneus
en
latin.
Le
président
du
tribunal
ou
le
plus
haut
Juge
royal
était
appelé
le
Capitaneus
Curiœ
Regis.
Les
autres
fonctionnaires
subalternes
du
Tribunal
ne
nous
sont
pas
connus.
Les
tribunaux,
principalement
la
Haute-Cour,
étaient
appelés
chez
nous
Tarbasse.
Dans
les
Assises
(
Chap.
XV
),
le
président
du
Tarbasse
est
appelé
Duc;
le
secrétaire,
Divan-Baschi,
d'un
mot
turc:
et
ses
subordonnés,
Divandji,
c'est-à-dire,
employé
au
Divan,
aux
cours
et
aux
archives.
Il
y
avait
des
Jurés
(Yertvadze
martig)
en
arménien,
et
des
Notaires,
Notarni.
Les
Chevaliers,
(Tziavork),
étaient
réputés
la
classe
la
plus
haute
sous
la
dynastie
des
rois
de
Sissouan:
ils
participaient
aux
honneurs
civils
et
militaires
en
même
temps
qu'ecclésiastiques.
Ils
étaient
instruits
sur
les
lois
féodales.
Comme
chez
les
Occidentaux,
ils
avaient
chez
nous
une
haute
importance.
Ils
étaient
considérés
comme
indispensables
pour
le
maintien
et
l'
exécution
des
lois
du
pays
et
pour
la
prospérité
de
l'Etat.
Chaque
prince
et
baron
devait
être
chevalier
et
en
recevoir
le
brevet
à
l'âge
prescrit,
solennellement
et
des
mains
de
son
Suzerain,
dont
il
devenait
le
Chevalier-lige.
Nos
premiers
souverains
de
Sissouan,
recevaient
du
prince
d'Antioche
le
titre
de
Chevalier,
après
être
restés
quelque
temps
auprès
de
lui
pour
s'instruire.
Lorsque
Léon
fit
prisonnier
le
prince
Bohémond,
il
s'affranchit
de
l'obligation
de
vasselage,
se
fit
roi
et
passa
dès
lors
à
ses
successeurs
le
droit
de
donner
à
leur
fils
et
aux
autres
princes
vassaux
le
brevet
de
chevalerie.
L'histoire
rapporte
que
Héthoum
donna
le
brevet
de
chevalier
à
des
étrangers
aussi,
à
des
princes
latins
et
à
des
Antiochiens
qui
n'étaient
nullement
ses
vassaux.
Les
Assises
exigeaient
qu'on
fût
dans
sa
quinzième
année
pour
qu'on
eût
l'âge
convenable
d'être
créé
chevalier.
Ailleurs
on
dit
que
c'était
à
quatorze
ans.
Toutefois,
notre
histoire
nous
cite
des
princes
de
sang
et
des
nobles,
faits
chevaliers,
avant
ou
après
l'âge
prescrit.
Par
exemple,
Héthoum
I
fit,
en
1259,
délivrer
le
brevet
de
chevalier
à
son
fils
Thoros
qui
avait
alors
plus
de
quinze
ans.
Son
successeur
et
fils
aîné,
Léon
II,
fit
chevalier
ses
deux
fils
Héthoum
II
et
Thoros,
le
même
jour,
en
1284,
à
la
fête
de
l'Epiphanie;
le
premier
avait
dix-huit
ans,
tandis
que
le
second
en
avait
à
peine
quatorze.
Avec
eux,
«
reçurent
le
même
brevet
d'autres
fils
des
princes
et
des
ministres
de
la
Maison
royale
».
Le
Docteur
Jean
Erzengatzi,
qui
assistait
à
cette
cérémonie,
prononça
un
long
discours
ayant
pour
titre
les
paroles
de
l'Apôtre:
«
Tous
ceux
qui
sont
soumis
à
l'autorité,
etc.
»
Après
les
solennités
du
Sacre
du
Roi
et
les
célébrations
triomphales
d'une
victoire,
la
plus
grande
fête
civile
était
celle
de
la
Chevalerie.
Les
nobles
attendaient
le
jour
où
les
fils
du
Roi
seraient
créés
chevaliers,
pour
faire
en
même
temps
nommer
leurs
fils
chevaliers.
Nous
pouvons
nous
imaginer
aisément
ce
que
devait
être
cette
cérémonie,
mais
nous
préférerions
en
avoir
la
description
ou
les
formules
par
écrit,
ne
fut-ce
que
par
une
traduction
en
arménien.
Nous
n'avons
pas
eu
le
bonheur
de
trouver
aucun
document
à
ce
sujet.
Il
serait
plus
intéressant
de
savoir
de
quel
nom
étaient
appelés
nos
chevaliers
arméniens.
Appartenaient-ils
à
l'un
des
trois
ordres
de
chevalerie:
Hospitaliers,
Templiers
ou
Teutons;
ou
bien
formaient-ils
un
ordre
à
part,
ce
qui
paraît
probable
?
Léon
même,
semble-t-il,
dut
créer
un
ordre
de
chevalerie,
car
c'est
de
son
vivant
que
fut
traduit
en
arménien
l'ordre
du
Sacre
royal,
comme
nous
l'avons
dit,
avec
d'autres
statuts
de
l'Église
romaine
et
le
Code
de
Justice.
Nous
possédons
un
Rituel
dont
la
traduction
a
été
faite
pendant
le
XIV
siècle,
qui
ne
fait
mention
d'aucun
ordre
de
chevalerie,
d'aucune
cérémonie
de
la
bénédiction
du
chevalier.
Il
ne
parle
que
des
armes,
des
armures
et
des
emblèmes
des
Croisés.
Les
auteurs
les
plus
anciens
qui
ont
parlé
des
chevaliers
ne
mentionnent
aucun
ordre
de
chevalerie
arménienne.
Pourtant,
quelques
écrivains
des
XVII
et
XVIII
siècles,
—
j'ignore
à
quelles
sources
ils
l'ont
puisé
—
prétendent
qu'il
existait
un
ordre
de
chevaliers
arméniens
créé
à
la
même
époque
que
l'ordre
des
Templiers.
Ce
qui
me
donne
une
raison
légitime
d'en
douter,
c'est
que
ces
derniers
s'établirent
à
Jérusalem
en
1118,
au
temps
même
de
notre
baron
Thoros
I,
petit-fils
de
Roupin-le-Grand.
Je
croirais
plutôt
que
la
création
d'un
ordre
de
chevalerie
arménienne
date
de
l'époque
de
nos
rois
et
je
serais
heureux
de
pouvoir
affirmer
que
cet
ordre
fut
créé
pendant
le
règne
de
notre
Léon.
Il
y
avait,
prétend-on,
deux
classes
de
Chevaliers
arméniens;
l'une,
ecclésiastique,
c'est-à-dire
recrutée
dans
le
clergé,
et
l'autre
civile.
Toutes
les
deux
avaient
pour
but
de
protéger
la
sainte
foi
par
les
paroles
et
par
les
armes;
et
suivaient
la
règle
de
S.
Basile.
Leur
saint
patron
était
S.
Blaise.
Ce
saint
n'est
peut-être
que
S.
Basile:
toujours
est-il
qu'ils
étaient
appelés
Chevaliers
de
S.
Blaise.
Ceci
ne
me
paraît
guère
probable;
car
bien
qu'il
existait
un
ordre
de
S.
Blaise
en
Syrie
et
particulièrement
à
Ptolémaïs,
mais
on
ne
dit
pas
que
ses
chevaliers
étaient
des
Arméniens.
L'emblème
de
ces
chevaliers
étaient
une
croix
rouge
au
milieu
de
laquelle
était
l'image
de
S.
Blaise.
Leur
habit
était
de
laine
blanche.
Un
historien
des
Chevaliers-croisés
nous
donne
le
dessin
où
sont
représentés
les
chevaliers
des
deux
classes
de
cet
ordre
dit
arménien;
il
dit
qu'il
l'a
cherché
bien
longtemps
et
qu'il
l'a
reproduit
scrupuleusement.
Un
autre
historien
nous
dit
que
leur
habit
était
bleu
et
que
la
croix
«
servait
de
brisure
au
lion
d'Arménie
».
Les
deux
dessins
qu'il
nous
montre
semblent
être
reproduits
d'après
des
manuscrits
français
ou
latins.
Dans
nos
codes
arméniens,
nous
n'avons
jamais
vu
des
chevaliers
portant
ce
costume.
Qu'ils
l'aient
porté
ou
un
autre,
il
n'importe,
mais
ce
qu'il
y
a
de
certain,
c'est
qu'il
existait,
des
Chevaliers
arméniens,
qui
ont
été
souvent
comparés
avec
nos
anciens
braves
cavaliers
Haïcaniens,
Mamiconiens,
Pakratides.
Notre
Léon-le-Magnifique
est
appelé
Cavalier
expérimenté,
et
son
neveu
qu'il
instruisit
lui-même,
Roupin-Raymond,
est
appelé
Cavalier
louable.
Héthoum
fut
le
premier
qui
se
fit
représenter
à
cheval
sur
les
monnaies;
ses
fils
et
leurs
successeurs
l'imitèrent,
ainsi
qu'on
peut
le
voir
sur
les
pièces
qu'ils
on
fait
frapper.
Comme
dans
les
anciens
temps,
aussi
bien
dans
l'Arménie-Majeure
qu'à
Sissouan,
la
force
de
la
milice
arménienne
était
dans
sa
cavalerie.
C'est
grâce
à
leur
cavalerie
que
les
Arméniens
vainquirent
les
Égyptiens.
Je
voudrais
que
nos
Chevaliers
arméniens
ne
le
céd
â
ssent
en
rien
aux
trois
ordres
des
Chevaliers
français
et
des
Allemands.
Ils
étaient,
bien
entendu,
largement
rémunérés
par
la
Cour,
mais,
par
malheur,
il
ne
nous
est
parvenu
aucun
document
authentique
relatif
aux
lois
et
r
é
glements
de
notre
milice.
Ainsi
que
notre
véritable
patrie,
la
Grande
Arménie
abondait
en
magnifiques
chevaux
de
race
pure,
les
frontières
de
la
Cilicie
et
de
la
Cappadoce
en
produisaient
également.
Indépendamment
des
détenteurs
de
hautes
charges
de
l'Etat,
des
ministres,
des
juges
et
des
préfets,
il
y
avait
évidemment
à
la
Cour
d'autres
classes
de
fonctionnaires,
mais
je
ne
connais
ni
les
noms
par
lesquels
on
les
désignait,
ni
les
fonctions
qu'ils
avaient
à
remplir.
Néanmoins,
je
pense
que
Léon,
avec
ses
idées
de
magnificence,
d'après
ce
qu'il
avait
vu
à
la
Cour
de
Byzance,
où
il
avait
vécu
quelque
temps,
à
la
Cour
des
Occidentaux,
de
Jérusalem
et
de
Chypre,
dut
s'entourer
de
courtisans,
d'attachés
au
palais
et
de
vassaux
de
la
Couronne.
Un
des
hôtes
français
de
la
Cour
de
Héthoum,
dit
pour
ce
dernier,
qu'il
avait
à
son
palais
plus
de
cinq
cents
officiers
et
serviteurs.
Il
faut
supposer
qu'il
n'en
avait
pas
moins
au
palais
de
la
Reine,
qui
avait,
en
plus
de
ses
ministres
et
de
ses
dames
d'honneur,
—
selon
un
hôte
de
la
cour
de
Léon
II,
en
1283,
—
plus
de
soixante
eunuques
à
son
service.
Cet
hôte
de
la
cour
dit
que
les
princesses
en
avaient
de
même;
et
que
les
eunuques
avaient
été
mis
en
cet
état
en
punition
de
leurs
fautes.
S'il
y
en
avait
aussi
sous
Léon
I,
l'histoire
ne
nous
dit
rien.