LA
LITTÉRATURE
ARMÉNIENNE
SOUS
LA
DYNASTIE
DES
ROUPENIENS
Les
plus
illustres
de
la
seconde
époque
de
notre
lettérature
et
ceux
qui
nous
sont
le
plus
connus,
nous
les
avons
déjà
cités
dans
la
partie
de
notre
livre
qui
traite
de
la
géographie
de
Sissouan.
Je
ne
ferai
que
répéter
ici
leurs
noms
et
désigner
leurs
écrits,
en
même
temps
que
je
nommerai
d'autres
écrivains
dont
les
œuvres
nous
sont
restés
inconnus.
Le
plus
célèbre
de
tous,
sous
bien
des
rapports,
fut
Nersès
de
Lambroun.
C'est
le
plus
ancien
des
littérateurs
du
temps.
Outre
les
écrits
dont
nous
avons
déjà
parlé
(
Sissouan
p.
90-9
)
il
en
a
laissé
d'autres
que
nous
connaissons
par
les
mentions
qu'en
ont
faites
les
chroniqueurs
de
l'époque.
Ainsi,
il
a
écrit:
Un
Sacre
d'Evêque,
un
Sacre
de
Catholicos,
un
Calendrier
ecclésiastique,
la
Vie
de
S.
Grégoire
de
Nareg;
Commentaires
des
Huit
Mystères
ou
Pensées
écrites
à
la
demande
d'un
ermite
nommé
Adam,
les
Noms
des
fondateurs
de
villes,
à
la
demande
du
médecin
Aboussaïd,
et
la
Vie
de
S.
Nersès
Chenorhali.
Après
lui,
un
peu
plus
tard
et
non
loin
des
frontières
de
la
Cilicie,
vivait
un
autre
Nersès,
qui
avait
été
évêque
et,
ce
semble,
au
couvent
de
Trazargue.
Mons.
Basile,
l'abbé
de
ce
couvent
(
voir
Sissouan,
p.
231
)
fit
apporter
de
Constantinople
les
Commentaires
de
S.
Jean
Chrysostome
(?)
sur
les
Epitres
œcuméniques
et
les
fit
traduire
à
Lambroun
par
un
Grégoire
le
Lecteur,
que
je
suppose
être
le
fameux
Skevratzi
(
v.
Sissouan,
pp.
100
et
101
),
pendant
qu'il
était
encore
très-jeune
mais
qui
connaissait
parfaitement
la
langue
grecque.
Ce
Grégoire
vécut
encore
soixante
ans,
il
était
encore
lecteur;
Nersès
que
nous
venons
de
citer
corrigea
cette
traduction
en
1163,
après
la
mort
de
Mons.
Basile.
Cet
ouvrage
m'est
inconnu
quoiqu'il
ait
été
écrit
à
la
même
époque
que
les
Commentaires
de
Sarkis
Schenorhali
sur
les
mêmes
Lettres.
Avant
bien
d'autres
encore,
florissait
à
cette
époque
Georges
Méghrig,
(Mielleux),
(
v.
Sissouan,
p.
231
).
Après
ceux-ci,
vient
une
série
de
litterateurs
qui
forme
comme
une
auréole
de
satellites
gravissant
autour
du
grand
astre
de
Lambroun;
Samuel,
Docteur
de
Skévra
(
v.
Sissouan,
p.
98
),
qui
écrivit
la
Vie
de
Nersès
de
Lambroun;
Le
précepteur
de
Nersès,
le
Docteur
Jean,
ne
nous
a
laissé
aucun
écrit.
Son
chef
d'œuvre,
s'il
nous
est
permis
de
nous
exprimer
ainsi,
fut
son
élève,
le
Lambrounetzi;
Le
frère
de
Nersès,
Héthoum-Élie,
prince
et
ensuite
religieux;
Le
serviteur
de
Nersès,
Khatchadour.
(
v.
Sissouan,
pp.
94-98),
qui
fit
une
élégie
sur
son
maître;
Enoch
de
Vahga
le
controversiste,
qui
écrivit
une
lettre
de
reproches
aux
Grecs,
quand
ils
firent
prisonnier
le
baron
Léon;
Le
compagnon
de
voyage
du
même,
le
Docteur
Georges
(
v.
Sissouan,
p.
147
)
qui
paraît
avoir
été
le
premier
Grammairien
de
Sis;
Son
neveu,
le
prêtre
Nersès
(
v.
Sissouan,
p.
39
)
et
Vassil
ou
Basile
(
v.
Sissouan,
p.
99
),
le
docteur
qui
fut
compagnon
d'études
de
Grégoire
de
Skévra.
Tous
ces
derniers
sont
nos
écrivains
du
XII
e
siècle.
Le
siècle
suivant,
la
littérature
prit
un
essort
nouveau
et
fit
de
brillants
progrès
dans
le
pays
de
Sissouan,
grâce
à
la
protection
puissante
des
Héthoumiens
sous
lesquels
l'étude
des
langues
se
développa,
parce
qu'ils
étaient
en
continuelles
relations
avec
les
Occidentaux.
Les
plus
illustres
écrivains
et
savants,
dont
il
ne
nous
reste
que
les
écrits
de
quelques-uns
d'entre
eux,
sont;
Le
grammairien
Aristaguès,
le
continuateur
des
Commentaires
de
l'Évangile
de
S.
Mathieu,
commencés
par
Nersès
Schenorhali;
Le
Docteur
Basile,
l'ambassadeur
de
Héthoum
I;
et
les
frères
du
roi,
l'év
ê
que
Basile,
Abbé
de
Trazargue,
et
Jean,
le
Maître-Évêque,
Abbé
de
Kernère
(
v.
Sissouan,
pp.
144-146
);
Sempad
le
Connétable,
dont
les
nombreux
écrits
et
faits
d'armes
sont
déjà
connus,
(
v.
Sissouan,
pp.
71-73
);
Vartan,
l'év
ê
que
de
Sébine,
(?)
élève
du
Catholicos
Constantin;
Le
Docteur
Jacques,
qui
fut
envoyé
près
l'Empereur
de
Nycée
pour
résoudre
différentes
questions
religieuses;
Mekhitar
de
Skévra
(
v.
Sissouan,
p.
101
),
interprète
de
Héthoum
auprès
des
Tartares
et
son
ambassadeur
à
Ptolemaïs;
André
le
Philosophe,
le
secrétaire
de
Héthoum.
Il
ne
nous
reste
de
lui
que
quelques
pages
de
Calendrier;
Thomas
le
Cilicien.
Nous
ne
savons
pas
au
juste
à
quelle
époque
il
vivait
(
v.
Sissouan,
p.
14
),
non
plus
qu'un
docteur
Vartan;
Vahram
le
Docteur,
le
plus
illustre
du
temps
de
Léon
II,
qui,
sur
la
demande
de
ce
roi
écrivit
en
vers
l'histoire
de
la
famille
de
Léon
et
du
Règne
des
Roupéniens;
son
style
est
un
pastiche
de
Schenorhali.
Je
ne
crois
pas
que
ce
soit
à
cet
écrit
qu'il
dut
sa
rénommée.
Ses
autres
ouvrages,
assez
bien
faits,
sont
ses
dissertations
sur
le
Mystère
de
l'Incarnation,
l'Épiphanie,
l'Ascension,
sur
les
paroles:
«
Que
la
verge
fleurisse,
etc.
au
jour,
que
Léon
II
fut
sacré
Roi
des
Arméniens
»;
sur
le
Dimanche
des
Rameaux,
le
Cantique
de
Débora;
sur
quelques
passages
du
prophète
Ézechiel;
Réponses
aux
questions
du
Roi
Héthoum
sur
les
anges,
sur
Adam,
etc.;
Explication
des
livres
de
Porphyre.
Il
a
écrit
bien
d'autres
livres
encore,
car
un
contemporain,
en
parlant
du
docteur
Sosthènes,
autre
écrivain
célèbre
du
temps,
dit:
«
Sosthènes
connaissait
toutes
les
saintes
Écritures,
les
anciennes
et
les
nouvelles,
aussi
bien
que
les
œuvres
des
auteurs
profanes.
Il
n'existait
personne
d'aussi
savant
que
lui,
de
nos
jours
et
sous
le
règne
de
Léon
(II)
et
le
patriarcat
de
Jacques,
si
ce
n'est
le
grand
docteur
des
docteurs,
dont
le
nom
seul
est
comme
une
douce
rosée
et
qui
s'appelle
Vahram
».
Le
même
chroniqueur
cite
encore:
Étienne
de
Vahga,
qui
dirigeait,
par
ordre
de
Sosthènes,
les
travaux
de
restauration
de
l'église
du
S.
t
Esprit,
à
Sis.
Un
autre
Chroniqueur
dit
de
lui
qu'il
à
écrit
un
livre
sur
la
Création.
De
la
fin
du
XIII
siècle
au
milieu
du
XIV,
les
auteurs
qui
nous
sont
connus
sont:
d'abord,
l'héritier
du
trône,
Héthoum
II,
qui
composa
en
vers
une
histoire
abrégée
de
la
vraie
et
de
la
fausse
Pâque;
Ensuite,
Héthoum,
l'Historien,
Seigneur
de
Coricos,
dont
nous
avons
tant
parlé,
(
v.
Sissouan,
pp.
337-339
);
Georges
de
Skévra
et
son
élève
et
panégyriste
Moïse;
L'intime
ami
du
Roi,
le
Catholicos
Grégoire
d'Anazarbe,
que
nous
avons
cité
et
des
écrits
de
qui
nous
avons
parlé
(
v.
Sissouan,
pp.
241
et
242
)
et
pour
lequel
nous
ajouterons
ici
ce
que
nous
avons
recueilli
sur
lui,
c'est-à-dire
qu'il
a
écrit
un
Commentaire
de
l'Évangile
de
S.
Marc
et
un
Discours
sur
Ézechiel,
si
ce
dernier
ouvrage
n'est
pas
un
Commentaire
également.
On
pourrait
citer
aussi
le
Catholicos
Jacques,
par
reconnaissance
de
ce
qu'il
a
publié
l'
Encyclique
de
S.
Nersès
Schenorhali,
dans
sa
bulle.
C'est
encore
lui
qui
a
composé
une
belle
hymne
sur
la
Nativité
de
la
Sainte
Vierge;
Parmi
les
successeurs
au
siège
du
Catholicos,
nous
devons
mentionner
Mekhitar,
pour
une
Bulle
qu'il
édita
et
pour
le
Concile
qu'il
fit
convoquer,
(
v.
Sissouan,
page
137
).
Ce
concile
fut
relaté
encore
par
Daniel
de
Tauris,
surnommé
le
Minor,
parce
qu'il
était
dans
l'ordre
des
Mineurs
Franciscains.
Étienne
Koïner-Eritzantz,
«
qui
était
si
habile
dans
l'
art
de
copiste,
et
le
plus
célèbre
de
tous,
—
au
dire
d'un
chroniqueur
contemporain.
Il
était
encore
éloquent
parleur
et
rempli
de
zèle,
ainsi
que
l'affirment
les
savants
et
les
gens
qui
sont
compétents
pour
apprécier
le
savoir;
de
plus
c'était
un
grammai
rien
consommé
».
Étienne
de
Crag,
archevêque
de
Tarse,
dont
il
nous
reste
un
Canon
de
la
Bénédiction
du
Vaisseau
et
quelques
mémoires
courts
et
familiers,
ainsi
que
quelques
autres
menus
écrits,
dans
lesquels
il
se
proclame
le
ministre
de
la
parole.
Un
autre
chroniqueur
l'appelle
savant
sans
pareil
et
maître
en
rhétorique.
Un
des
derniers
écrivains
de
la
Cilicie
est
le
Docteur
Basile
de
Mascheghevor,
(
v.
Sissouan,
p.
408
).
Un
de
ses
contemporains
est
un
certain
Jean
de
Sis,
qui
se
dit
aussi
ministre
de
la
parole
et
prétend
avoir
étudié
auprès
d'Isaïe
Netchetzi
et
du
grand
docteur
Mesrob.
—
Constance
Serigh:
bien
que
je
ne
connaisse
ni
le
pays
natal
ni
la
profession
de
celui-ci,
je
suppose
qu'il
devait
être
de
la
Cilicie.
C'était
un
chantre
renommé
et
un
versificateur:
il
paraît
avoir
vécu
au
commencement
du
XIII
siècle,
car
ses
vers
ont
été
recueillis
en
un
volume
écrit
vers
le
milieu
du
même
siècle.
Étienne
Serigh,
qui
appartenait
à
la
même
famille
et
qui
exerçait
la
même
profession,
florissait
un
peu
plus
tard.
L'art
de
ces
deux
derniers,
la
musique,
a
été
le
privilège
et
la
partie
intégrante
de
la
littérature
des
Arméniens
en
Cilicie,
et
il
vaut
la
peine
qu'on
s'y
arrête.
Dans
notre
géographie
de
Sissouan
nous
avons
dit
que
la
plus
fameuse
école
de
musique
sacrée
était
le
monastère
d'Arkagaghni
(Noisetier)
et
nous
avons
donné
le
nom
de
quelques
musiciens.
L'historien
de
la
Cilicie
nous
en
révèle
d'autres
qu'il
cite
à
la
suite
l'un
de
l'autre.
«D'abord
l'
honorable
Nersès,
fils
de
Léon
II
Roi
»,
né
en
1279
et
mort
en
1301,
qui,
au
milieu
des
agitations
de
la
Cour
et
des
intrigues
de
ses
frères
qui
aspiraient
au
trône,
préféra
s'adonner
aux
doux
et
pacifiques
plaisirs
du
chant
et,
souhaitant
d'entendre
les
chœurs
des
phalanges
célestes,
s'envola
tout
jeune
au
Ciel,
sans
que
l'on
sût
quels
écrits
il
a
laissés.
—
Après
ce
prince,
les
musiciens
les
plus
célèbres
sont
les
prêtres
Avack
et
Thoros,
dont
nous
ignorons
le
lieu
de
naissance,
les
œuvres
et
l'époque
où
ils
vécurent.
Ensuite
viennent
le
prêtre
Jacques
et
son
frère
Jean,
religieux
de
Trazargue;
—
Jean,
le
gardien
du
monastère
d'Aguenère.
Un
Léon
et
un
Nersès;
Jean
le
religieux,
Constance
le
Lecteur,
dont
nous
ignorons
aussi
le
pays
et
le
temps
où
ils
florissaient;
Thoros
Thaprontz
chapelain
du
palais
royal
qui
fut
envoyé
comme
ambassadeur
à
Londres,
mort
le
27
Décembre
1342,
ainsi
qu'il
est
relaté
dans
un
ménologue
royal,
et
qui
fut
un
«
chantre
de
beaucoup
de
talent
et
de
savoir
»:
—
Simon,
le
chef
des
Chantres
de
Trazargue;
un
autre
du
même
nom:
Simon
le
Philosophe,
chantre
à
Arkagaghni,
de
1258
et
1260;
Margara
le
Philosophe,
chantre
au
Couvent
de
Turketi
en
1335;
«
et
bien
d'autres
»
prétend
un
chroniqueur
contemporain.
Parmi
les
musiciens
connus
et
dont
ne
parle
pas
ce
chroniqueur,
le
plus
ancien
de
tous
est
Joseph
le
Maître-musicien
de
Trazargue,
sur
qui
écrivait
en
1241
un
certain
Jean,
célèbre
chantre
également:
«
Je
me
suis
adonné
à
l'
art
de
la
musique...
J'ai
copié
d'abord
et
j'ai
écrit
ensuite
(un
livre
des
chants
(des
offices)
d'après
un
modèle
très
bien
fait
d'un
maître
de
chant
nommé
Joseph
très
fort
dans
l'art
de
la
musique
qu'il
connaissait
parfaitement,
à
ce
point
qu'il
n'a
pas
son
pareil
à
présent
».
Quand
nous
avons
décrit
le
monastère
de
Arkagaghni,
nous
avons
parlé
d'un
livre
d'études
du
chant
qu'on
appelait
alors
Menues-sciences.
Cette
compilation
faite
avec
le
plus
grand
soin
était
connue
sous
le
nom
de
Vaudzenzi.
Je
ne
saurais
dire
si
ce
nom
est
celui
du
lieu
où
le
manuscrit
à
été
fait
ou
si
c'est
le
nom
d'un
artiste
plus
ancien,
comme
le
livre
des
hymnes
de
Khelghetzi,
attribué
à
Grégoire
le
Sourd,
(
v.
Sissouan,
pp.
105-106
).
Ce
dernier
que
nous
venons
de
citer,
est
classé
parmi
les
plus
célèbres
musiciens
et
les
plus
habiles
copistes
et
dont
notre
Chroniqueur
avance
1'
époque
de
l'existence,
lorsqu'en
parlant
des
progrès
de
la
littérature
sous
le
règne
de
Léon,
il
dit:
«
En
ce
temps-là,
il
y
avait
un
remarquable
maître
et
musicien
qui
était
premier
secrétaire
à
Sis,
surnommé
le
Sourd.
On
disait
de
lui
qu'il
se
mettait
de
la
cire
dans
les
oreilles
pour
ne
pas
entendre
les
conversations
frivoles,
et
c'est
à
cause
de
cela
qu'il
fut
surnommé
le
Sourd.
C'est
lui
qui
supprima
les
passages
inutiles
et
ajouta
ce
qui
manquait
au
texte
du
livre
des
Hymnés;
c'est
cette
récension
qu'on
appelle
Khelghetzi;
et
les
copies
sont
désignées
sous
le
nom
des
Originaux
de
Sis
».
L'autre
industrie
de
notre
brave
Sourd,
était
l'art
de
copiste;
charge
très
honorée
et
très
estimée
dans
le
Sissouan,
soit
à
la
cour
du
Roi,
soit
dans
les
monastères.
Les
manuscrits
en
fournissent
la
preuve
irrécusable.
L'historien
cite
par
leurs
noms
les
copistes
suivants
qui
existaient
vers
la
fin
du
XIII
siècle
et
dans
la
première
moitié
du
XIV:
Grégoire
le
clerc,
Vassil
le
clerc,
le
prêtre
Héthoum,
Constance
Charahussantz,
le
prêtre
Sarkis
qui
était
le
neveu
d'Étienne
de
Vahga
et
qui
dit
de
lui
qu'il
acheva
la
copie
du
beau
livre
enluminé
de
la
Création,
qu'on
avait
commencée
sous
le
règne
de
Léon
II
et
qu'on
a
finie
sous
le
règne
de
Léon
IV.
Il
paraît
que
ce
Sarkis
est
le
célèbre
Sarkis
bien
connu
qui
fut
surnommé
Bidzag
(la
Guêpe),
(
v.
Sissouan,
pp.
235
et
236
)
et
qui
était
fils
du
dit
prêtre
Grégoire-le-Sourd.
Voici
comment
on
explique
pourquoi
il
fut
surnommé
Bidzag:
«
Il
cueillait
des
fleurs
qu'il
dessinait
en
couleur;
un
jour
une
guêpe
vint
se
poser
devant
lui
sur
sa
fenêtre,
il
la
dessina
tout
de
suite.
Ceux
qui
se
trouvaient
à
côté
de
lui,
crurent
que
la
guêpe
s'était
posée
réellement
sur
son
dessin
et
voulurent
la
chasser
avec
la
main.
Grégoire
se
mit
à
rire;
ils
se
mirent
à
rire
de
leur
méprise
et
depuis
ce
moment
l'appelèrent
la
Guêpe
».
Il
se
peut
que
ce
Constance
Charahussantz,
dont
nous
avons
déjà
parlé,
soit
ce
prêtre
que
son
élève,
le
prêtre
Léon
traitait,
en
1306,
«d'incomparable
et
inégalable
copiste».
Il
disait
de
même
de
son
frère
Sion
le
prêtre,
qui
mourut
tout
jeune
encore
d'une
mort
prématurée.
Si
l'on
ne
peut
pas
dire
que
les
copistes
de
Sissouan
étaient
innombrables
on
peut
dire
qu'ils
étaient
fort
nombreux.
Nous
avons
donné,
dans
la
partie
géographique
de
Sissouan,
des
spécimens
de
leurs
travaux
par
des
fac-simile
obtenus
au
moyen
de
la
photographie,
en
même
temps
que
des
spécimens
des
miniatures
de
Bidzag,
et
de
Constance
qui
était
au
service
de
S.
Nersès
Lambroun,
(
v.
Sissouan,
pp.
85-99
).
Il
arriva
souvent
que
les
deux
arts
de
copiste
et
de
miniaturiste
étaient
exercés
en
même
temps
par
ceux
qui
faisaient
les
manuscrits:
c'est
pourquoi
on
appelle
souvent
aussi
les
copistes
enlumineurs
et
doreurs.
Les
Sissouaniens
surpassèrent
tous
les
artistes
de
la
Grande
Arménie
dans
cet
art.
Un
des
plus
distingués
de
nos
artistes
(Sissouaniens)
était
le
contemporain
de
Constance,
l'
incomparable
Grégoire,
l
'
enlumineur
de
l'Evangile
de
Babéron
(
v.
Sissonan,
p.
74),
«
qui
surpassa
tous
les
autres
et
fut
sans
rival
dans
notre
nation
».
Comme
contemporains
de
Bidzag,
on
cite
encore
le
miniaturiste
Jacques,
au
Couvent
de
Kaïl
et
bien
d'autres.
Les
plus
anciens
copistes
ont
imité
la
manière
byzantine,
les
modernes
ont
fait
selon
leur
inspiration
et
leur
goût.
Mais
ils
n'ont
pas
égalé
leurs
maîtres,
ils
ne
surent
jamais
reproduire
aussi
bien
les
traits
du
visage,
ni
dessiner
les
mains
et
les
pieds;
ils
furent
plus
habiles
à
représenter
des
oiseaux,
des
nymphes,
des
animaux,
des
arabesques
et
mille
sujets
de
leur
invention
et
de
leur
imagination
qui
nous
demanderaient
trop
de
temps
à
décrire.
L'espace
ne
nous
permet
pas
non
plus
de
nous
appesantir
sur
d'autres
arts,
d'autres
sciences,
d'autres
formes
littéraires
qui
furent
cultivées
à
Sissouan.
En
tout
cela
si
l'on
ne
trouve
pas
qu'ils
soient
arrivés
à
la
hauteur
des
docteurs
de
la
Grande
Arménie,
on
ne
peut
leur
contester
cependant
le
goût
et
une
entente
du
choix
bien
supérieurs
aux
premiers.
Cela
se
comprend
du
reste,
parce
qu'ils
étaient
plus
rapprochés
des
Occidentaux
et
voisins
des
Antiochiens
et
des
Cypriotes
et
des
autres
principautés
des
côtes
de
la
Syrie.
Des
relations
avec
ceux-là
il
résulta
le
progrès
et
le
développement
dans
les
langues
étrangères;
ils
s'alliaient
avec
eux,
il
y
avait
bien
des
ministres
étrangers
qui
avaient
eu
accès
aux
charges
de
la
Cour
de
nos
rois.
Quant
à
l'étude
des
langues,
c'est
Nersès
de
Lambroun
qui
tient
la
première
place;
nous
l'avons
déjà
dit.
Presqu'égal
à
lui,
tant
en
cette
étude
que
dans
d'autres,
le
suit
de
près
Grégoire
de
Skévra.
Celui-ci
était
versé
dans
la
langue
grecque,
comme
l'était
également
l'Abbé
Constance,
en
1332,
et
que
nous
avons
vu
servir
d'interprète,
(
v.
Sissouan,
p.
168
).
Dans
la
langue
latine,
outre
les
secrétaires
de
la
cour
et
les
copistes,
c'est
encore
Nersès
de
Lambroun;
il
en
fit
plusieurs
traductions,
comme
aussi
son
frère
Héthoum-Élie,
et
le
dit
Daniel
Minor,
et
probablement
d'autres;
car
sur
la
demande
des
Pontifes
romains,
on
avait
établi,
dès
les
jours
de
Léon,
des
écoles
pour
l'
étude
de
la
langue
latine
en
Sissouan.
Il
y
en
avait
probablement
beaucoup
qui
étaient
versés
dans
la
langue
française;
on
peut
citer
en
première
ligne
le
Connétable
Sempad,
et
son
neveu
l'historien
Héthoum.
Les
langues
arabe
et
persane
étaient
aussi
cultivées
chez
nous;
il
y
avait
continuellement
des
ambassades
avec
les
sultans
d'Égypte,
d'Iconie,
et
les
émirs
d'Alep
et
de
Damas.
On
connaît
déjà
le
prêtre
Mienne,
l'
interprète,
qui
par
ordre
du
roi
Héthoum
I,
«
traduisit
du
persan
les
diverses
manières
de
forger
l'acier,
c'est-à-dire
de
tremper
le
fer
»;
on
dit
qu'il
rendit
aussi
en
arménien,
l'Art
du
forgeron
et
du
coloriste.
Toutefois
les
ouvrages
les
plus
connus
sont
des
traités
de
Médecine,
la
plupart
recueils
et
traductions
des
livres
persans
et
arabes.
Ceci
nous
nous
rappelle
nos
médecins
nationaux,
dont
quelques-uns
étaient
sans
doute
des
provinces
du
Sissouan;
mais
dont
nous
ne
connaissons
que
très
peu
et
le
temps
et
les
œuvres;
tels
sont:
Sarkis,
Simon,
Aharon,
et
son
fils
Étienne
et
leur
famille,
Vahram,
et
peut-être
aussi
le
Médecin
Jaune
(Teghin),
et
Josselin.
On
étudiait
aussi
le
syrien,
en
Sissouan,
car
il
y
avait
des
couvents,
des
églises
et
de
hauts
dignitaires,
des
vicaires
syriens.
C'est
en
ces
temps
que
le
docteur
Georges
traduisit
à
Kessoun,
quelques
dissertations
de
S.
Éphrem.
Les
Sissouaniens
durent
se
familiariser
aussi
avec
les
langues
turque
et
tartare.
Le
docteur
Mekhitar
de
Skévra
les
connaissait.
Il
était
aussi
versé
dans
le
latin,
et
c'est
lui
que
le
roi
Héthoum
emmena
avec
lui,
lorqu'il
se
rendit
chez
les
Tartares.
Il
paraît
que
le
docteur
Basile
le
sut
aussi,
puisqu'il
y
fut
envoyé,
comme
ambassadeur
quelques
temps
auparavant.
A
Ayas,
la
ville
maritime,
on
parlait
outre
le
français,
l'italien;
de
nombreux
commerçants
venus
des
villes
et
des
républiques
de
l'
Italie
s'y
étaient
installés.
Nous
omettrons
ici
de
traiter
des
autres
sciences
et
arts
qui
prospérèrent
en
Sissouan;
nous
noterons
seulement
en
passant,
les
principaux
centres
où
ils
prospérèrent;
et
tout
d'abord,
sans
contestation,
ce
furent
les
couvents,
dont
les
plus
célèbres
étaient,
Trazargue,
Arkagaghni,
Skévra,
Melidje,
Aguenère,
Berdjère,
Macheguévor
sur
la
Montagne-noire;
le
couvent
des
Josué,
près
des
frontières
d'Antioche,
où
brillèrent
le
docteur
Joseph
évêque,
le
docteur
Grégoire
de
Marache
et
d'autres
que
nous
avons
déjà
cités
dans
notre
Géographie
de
Sissouan.
Toutefois
nous
devons
mentionner
en
particulier
le
couvents
de
Médzakar
(le
Grand
roc)
et
Tchermaghpiour
(la
Fontaine
chaude);
car
c'est
dans
le
premier
que
fut
établi
une
école
pour
les
enfants,
par
Léon
II
qui,
comme
dit
un
chroniqueur,
«
fit
former
des
maisons
de
maîtres,
parmi
lesquelles
une
à
Médzakar,
et
y
fit
installer
beaucoup
de
religieux
».
Quand
au
second,
il
y
fut
établi
une
école
par
le
neveu
de
Léon
II,
Léon
IV,
sous
la
tutelle
de
son
Bailli,
Ochine,
ainsi
que
rapporte
Jacques
de
Crag
le
professeur
du
lieu,
en
1328.
Il
ne
nous
reste
donc
qu'à
citer
les
Mécènes
des
sciences,
et
les
bibliophiles
et
amateurs
de
livres
en
Sissouan.
Si
les
premiers
devaient
être
cherchés
dans
la
classe
des
riches
et
des
nobles,
les
seconds
se
trouvaient
dans
les
hautes
et
dans
les
plus
basses
classes;
bien
que
le
monde
s'attache
surtout
aux
souvenirs
des
grands
et
des
nobles.
Nous
avons
vu
au
commencement
de
cette
note,
l'aide
et
l'encouragement
que
Léon
donnait
à
la
littérature,
bien
qu'il
fût
occupé
aux
soins
du
gouvernement.
Ce
même
zèle
et
amour
se
fit
voir
dans
ses
prédécesseurs,
les
princes
montagnards
et
dominateurs
des
sommets
de
la
Cilicie.
C'est
d'abord
le
Marquis
Constantin,
qui
fait
construire
le
couvent
de
Gastalon.
Ensuite,
son
fils
aîné,
le
Sébaste
Thoros
I,
fait
ériger
le
couvent
de
Trazargue,
et
celui
de
Macheguévor;
son
neveu
de
même
nom,
Thoros
II,
le
second
fondateur
du
pays,
est
cité
dans
l'histoire
non
seulement
comme
littérateur,
mais
encore
comme
interprète
des
passages
obscurs
des
prophètes,
et,
(par
exagération)
comme
ayant
des
visions
prophétiques.
Le
don
de
l'amour
pour
les
lettres
et
les
sciences
apparaît
plutôt
dans
la
famille
des
Héthoumiens
qui
succédèrent
au
trône
à
la
famille
des
Roupéniens.
Presque
tous
les
membres
de
cette
famille
nous
ont
légué
quelque
œuvre,
d'autres
ont
ordonné
d'écrire
des
ouvrages
soit
pour
leur
propre
intérêt,
soit
pour
celui
des
étrangers.
De
ces
ouvrages
nous
avons
cité
les
plus
connus,
c'est
évidemment
le
peu
que
nous
connaissons.
Ainsi,
par
exemple,
la
vie
de
S.
Jean
Chrysostome,
écrite
par
ordre
d'Ochine,
le
père
de
S.
Nersès
de
Lambroun.
Ce
dernier,
nous
l'avons
déjà
dit
à
plusieurs
reprises,
est
le
premier
de
tous
nos
littérateurs
de
la
Cilicie,
il
a
écrit
nombre
de
livres,
de
ses
propres
mains,
il
en
a
donné
aux
autres
un
plus
grand
nombre
à
copier.
Son
frère
Héthoum-Élie,
ordonna
qu'on
copiât
le
bel
Évangéliaire
du
couvent
de
Skévra.
Un
siècle
plus
tard,
la
fille
de
son
petit
fils,
Alice,
l'épouse
du
Sénéchal
de
Chypre,
fit
écrire
des
bibles
et
des
évangéliaires
au
célèbre
Étienne
Koïner-Eritzanz,
et
qui
se
trouvent
maintenant
dans
les
mains
d'une
colonie
arménienne
de
l'Occident.
Parmi
les
Héthoumiens,
c'est
encore
dans
la
famille
régnante
que
l'
on
remarque
le
plus
de
zèle
pour
la
culture
de
l'intelligence.
Le
Bailli
Constantin,
ce
nouveau
fondateur
de
la
dynastie
royale,
continua
à
donner
autant
d'élan
aux
œuvres
de
Léon,
qu'aux
œuvres
des
littérateurs.
Ses
glorieux
fils
rivalisèrent
entre
eux.
Le
premier,
le
brave
Connétable
Sempad,
qui
mérite
d'être
classé
parmi
les
lettrés,
nous
légua
les
ouvrages
tracés
par
sa
plume
et
par
celle
des
autres
à
qu'il
ordonna
de
les
copier.
Le
second
fils,
l'
archevêque
Basile,
est
l'auteur
d'une
Grammaire.
On
connaît
déjà
les
ouvrages
littéraires
du
plus
jeune
fils,
l'
évêque
Jean,
et
qui
ordonna
de
copier
plusieurs
livres.
Leur
quatrième
frère
Vassagh
ou
Vassil,
Seigneur
de
Djandji,
le
pieux
et
le
brave,
entre
autres
objets
dont
il
orna
les
églises,
fit
copier
aussi
des
Évangéliaires,
et
un
Psautier
pour
l'
usage
dans
le
chœur
de
l'
église.
Le
plus
glorieux
de
ces
frères,
le
roi
Héthoum,
fut,
on
l'affirme,
en
même
temps
qu'homme
d'armes,
et
de
gouvernement
aussi
zélé
pour
la
culture
des
sciences,
«
il
ordonna
d'écrire
beaucoup
de
livres,
dont
la
plupart
sont
restés
jusqu'à
nos
jours
(dit
le
Chroniqueur;
et
nous
pouvons
le
répéter
aussi),
il
fit
encore
traduire
plusieurs
livres
»,
parmi
lesquels
se
trouvent
ceux
que
nous
avons
cité
plus
haut,
c'est-à-dire,
des
traités
d'arts,
traduits
de
l'arabe
et
du
persan.
Ses
collaborateurs
furent
Mékhitar
de
Skévra,
Basile,
Étienne,
André,
etc.
On
prétend
que
Héthoum,
lui
même,
a
écrit
le
récit
de
son
long
voyage
parmi
les
Tartars,
dont
a
profité
pas
moins
son
cousin
dans
son
Histoire
d'Orient.
En
même
temps
que
ce
roi,
le
Catholicos
Constantin
eut
le
même
zèle
pour
la
littérature;
car
«
il
fut,
dit
un
chroniqueur,
bibliophile,
et
fit
copier
nombre
d'évangéliaires
et
de
livres
»
qu'il
offrit
aux
princes
royaux,
et
dont
plusieurs
étaient
ses
filleuls.
Je
connais
sept
évangéliaires
que
lui,
Constantin,
a
faits
copier,
qui
se
trouvent
aujourd'hui
dispersés,
et
dont
un
est
notre
propriété
personnelle.
Léon
II,
hérita
de
ses
ancêtres,
plutôt
du
caractère
philosophique
que
de
leur
ardeur
pour
la
gloire.
En
cette
qualité,
il
l'emporta
sur
tous.
Aussi
lui
donne-t-on
l'épithète
de
Bibliophile;
car
«il
fit
copier
bien
des
livres,
dont
la
plupart
nous
sont
parvenus
(dit
le
Chroniqueur);
il
en
fit
rassembler
beaucoup
d'autres,
et
réparer
par
ses
célèbres
copistes
et
docteurs,
tout
ce
qu'il
y
avait
de
détérioré;
il
en
fit
traduire
bien
d'autres.
Il
estimait
beaucoup
les
studieux,
et
donnait
des
présents
à
celui
qu'il
reconnaissait
comme
docteur,
et
l'
établissait
toujours
en
ce
titre
par
ordre
écrit
».
Le
collége
qu'il
estima
le
plus,
fut
celui
de
Medzekar,
comme
nous
l'avons
déjà
dit.
Léon
ne
disséminait
pas
ces
livres
seulement
en
Sissouan,
mais
encore
au
delà
de
ses
frontières,
dans
la
Grande
Arménie,
et
dans
les
colonies
arméniennes.
Ainsi
il
envoya
un
Missel,
accompagné
d'un
mémorial
à
Pérouge;
qui
fut
transporté,
quelque
temps
après,
à
1'
hospice
des
pélerins
Arméniens
de
Rome;
en
voici
le
mémorial,
qui
n'est
pas
toutefois
écrit
de
sa
propre
main:
«
Léon,
par
la
grâce
de
Dieu
et
par
son
aide,
Roi
de
tous
les
Arméniens,
fils
du
défunt
roi
Héthoum,
sur
la
demande
du
prêtre
Jean,
nous
lui
avons
offert
ce
Missel
pour
son
église
de
S.
Matthieu,
à
Pérouge,
pour
notre
souvenir
et
pour
celui
de
nos
ancêtres,
l'année
de
l'ère
arménienne
728
(1279)».
Après
ces
paroles
du
roi
viennent
celles
du
copiste:
«
Souvenez-vous
de
moi
aussi,
l'
humble
diacre
Héthoum,
o
vous
!
qui
le
lirez
saints
lecteurs,
et
de
mon
frère
le
prêtre
Luc
et
le
diacre
O
chine
».
On
trouve
aussi
des
manuscrits
écrits
sur
la
demande
de
la
femme
de
Léon
II,
la
reine
Ghéranie,
qui,
affirme-t-on,
se
serait
faite
religieuse,
et
aurait
changé
son
nom
en
celui
de
Téphany.
Héthoum
II,
leur
fils
aîné
ne
resta
pas
inférieur
à
son
père:
c'est
le
Mécène
de
Grégoire
d'Anazarbe
et
de
Georges
de
Skévra,
à
qui
il
fit
composer
les
Commentaires
d'Isaïe.
On
trouve
beaucoup
d'autres
livres
écrits
pour
lui
et
pour
d'autres
à
ses
frais.
Mais
nous
ne
possédons
rien
de
sa
propre
main,
qui
puisse
témoigner
de
sa
capacité
intellectuelle;
excepté,
un
Mémorial
écrit
pour
la
fête
de
Pâques,
d'un
beau
style
en
vers.
Seul
des
nombreux
frères
de
ce
Héthoum,
Ochine
nous
a
laissé
un
souvenir
et
que
nous
possédons
nous-mêmes:
c'est
un
Ménologe
arrangé
d'après
l'ordre
établi
par
le
Catholicos
Grégoire
d'Anazarbe,
écrit
pour
ce
roi
(Ochine),
et
dans
lequel
sont
notés
les
jours
de
la
mort
des
princes
de
la
famille
royale.
Léon
IV,
fils
d'Ochine,
s'est
montré
bien
supérieur,
comme
bibliophile
et
nous
devons
lui
être
reconnaissants
d'avoir
institué
une
école
au
couvent
de
Tchermaghpiur
(Fontaine
chaude);
c'est
par
son
ordre
que
furent
écrits
les
Assises
d'Antioche
et
le
code
de
Sempad,
récemment
découvert.
Des
frères
de
Héthoum
I,
et
des
oncles
de
Héthoum
II,
il
n'est
connu
qu'un
Livre
de
Salomon
et
quelques
autres
morceaux
de
la
Bible,
qui
portent
un
mémorandum
d'un
des
fils
de
Sempad,
le
Connétable:
«
Moi,
Ochine,
Sénéchal
de
toute
l'Arménie,
fils
du
pieux
prince
des
princes
Baron
Sempad
le
Connétable
des
Arméniens,
j'ai
étudié
ce
livre,
et
je
l'ai
bien
aimé
».
Du
cousin
de
ce
dernier,
le
second
Sempad
connétable,
on
connaît
une
magnifique
Bible.
Constantin
le
Bailli
outre
ces
quatre
ou
cinq
fils,
en
avait
d'autres,
dont
l'un
est
Licus,
dont
on
ne
connaît
rien
en
fait
de
livres;
mais
son
jeune
fils
le
Baron
Sire
Léon,
nous
a
légué
un
tout
petit
évangéliaire
écrit
en
1256,
et
dont
le
copiste
écrit:
«
Souvenez-vous
de
ce
beau
rejeton,
le
jeune
baron,
Sire
Léon,
qui
acquit
ce
saint
évangéliaire
avec
grand
amour...
le
cher
garçon,
Sire
Léon,
et
que
par
vos
prières
Dieu
l'
accorde
longtemps
à
ses
parents
en
bonne
santé
et
le
préserve
de
toutes
tentations
».
Héthoum,
Seigneur
de
Coricos,
fils
aîné
de
Ochine,
septième
frère
du
roi
Héthoum
I,
est
généralement
connu,
et
fut
à
plusieurs
reprises
cité
par
nous,
comme
l'auteur
des
Fleurs
de
l'Histoire
d'Orient
ou
des
Tartares
et
d'autres
ouvrages
encore,
(
v.
Sissouan,
pp.
337-340
):
il
savait
à
fond
la
langue
française,
et
avait
fait
copier
un
beau
livre
de
Médecine
pour
lui.
Nous
avons
cité
autre
part
le
magnifique
livre
de
Sciences-menues
ou
le
Livre
des
Chants,
qui
avait
été
copié
pour
son
fils,
le
connétable
Constantin.
A
son
frère
ainé
Ochine,
autrefois
Bailli,
aide
et
collaborateur
de
Léon
IV,
nous
sommes
redevable
de
la
fondation
de
l'école
de
Tchermaghpiur.
Le
Maréchal
Baudouin,
fut
le
huitième
fils
de
Constantin,
Père
du
roi;
c'est
lui
qui
a
acquis
et
fait
restaurer
à
grands
frais
le
Missel
du
Grand
Connétable,
dans
lequel
il
écrivit
un
mémorandum
de
sa
famille,
et
auquel,
son
fils
Constance
II,
ajouta
ensuite
quelques
lignes,
en
vers,
sur
la
mort
de
son
frère,
(
v.
Sissouan,
p.
413
).
Nous
possédons
personnellement
un
livre
de
prière
de
sa
mère
la
princesse
Mariune,
fille
du
connétable
Léon.
Il
y
avait,
à
ce
temps,
un
certain
G
arabed,
de
la
province
de
Katchepérouni,
officier
de
la
cour
et
Divan-Baschi,
(
v.
Sissouan,
p.
486
)
qui
vécut
sous
le
roi
Ochine
jusqu'au
règne
de
Constantin
II,
et
mourut
l'an
1356.
Le
chroniqueur
de
la
Cilicie,
dit
pour
cet
homme,
qu'il
était
très
pieux,
et
qu'en
1314
il
était
allé
en
pélerinage
à
Pérouge,
et
qu'il
y
fit
écrire
«
un
bel
évangéliaire,
qu'il
y
fit
mettre
une
reliure
d'or
et
qu'ayant
satisfait
ses
vœux
il
s'en
retourna
à
Sis,
où
il
fit
don
de
son
évangéliaire
à
l'
église
de
Notre
Dame
des
Trois
Autels»,
où
se
trouvait
encore
l'évangéliaire,
lorsque
le
chroniqueur
compilait
son
ouvrage,
je
crois
vers
la
moitié
du
XVII
siècle.
Toutes
ces
citations
de
bibliophiles
et
d'ouvrages
(
que
je
crois
pourtant
la
centième
partie
de
ce
qui
m'est
inconnu)
sont
plus
que
suffisants
pour
rendre
témoignage
du
mouvement
intellectuel
et
de
l'
amour
des
lettres
en
Sissouan.
Ce
n'en
est
pas
moins
un
attrait
pour
nos
compatriotes
philologues,
de
se
livrer
aux
investigations,
et
de
rechercher,
par
exemple,
les
ouvrages
des
célèbres
docteurs
que
nous
avons
cités
dans
la
description
de
la
ville
de
Sis.
(
v.
Sissouan,
p.
224
).
Un
autre
témoignage,
plus
charmant
encore,
de
la
littérature
chez
nous,
nous
est
donné
par
le
chroniqueur
de
la
Cilicie,
le
témoin
oculaire,
et
qui
toucha
de
ses
propres
mains
la
plus
grande
partie
des
livres
écrits
pour
les
princes
royaux
susdits;
voici
ce
qu'il
dit:
«
En
ces
temps,
l'amour
des
sciences
était
répandu
par
toute
la
Cilicie.
Les
femmes
mêmes,
écrivaient
et
lisaient;
en
voici
un
exemple,
entre
beaucoup
d'autres.
J'ai
entendu
parler
dans
les
légendes
de
Sis,
d'une
Zabèle,
la
fille
du
prêtre
Constance
de
Partzerpert
(Haute
forteresse)
qui
était
passionnée
pour
les
Sciences-menues,
(les
chants);
elle
était
versée
dans
la
lecture
et
dans
l'art
de
copiste.
Elle
désirait
rester
vierge ...
On
dit
aussi,
qu'il
y
avait
à
Tarse,
une
jeune
fille
du
nom
d'
Alice,
qui
était
elle
aussi,
une
copiste
habile;
elle
écrivit
l'alphabet,
et
fit
publier
que:
Quiconque
aurait
pu
imiter
son
écriture,
elle
le
ferait
digne
de
l'envisager.
Deux
se
présentèrent;
mais
elle
ne
fut
pas
satisfaite
de
leur
écriture,
elle
dit:
«
La
pointe
du
tza,
le
rond
du
dza,
Ne
ressemblent
pas
à
l'écriture
d'Alidza
et
leur
fit
dire
que
celui
qui
réussira
à
faire
La
pointe
du
tza,
le
rond
du
dza,
Deviendra
l'époux
d'Alidza.
L'un
d'eux
y
ayant
réussi,
et
Alice
en
étant
satisfaite,
lui
dit:
«
La
pointe
du
tza,
le
rond
du
dza
Ressemblent
à
l'écriture
d'Alidza
».
Le
même
chroniqueur
ajoute
que
«
la
renommée
de
tels
progrès
se
répandit
dans
tout
l'Orient,
et
que
des
docteurs
l'
ayant
entendu,
vinrent
pour
en
être
témoins,
et
qu'en
étant
étonnés
plusieurs
dirent:
C'est
vrai
ce
que
nous
avons
entendu,
et
nous
en
voyons
même
d'avantage,
et
rendaient
grâce
au
Seigneur
».