I.
  
  
  
 
   
    Le 
   
    développement 
   
    des 
   
    études 
   
    historiques 
   
    qu'exige 
   
    de 
   
    nos 
   
    jours 
   
    l'étendue 
   
    des 
   
    faits 
   
    et 
   
    des 
   
    questions 
   
    politiques, 
   
    présuppose 
   
    des 
   
    connaissances 
   
    géographiques 
   
    et 
   
    géologiques. 
   
    Peu 
   
    attrayantes 
   
    par 
   
    elles-mêmes, 
   
    celles-ci 
   
    amènent 
   
    souvent 
   
    les 
   
    vues 
   
    les 
   
    plus 
   
    élevées 
   
    et 
   
    les 
   
    plus 
   
    morales. 
  
 
   
    L'aspect 
   
    général 
   
    du 
   
    pays 
   
    dont 
   
    je 
   
    vais 
   
    traiter, 
   
    nous 
   
    présente 
   
    des 
   
    phénomènes 
   
    fort 
   
    remarquables, 
   
    et, 
   
    pour 
   
    tout 
   
    dire 
   
    en 
   
    un 
   
    mot, 
   
    c'est 
   
    un 
   
    pays 
   
    de 
   
    contrastes 
   
    par 
   
    excellence, 
   
    que 
   
    toutes 
   
    les 
   
    données 
   
    de 
   
    sa 
   
    configuration 
   
    nous 
   
    permettent 
   
    de 
   
    constater, 
   
    et 
   
    qui 
   
    n'exercent 
   
    pas 
   
    sur 
   
    le 
   
    moral 
   
    de 
   
    ses 
   
    habitants 
   
    une 
   
    médiocre 
   
    influence. 
   
    Douée, 
   
    grâce 
   
    à 
   
    sa 
   
    position 
   
    géographique, 
   
    d'un 
   
    climat 
   
    des 
   
    plus 
   
    tempérés, 
   
    des 
   
    plus 
   
    doux, 
   
    égale 
   
    sous 
   
    ce 
   
    rapport 
   
    à 
   
    l'Italie, 
   
    à 
   
    la 
   
    Grèce, 
   
    à 
   
    l'Espagne, 
   
    l'Arménie 
   
    présente 
   
    les 
   
    horreurs 
   
    des 
   
    régions 
   
    glaciales 
   
    et 
   
    parfois 
   
    les 
   
    chaleurs 
   
    des 
   
    tropiques. 
   
    Il 
   
    va 
   
    sans 
   
    dire 
   
    que 
   
    le 
   
    contraste 
   
    de 
   
    cette 
   
    position 
   
    avec 
   
    l'élévation 
   
    de 
   
    sa 
   
    surface 
   
    au-dessus 
   
    du 
   
    niveau 
   
    de 
   
    la 
   
    mer, 
   
    en 
   
    est 
   
    la 
   
    cause. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    si 
   
    les 
   
    plus 
   
    hautes 
   
    cimes 
   
    des 
   
    Vosges 
   
    et 
   
    du 
   
    Jura 
   
    n'arrivent 
   
    point 
   
    à 
   
    la 
   
    hauteur 
   
    même 
   
    de 
   
    ces 
   
    plateaux 
   
    bien 
   
    peuplés 
   
    et 
   
    bien 
   
    cultivés 
   
    où 
   
    l'Euphrate, 
   
    l'Araxe, 
   
    le 
   
    Cour 
   
    et 
   
    l'Aradzani 
   
    (Mourad-tchaï) 
   
    prennent 
   
    leurs 
   
    sources 
   
    argentines; 
   
    si 
   
    les 
   
    fameux 
   
    passages 
   
    du 
   
    Mont-Cenis, 
   
    du 
   
    Simplon, 
   
    du 
   
    Saint-Gothard 
   
    sont 
   
    encore 
   
    au-dessous 
   
    des 
   
    eaux 
   
    azurées 
   
    du 
   
    lac 
   
    de 
   
    Sévan 
   
    entouré 
   
    de 
   
    centaines 
   
    de 
   
    villages, 
   
    constamment 
   
    habités; 
   
    d'un 
   
    autre 
   
    côté, 
   
    certaines 
   
    parties 
   
    extrêmes 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays 
   
    non 
   
    seulement 
   
    s'abaissent 
   
    jusqu'au 
   
    niveau 
   
    de 
   
    la 
   
    mer, 
   
    mais 
   
    sont 
   
    même 
   
    dépassées 
   
    par 
   
    elle; 
   
    car 
   
    les 
   
    bords 
   
    de 
   
    la 
   
    Caspienne, 
   
    où 
   
    se 
   
    confond 
   
    le 
   
    plan 
   
    oriental 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    sont 
   
    à 
   
    près 
   
    de 
   
    25 
   
    mètres 
   
    au-dessous 
   
    du 
   
    niveau 
   
    de 
   
    l'Océan. 
  
 
   
    De 
   
    là 
   
    ces 
   
    contrastes 
   
    et 
   
    ces 
   
    jeux 
   
    mutuels 
   
    de 
   
    deux 
   
    saisons 
   
    opposeés, 
   
    dont 
   
    l'une 
   
    fait, 
   
    dit 
   
    on, 
   
    quelquefois 
   
    fondre 
   
    sous 
   
    ses 
   
    rayons 
   
    caniculaires 
   
    le 
   
    plomb 
   
    des 
   
    coupoles 
   
    de 
   
    Diarbekir, 
   
    tandis 
   
    que 
   
    l'autre 
   
    étend, 
   
    six 
   
    mois 
   
    de 
   
    l'année, 
   
    son 
   
    blanc 
   
    linceul 
   
    sur 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    partie 
   
    de 
   
    la 
   
    surface 
   
    du 
   
    pays, 
   
    et 
   
    voit 
   
    la 
   
    température 
   
    s'abaisser 
   
    au-dessous 
   
    de 
   
    26° 
   
    Réaum. 
   
    Les 
   
    caravanes 
   
    se 
   
    munissent 
   
    dans 
   
    cette 
   
    saison 
   
    d'épaisses 
   
    fourrures 
   
    pour 
   
    traverser 
   
    les 
   
    lacs 
   
    et 
   
    les 
   
    fleuves 
   
    engourdis 
   
    sous 
   
    des 
   
    couches 
   
    de 
   
    neige 
   
    et 
   
    de 
   
    glace, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    permettent 
   
    pas 
   
    de 
   
    distinguer 
   
    le 
   
    vallon 
   
    de 
   
    la 
   
    plaine. 
   
    Heureux 
   
    encore 
   
    si 
   
    ces 
   
    hardis 
   
    voyageurs 
   
    peuvent 
   
    échapper 
   
    aux 
   
    avalanches 
   
    et 
   
    aux 
   
    tourbillons 
   
    de 
   
    neige 
   
    qui 
   
    souvent 
   
    engloutissent 
   
    la 
   
    caravane 
   
    entière! 
   
    Le 
   
    dernier 
   
    espoir 
   
    de 
   
    salut, 
   
    était, 
   
    en 
   
    pareil 
   
    cas, 
   
    selon 
   
    le 
   
    témoignage 
   
    du 
   
    vieux 
   
    Strabon, 
   
    une 
   
    longue 
   
    perche, 
   
    que 
   
    le 
   
    malheureux 
   
    enseveli 
   
    dans 
   
    les 
   
    neiges 
   
    tâchait 
   
    de 
   
    pousser 
   
    à 
   
    travers 
   
    la 
   
    vôute 
   
    de 
   
    sa 
   
    prison 
   
    glaciale, 
   
    comme 
   
    un 
   
    signal 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie 
   
    palpitante, 
   
    qui 
   
    attendait 
   
    un 
   
    sauveur. 
   
    C'est 
   
    ainsi 
   
    qu'on 
   
    sauva 
   
    notre 
   
    roi 
   
    Sanadroug 
   
    encore 
   
    au 
   
    berçeau, 
   
    après 
   
    qu'il 
   
    fût 
   
    resté 
   
    trois 
   
    jours 
   
    attaché 
   
    au 
   
    sein 
   
    de 
   
    sa 
   
    nourrice, 
   
    dans 
   
    ce 
   
    monde 
   
    de 
   
    neige. 
   
    Son 
   
    petit-fils, 
   
    Diran, 
   
    plus 
   
    malheureux 
   
    que 
   
    lui, 
   
    y 
   
    perdit 
   
    la 
   
    vie 
   
    après 
   
    vingt 
   
    ans 
   
    de 
   
    règne. 
   
    C'était 
   
    une 
   
    tâche 
   
    utile 
   
    et 
   
    une 
   
    fonction 
   
    honorable 
   
    que 
   
    l'intendance 
   
    royale 
   
    des 
   
    Neiges, 
   
    d'où 
   
    tirait 
   
    probablement 
   
    son 
   
    nom 
   
    une 
   
    de 
   
    nos 
   
    plus 
   
    nobles 
   
    familles 
   
    ou 
   
    races, 
    
     Ձիւնական. 
   
    Pour 
   
    la 
   
    sûreté 
   
    des 
   
    voyageurs, 
   
    on 
   
    établissait 
   
    des 
   
    hôtels 
   
    ou 
   
    caravanséraïs 
   
    sur 
   
    les 
   
    chemins 
   
    et 
   
    passages 
   
    les 
   
    plus 
   
    fréquentés 
   
    et 
   
    le 
   
    plus 
   
    dangereux: 
   
    tels 
   
    sont, 
   
    entre 
   
    autres, 
   
    les 
    
     khans 
   
    du 
   
    vallon 
   
    de 
   
    Rahva, 
   
    entre 
   
    Bidlis 
   
    et 
   
    Khelath. 
  
 
   
    Cet 
   
    hiver 
   
    arménien, 
   
    comme 
   
    le 
   
    nomme 
   
    le 
   
    grand 
   
    Chrysostome, 
   
    qui 
   
    en 
   
    éprouva 
   
    les 
   
    rigueurs, 
   
    fut 
   
    souvent 
   
    l'effroi 
   
    des 
   
    conquérants; 
   
    il 
   
    est 
   
    proverbial 
   
    chez 
   
    les 
   
    historiens 
   
    et 
   
    les 
   
    poètes 
   
    de 
   
    l'antiquité, 
   
    de 
   
    Xénophon 
   
    jusqu'aux 
   
    chronographes 
   
    byzantins. 
   
    De 
   
    nos 
   
    jours, 
   
    des 
   
    voyageurs 
   
    naturalistes 
   
    ont 
   
    constaté 
   
    que 
   
    l'hiver 
   
    d'Erzeroum 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    moins 
   
    rigoureux 
   
    que 
   
    celui 
   
    du 
   
    Grand 
   
    S. 
   
    Bernard, 
   
    malgré 
   
    une 
   
    latitude 
   
    de 
   
    5 
   
    degrés 
   
    de 
   
    moins 
   
    et 
   
    une 
   
    hauteur 
   
    absolue 
   
    de 
   
    500 
   
    mètres 
   
    au-dessous 
   
    du 
   
    célèbre 
   
    hospice 
   
    des 
   
    Alpes; 
   
    et 
   
    que 
   
    l'hiver 
   
    d'Agori, 
   
    sous 
   
    39 
   
    degrés 
   
    de 
   
    latitude, 
   
    et 
   
    à 
   
    la 
   
    hauteur 
   
    de 
   
    1760 
   
    mètres, 
   
    égale 
   
    celui 
   
    du 
   
    Cap-Nord 
   
    sous 
   
    la 
   
    zone 
   
    glaciale, 
   
    à 
   
    l'extrémité 
   
    de 
   
    l'Europe: 
   
    à 
   
    Erivan, 
   
    capitale 
   
    de 
   
    l'Arménie-Russe, 
   
    on 
   
    a 
   
    observé 
   
    l'été, 
   
    à 
   
    l'ombre, 
   
    une 
   
    température 
   
    de 
   
    30° 
   
    R. 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    zéro, 
   
    et 
   
    l'hiver 
   
    de 
   
    30° 
   
    au-dessous: 
   
    alternative 
   
    qu'on 
   
    trouverait 
   
    à 
   
    peine 
   
    sous 
   
    la 
   
    zone 
   
    polaire 
   
    en 
   
    Groënland, 
   
    et 
   
    qu'on 
   
    ne 
   
    voit 
   
    nulle 
   
    part. 
  
 
   
    Le 
   
    contraste 
   
    est 
   
    plus 
   
    frappant 
   
    encore 
   
    quand 
   
    on 
   
    considère 
   
    l'aspect 
   
    triste 
   
    et 
   
    monotone 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    à 
   
    l'époque 
   
    de 
   
    l'année, 
   
    où, 
   
    derrière 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    qui 
   
    le 
   
    séparent 
   
    du 
   
    Pont, 
   
    les 
   
    orangers 
   
    fleurissent 
   
    en 
   
    plein 
   
    air. 
   
    Trébizonde 
   
    est 
   
    saluée 
   
    déjà 
   
    par 
   
    l'hirondelle 
   
    qui, 
   
    en 
   
    y 
   
    venant, 
   
    plane 
   
    sur 
   
    l'Arménie 
   
    sans 
   
    y 
   
    toucher; 
   
    tandis 
   
    que 
   
    à 
   
    Mossul, 
   
    au 
   
    pied 
   
    d'autres 
   
    montagnes 
   
    moins 
   
    élevées, 
   
    on 
   
    vend 
   
    la 
   
    glace 
   
    pour 
   
    tempérer 
   
    les 
   
    chaleurs 
   
    étouffantes. 
   
    Cependant 
   
    entre 
   
    la 
   
    capitale 
   
    du 
   
    Pont 
   
    et 
   
    celle 
   
    de 
   
    l'Assyrie, 
   
    l'étendue 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    en 
   
    droite 
   
    ligne, 
   
    n'excède 
   
    pas 
   
    6-700 
   
    kilomètres; 
   
    de 
   
    sorte 
   
    que 
   
    la 
   
    vapeur 
   
    pourrait 
   
    la 
   
    franchir 
   
    entre 
   
    l'aube 
   
    et 
   
    la 
   
    nuit 
   
    d'une 
   
    longue 
   
    journée: 
   
    matinée 
   
    de 
   
    printemps, 
   
    midi 
   
    d'hiver, 
   
    soirée 
   
    d'été. 
   
    Probablement 
   
    vous 
   
    ne 
   
    profiterez 
   
    pas, 
   
    Messieurs, 
   
    de 
   
    ce 
   
    train 
   
    de 
   
    plaisir; 
   
    vous 
   
    ne 
   
    voudrez 
   
    pas, 
   
    dans 
   
    une 
   
    seule 
   
    journée, 
   
    vivre 
   
    trois 
   
    saisons 
   
    différentes, 
   
    surtout 
   
    la 
   
    deuxième. 
   
    Quelle 
   
    horreur, 
   
    direz-vous, 
   
    quel 
   
    affreux 
   
    pays 
   
    que 
   
    ce 
   
    pays 
   
    d'Arménie! 
   
    Vous 
   
    en 
   
    voulez 
   
    donc 
   
    à 
   
    mon 
   
    pauvre 
   
    pays? 
   
    Ah! 
   
    quand 
   
    la 
   
    patrie 
   
    est 
   
    bien-aimée, 
   
    toutes 
   
    les 
   
    saisons 
   
    sont 
   
    belles, 
   
    et 
   
    la 
   
    nature 
   
    la 
   
    plus 
   
    sauvage 
   
    s'adoucit 
   
    dans 
   
    un 
   
    cœur 
   
    cultivé! 
   
    Toutefois, 
   
    je 
   
    connais 
   
    de 
   
    vos 
   
    compatriotes, 
   
    des 
   
    habitants 
   
    de 
   
    Paris 
   
    et 
   
    de 
   
    Londres, 
   
    des 
   
    négociants, 
   
    des 
   
    consuls 
   
    qui 
   
    ne 
   
    quitteraient 
   
    pas 
   
    facilement 
   
    le 
   
    séjour 
   
    d'Erzeroum 
   
    pour 
   
    revenir 
   
    en 
   
    Europe, 
   
    bien 
   
    qu'ils 
   
    voient 
   
    l'eau 
   
    gelée 
   
    la 
   
    nuit 
   
    même 
   
    du 
   
    solstice 
   
    du 
   
    Cancer. 
  
 
   
    Ces 
   
    quatre 
   
    ou 
   
    cinq 
   
    mois 
   
    délicieux, 
   
    placés 
   
    entre 
   
    deux 
   
    hivers, 
   
    ils 
   
    les 
   
    préfèrent 
   
    à 
   
    toute 
   
    une 
   
    année 
   
    dans 
   
    votre 
   
    climat, 
   
    et 
   
    dans 
   
    plus 
   
    d'un 
   
    autre. 
   
    L'élasticité, 
   
    la 
   
    pureté 
   
    de 
   
    l'air, 
   
    et 
   
    la 
   
    fraicheur 
   
    de 
   
    son 
   
    courant, 
   
    la 
   
    limpidité 
   
    des 
   
    eaux, 
   
    la 
   
    vigueur, 
   
    l'éclat 
   
    de 
   
    la 
   
    végétation, 
   
    la 
   
    saveur 
   
    des 
   
    produits 
   
    de 
   
    cette 
   
    terre 
   
    aérienne, 
   
    pour 
   
    ainsi 
   
    dire, 
   
    ont 
   
    fait 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    un 
   
    pays 
   
    de 
   
    délices, 
   
    un 
   
    quartier 
   
    d'été 
   
    pour 
   
    les 
   
    conquérants 
   
    d'Asie 
   
    et 
   
    les 
   
    rois 
   
    voisins, 
   
    depuis 
   
    Sémiramis, 
   
    jusqu'aux 
   
    gouverneurs 
   
    de 
   
    la 
   
    Transcaucasie. 
   
    Le 
   
    château 
   
    de 
   
    Van, 
   
    bâti 
   
    sur 
   
    un 
   
    pic 
   
    ou 
   
    rocher 
   
    isolé, 
   
    à 
   
    plusieurs 
   
    centaines 
   
    de 
   
    pieds 
   
    au-dessus 
   
    du 
   
    plateau 
   
    qui 
   
    lui-même 
   
    s'élève 
   
    de 
   
    plus 
   
    de 
   
    5100 
   
    pieds 
   
    au-dessus 
   
    du 
   
    niveau 
   
    de 
   
    la 
   
    mer, 
   
    cette 
   
    merveille 
   
    de 
   
    la 
   
    nature 
   
    et 
   
    de 
   
    l'art, 
   
    a 
   
    été 
   
    le 
   
    premier 
   
    chateau 
   
    de 
   
    plaisance 
   
    d'été 
   
    de 
   
    cette 
   
    reine 
   
    orgueilleuse, 
   
    dont 
   
    il 
   
    porte 
   
    encore 
   
    le 
   
    nom, 
   
    nom 
   
    perdu 
   
    dans 
   
    les 
   
    ruines 
   
    de 
   
    Babylone 
   
    et 
   
    d'Ecbatane. 
   
    Ainsi 
   
    nos 
   
    rois, 
   
    n'avaient 
   
    pas 
   
    le 
   
    besoin 
   
    de 
   
    chercher 
   
    leurs 
   
    quartiers 
   
    d'hiver 
   
    chez 
   
    l'étranger. 
  
 
   
    L'immense 
   
    plaine 
   
    ou 
   
    le 
   
    steppe 
   
    de 
   
    Moughan, 
   
    que 
   
    traversent 
   
    l'Araxe 
   
    et 
   
    la 
   
    Cour 
   
    avant 
   
    et 
   
    après 
   
    leur 
   
    jonction, 
   
    a 
   
    été 
   
    de 
   
    tout 
   
    temps, 
   
    par 
   
    un 
   
    autre 
   
    contraste, 
   
    le 
   
    refuge 
   
    d'hiver 
   
    pour 
   
    le 
   
    règne 
   
    animal 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays. 
   
    L'été, 
   
    c'est 
   
    un 
   
    désert 
   
    aride 
   
    qui, 
   
    sous 
   
    une 
   
    herbe 
   
    brulée 
   
    ne 
   
    produit 
   
    que 
   
    des 
   
    serpents 
   
    perfides, 
   
    dont 
   
    l'armée 
   
    de 
   
    Pompée 
   
    a 
   
    beaucoup 
   
    plus 
   
    souffert 
   
    que 
   
    de 
   
    tous 
   
    ses 
   
    ennemis 
   
    en 
   
    Asie; 
   
    il 
   
    devient 
   
    un 
   
    pâturage 
   
    et 
   
    un 
   
    véritable 
   
    haras 
   
    entre 
   
    l'été 
   
    et 
   
    l'hiver. 
   
    Dans 
   
    cette 
   
    dernière 
   
    saison, 
   
    à 
   
    peine 
   
    effleuré 
   
    par 
   
    une 
   
    neige 
   
    transparente, 
   
    Moughan 
   
    se 
   
    peuple 
   
    de 
   
    ces 
   
    charmants 
   
    épicuriens 
   
    ailés, 
   
    dont 
   
    les 
   
    migrations 
   
    annuelles 
   
    charment 
   
    le 
   
    laboureur 
   
    et 
   
    le 
   
    philosophe. 
   
    Une 
   
    race, 
   
    toute 
   
    autre 
   
    que 
   
    celle 
   
    de 
   
    ces 
   
    oiseaux 
   
    paisibles, 
   
    s'emparant 
   
    au 
   
    moyen 
   
    âge 
   
    de 
   
    ces 
   
    vastes 
   
    solitudes, 
   
    les 
   
    couvrit 
   
    de 
   
    hordes 
   
    belliqueuses 
   
    sorties 
   
    des 
   
    steppes 
   
    au-delà 
   
    du 
   
    Djihoun 
   
    et 
   
    du 
   
    Jaxarde: 
   
    les 
   
    armées 
   
    innombrables 
   
    des 
   
    Mongols, 
   
    guidées 
   
    par 
   
    Djourmaghoun 
   
    et 
   
    Houlaghou, 
   
    y 
   
    dressaient 
   
    durant 
   
    l'hiver 
   
    leurs 
   
    chevaux 
   
    et 
   
    leurs 
   
    troupes 
   
    au 
   
    carnage 
   
    et 
   
    au 
   
    pillage, 
   
    qu'elles 
   
    exerçaient 
   
    au 
   
    printemps 
   
    dans 
   
    tous 
   
    les 
   
    pays 
   
    d'alentour. 
   
    Leurs 
   
    chefs 
   
    sanguinaires, 
   
    à 
   
    l'approche 
   
    des 
   
    chaleurs, 
   
    se 
   
    sauvaient 
   
    sur 
   
    les 
   
    fraiches 
   
    hauteurs 
   
    d'Aladagh, 
   
    montagne 
   
    de 
   
    la 
   
    chaine 
   
    de 
   
    l'Ararat, 
   
    sur 
   
    laquelle 
   
    Abagha-Khan 
   
    se 
   
    batit 
   
    un 
   
    somptueux 
   
    château, 
   
    vaste 
   
    comme 
   
    une 
   
    cité, 
   
    dont 
   
    les 
   
    restes 
   
    ont 
   
    échappé 
   
    à 
   
    l'investigation 
   
    des 
   
    voyageurs, 
   
    comme 
   
    sa 
   
    position 
   
    est 
   
    restée 
   
    inconnue 
   
    aux 
   
    célèbres 
   
    orientalistes 
   
    qui 
   
    traitèrent 
   
    de 
   
    l'histoire 
   
    des 
   
    Mongols. 
  
 
   
    Cette 
   
    longue 
   
    chaine 
   
    de 
   
    l'Ararat, 
   
    que 
   
    je 
   
    viens 
   
    de 
   
    nommer, 
   
    partage 
   
    toute 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    verse 
   
    ses 
   
    eaux, 
   
    d'un 
   
    côté, 
   
    dans 
   
    les 
   
    mers 
   
    Euxi 
   
    nienne 
   
    et 
   
    Caspienne, 
   
    de 
   
    l'autre 
   
    dans 
   
    la 
   
    Méditerranée 
   
    et 
   
    dans 
   
    le 
   
    golfe 
   
    Persique. 
   
    Soudée 
   
    elle-même 
   
    à 
   
    l'immense 
   
    zone 
   
    de 
   
    montagnes 
   
    qui 
   
    d'un 
   
    bout 
   
    à 
   
    l'autre 
   
    entoure 
   
    toute 
   
    l'Asie, 
   
    des 
   
    extrémités 
   
    des 
   
    Indes 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    Chine, 
   
    jusqu'à 
   
    celles 
   
    de 
   
    l'Asie 
   
    Mineure, 
   
    et 
   
    se 
   
    prolonge 
   
    même 
   
    dans 
   
    l'Europe 
   
    orientale, 
   
    cette 
   
    chaine 
   
    arménienne, 
   
    avec 
   
    ses 
   
    contreforts, 
   
    est 
   
    regardée 
   
    par 
   
    le 
   
    plus 
   
    grand 
   
    géologue 
   
    des 
   
    temps 
   
    modernes, 
   
    Humboldt, 
   
    comme 
   
    le 
   
    centre 
   
    de 
   
    gravité 
   
    de 
   
    tout 
   
    l'ancien 
   
    monde; 
   
    elle 
   
    est 
   
    en 
   
    effet 
   
    située 
   
    à 
   
    distances 
   
    égales 
   
    du 
   
    Cap-de 
   
    Bonne-Espérance 
   
    et 
   
    du 
   
    détroit 
   
    de 
   
    Behring, 
   
    des 
   
    bords 
   
    sablonneux 
   
    du 
   
    Sahara 
   
    et 
   
    de 
   
    ceux 
   
    de 
   
    Gobi, 
   
    des 
   
    vagues 
   
    de 
   
    l'Atlantique 
   
    et 
   
    du 
   
    Pacifique. 
   
    Cependant, 
   
    cette 
   
    chaine, 
   
    pas 
   
    plus 
   
    qu'aucune 
   
    autre 
   
    dans 
   
    l'Arménie, 
   
    ne 
   
    dessine 
   
    clairement 
   
    ni 
   
    ce 
   
    rempart 
   
    impénétrable 
   
    du 
   
    Caucase, 
   
    ni 
   
    ces 
   
    crêtes 
   
    continues 
   
    des 
   
    Andes, 
   
    de 
   
    l'Himalaya 
   
    et 
   
    des 
   
    Apennins; 
   
    elle 
   
    n'a 
   
    pas 
   
    même 
   
    l'aspect 
   
    imposant 
   
    du 
   
    Taurus 
   
    dans 
   
    l'Asie 
   
    Mineure 
   
    méridionale. 
  
 
   
    L'Arménie 
   
    est 
   
    traversée 
   
    par 
   
    plus 
   
    d'un 
   
    chainon 
   
    secondaire 
   
    des 
   
    branches 
   
    du 
   
    Caucase, 
   
    du 
   
    Taurus 
   
    et 
   
    de 
   
    l'Ararat; 
   
    elle 
   
    est 
   
    coupée 
   
    par 
   
    des 
   
    blocs 
   
    de 
   
    montagnes, 
   
    hérissée 
   
    de 
   
    pics 
   
    isolés, 
   
    bien 
   
    autrement 
   
    imposants 
   
    par 
   
    leurs 
   
    formes, 
   
    par 
   
    leur 
   
    hauteur 
   
    et 
   
    leur 
   
    volume: 
   
    et 
   
    c'est 
   
    à 
   
    bon 
   
    droit 
   
    que 
   
    le 
   
    père 
   
    de 
   
    la 
   
    géographie 
   
    comparée, 
   
    Ritter, 
   
    nomme 
   
    notre 
   
    pays, 
    
     Ile-à-montagnes 
   
    (Berg-insel). 
   
    Vous 
   
    n'en 
   
    jugerez 
   
    pas 
   
    autrement, 
   
    si 
   
    vous 
   
    l'observez 
   
    entre 
   
    les 
   
    plaines 
   
    de 
   
    la 
   
    Mésopotamie, 
   
    de 
   
    l'Albanie 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    Géorgie, 
   
    entre 
   
    la 
   
    mer 
   
    Noire 
   
    et 
   
    la 
   
    mer 
   
    Caspienne, 
   
    où 
   
    le 
   
    plateau 
   
    s'élève 
   
    à 
   
    plus 
   
    de 
   
    2000 
   
    mètres, 
   
    avec 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    d'une 
   
    hauteur 
   
    absolue 
   
    de 
   
    5000 
   
    mètres. 
   
    Son 
   
    point 
   
    culminant, 
   
    le 
   
    Massis 
   
    ou 
   
    Grand-Ararat 
   
    (5156 
   
    m.
   
    ), 
   
    dépasse 
   
    de 
   
    près 
   
    de 
   
    500 
   
    mètres 
   
    le 
   
    Mont-Blanc; 
   
    et, 
   
    isolé 
   
    de 
   
    trois 
   
    côtés, 
   
    il 
   
    s'élève 
   
    comme 
   
    le 
   
    géant 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    à 
   
    plus 
   
    de 
   
    4000 
   
    mètres 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    la 
   
    plaine 
   
    de 
   
    l'Araxe; 
   
    montrant 
   
    glorieusement 
   
    à 
   
    une 
   
    distance 
   
    de 
   
    50 
   
    lieues 
   
    sa 
   
    tête 
   
    chenue, 
   
    autrefois 
   
    couronnée, 
   
    selon 
   
    la 
   
    tradition 
   
    pieuse, 
   
    par 
   
    le 
   
    berceau 
   
    de 
   
    l'humanité, 
   
    l'arche 
   
    de 
   
    Noé. 
   
    Par 
   
    cet 
   
    isolement 
   
    et 
   
    cette 
   
    hauteur 
   
    relative 
   
    il 
   
    semble 
   
    plus 
   
    imposant 
   
    et 
   
    plus 
   
    majestueux 
   
    que 
   
    les 
   
    sommités 
   
    mêmes 
   
    des 
   
    Cordilières 
   
    et 
   
    de 
   
    l'Himalaya. 
   
    La 
   
    cape 
   
    blanche 
   
    qui 
   
    le 
   
    couvre 
   
    perpétuellement 
   
    fait 
   
    un 
   
    contraste 
   
    frappant 
   
    avec 
   
    ses 
   
    flancs 
   
    noirs, 
   
    quand 
   
    ils 
   
    se 
   
    dégagent 
   
    du 
   
    manteau 
   
    de 
   
    l'hiver. 
   
    Car 
   
    c'est 
   
    encore 
   
    un 
   
    phénomène 
   
    des 
   
    plus 
   
    remarquables 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    que 
   
    la 
   
    hauteur 
   
    de 
   
    la 
   
    ligne 
   
    de 
   
    glace 
   
    de 
   
    ses 
   
    montagnes; 
   
    aucune 
   
    d'elles 
   
    cependant, 
   
    excepté 
   
    le 
   
    Massis, 
   
    ne 
   
    la 
   
    conserve 
   
    toute 
   
    l'année, 
   
    si 
   
    ce 
   
    n'est 
   
    sur 
   
    quelques 
   
    cols 
   
    peu 
   
    nombreux. 
   
    Ainsi, 
   
    cette 
   
    ligne 
   
    ne 
   
    descend 
   
    pas 
   
    au-dessous 
   
    de 
   
    4000 
   
    mètres 
   
    dans 
   
    les 
   
    cônes 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    de 
   
    3500 
   
    dans 
   
    ses 
   
    chainons. 
   
    Il 
   
    avait 
   
    donc 
   
    raison 
   
    le 
   
    poète 
   
    latin
    
     [1] 
   
    de 
   
    remarquer 
   
    que 
   
    pas 
   
    même 
   
    dans 
   
    les 
   
    monts 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    la 
   
    glace 
   
    inerte 
   
    ne 
   
    restait 
   
    pendant 
   
    toute 
   
    l'année: 
  
 
   
    Nec 
   
    Armeniis 
   
    in 
   
    oris
  
 ...
   
    Stat 
   
    glacies 
   
    iners
  
 
   
    Menses 
   
    per 
   
    omnes.
  
 
   
    Qu'il 
   
    est 
   
    donc 
   
    grand 
   
    le 
   
    contraste 
   
    de 
   
    l'aspect 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays 
   
    entre 
   
    les 
   
    mois 
   
    des 
   
    deux 
   
    extrémités 
   
    de 
   
    l'année 
   
    et 
   
    ceux 
   
    du 
   
    milieu; 
   
    entre 
   
    ce 
   
    linceul 
   
    blanc 
   
    qui 
   
    le 
   
    couvre 
   
    littéralement 
   
    tout 
   
    entier, 
   
    et 
   
    le 
   
    tapis 
   
    de 
   
    verdure 
   
    variée 
   
    qui 
   
    y 
   
    succède 
   
    subitement! 
   
    Mais 
   
    comment 
   
    disparaissent 
   
    ces 
   
    énormes 
   
    amas 
   
    de 
   
    neige 
   
    et 
   
    de 
   
    glace? 
   
    où 
   
    vont 
   
    se 
   
    décharger 
   
    ces 
   
    monceaux 
   
    des 
   
    eaux 
   
    naguère 
   
    enchainées? 
   
    Elles 
   
    devraient 
   
    sans 
   
    doute 
   
    ravager, 
   
    inonder, 
   
    anéantir 
   
    toute 
   
    la 
   
    surface 
   
    du 
   
    pays, 
   
    si 
   
    la 
   
    nature 
   
    en 
   
    le 
   
    formant 
   
    ne 
   
    l'avait 
   
    pour 
   
    ainsi 
   
    dire 
   
    bombé 
   
    et 
   
    placé 
   
    comme 
   
    un 
   
    bouclier 
   
    convexe 
   
    entre 
   
    quatre 
   
    mers 
   
    méditerranées, 
   
    vers 
   
    les 
   
    quelles 
   
    ses 
   
    versants 
   
    inclinés 
   
    déversent 
   
    abondamment 
   
    ces 
   
    filtrations 
   
    limpides, 
   
    nourricières 
   
    des 
   
    plus 
   
    grands 
   
    fleuves 
   
    de 
   
    l'Asie 
   
    antérieure. 
  
 
   
    Outre 
   
    le 
   
    penchant 
   
    prononcé 
   
    du 
   
    terrain, 
   
    les 
   
    lits 
   
    de 
   
    ses 
   
    fleuves 
   
    sont 
   
    très-profonds; 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    qui 
   
    présentent 
   
    des 
   
    bords 
   
    escarpés 
   
    de 
   
    plusieurs 
   
    centaines 
   
    de 
   
    pieds 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    leurs 
   
    ondes 
   
    noirâtres; 
   
    et 
   
    c'est 
   
    pourquoi 
   
    plusieurs 
   
    de 
   
    ces 
   
    fleuves 
   
    ou 
   
    rivières 
   
    se 
   
    nomment 
   
    Noirs. 
   
    Tout 
   
    ce 
   
    déluge 
   
    annuel 
   
    ne 
   
    suffirait 
   
    pas 
   
    pour 
   
    alimenter 
   
    la 
   
    terre, 
   
    si 
   
    la 
   
    patiente 
   
    industrie 
   
    du 
   
    cultivateur 
   
    n'avait 
   
    creusé 
   
    une 
   
    multitude 
   
    de 
   
    canaux, 
   
    et 
   
    formé 
   
    un 
   
    réseau 
   
    mouvant 
   
    autour 
   
    de 
   
    ses 
   
    champs 
   
    et 
   
    de 
   
    ses 
   
    prairies. 
   
    Il 
   
    faut 
   
    le 
   
    reconnaitre, 
   
    nos 
   
    pères, 
   
    sans 
   
    avoir 
   
    les 
   
    ressources 
   
    de 
   
    notre 
   
    époque, 
   
    étaient 
   
    assez 
   
    avancés 
   
    dans 
   
    l'art 
   
    hydraulique. 
   
    L'eau 
   
    stagnante 
   
    dans 
   
    le 
   
    creux 
   
    du 
   
    vallon, 
   
    ou 
   
    se 
   
    frayant 
   
    un 
   
    passage 
   
    à 
   
    travers 
   
    le 
   
    roc 
   
    des 
   
    ravins, 
   
    non 
   
    seulement 
   
    était 
   
    attirée 
   
    pour 
   
    concourir 
   
    avec 
   
    la 
   
    sueur 
   
    du 
   
    laboureur, 
   
    mais 
   
    elle 
   
    était 
   
    poussée 
   
    quelquefois 
   
    par 
   
    des 
   
    sentiers 
   
    serpentants 
   
    le 
   
    long 
   
    des 
   
    rochers 
   
    escarpés 
   
    et 
   
    des 
   
    collines 
   
    à 
   
    pie, 
   
    pour 
   
    se 
   
    recueillir, 
   
    à 
   
    leur 
   
    sommet, 
   
    dans 
   
    un 
   
    bassin 
   
    taillé 
   
    dans 
   
    le 
   
    roc 
   
    du 
   
    château-fort 
   
    d'un 
   
    seigneur 
   
    ou 
   
    d'un 
   
    vassal 
   
    opprimé 
   
    par 
   
    un 
   
    tyran. 
   
    Ailleurs, 
   
    par 
   
    un 
   
    autre 
   
    procédé 
   
    et 
   
    avec 
   
    d'autres 
   
    vues, 
   
    on 
   
    creusait 
   
    des 
   
    passages 
   
    sous 
   
    le 
   
    lit 
   
    profond 
   
    des 
   
    fleuves: 
   
    Ani, 
   
    par 
   
    exemple, 
   
    dernière 
   
    capitale 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    avait 
   
    son 
   
    tunnel 
   
    900 
   
    ans 
   
    avant 
   
    Londres. 
   
    A 
   
    la 
   
    vue 
   
    de 
   
    ces 
   
    travaux 
   
    hydrauliques, 
   
    on 
   
    conçoit 
   
    que 
   
    de 
   
    tels 
   
    ouvriers 
   
    étaient 
   
    capables 
   
    de 
   
    dompter 
   
    ces 
   
    courants 
   
    d'eau 
   
    par 
   
    des 
   
    arcades 
   
    de 
   
    pierre, 
   
    c'est-à-dire 
   
    des 
   
    ponts; 
   
    et 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    avait 
   
    assez 
   
    pour 
   
    qu'un 
   
    de 
   
    nos 
   
    bardes 
   
    du 
   
    moyen-âge 
   
    voulat 
   
    jurer 
   
    par 
   
    ces 
   
    ponts 
   
    de 
   
    pierre. 
   
    Cependant 
   
    ce 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    sans 
   
    peine 
   
    que 
   
    l'architecte 
   
    parvenait 
   
    à 
   
    relier 
   
    les 
   
    deux 
   
    rivages 
   
    des 
   
    fleuves 
   
    rapides 
   
    et 
   
    torrentiels, 
   
    témoin 
   
    la 
   
    fameuse 
   
    expression 
   
    de 
   
    Virgile: 
  
 
   
    Pontem 
   
    indignatus 
   
    Araxes.
  
 
   
    Vainement 
   
    Alexandre 
   
    et 
   
    Auguste 
   
    avaient 
   
    cherché 
   
    à 
   
    dompter 
   
    ce 
   
    fleuve. 
   
    Un 
   
    autre 
   
    empereur 
   
    se 
   
    crut 
   
    plus 
   
    heureux 
   
    en 
   
    y 
   
    jetant 
   
    un 
   
    pont, 
   
    au 
   
    moins 
   
    momentanément; 
   
    et 
   
    un 
   
    autre 
   
    poète 
   
    courtisan
    
     [2] 
   
    de 
   
    chanter 
   
    bien 
   
    vite: 
  
 
   
    Patiens 
   
    Latii 
   
    jam 
   
    pontis 
   
    Araxes.
  
 
   
    Mais 
   
    le 
   
    fleuve 
   
    patriotique, 
   
    s'indignant 
   
    de 
   
    nouveau 
   
    contre 
   
    ces 
   
    constructions 
   
    impériales, 
   
    les 
   
    foula 
   
    sous 
   
    ses 
   
    ondes, 
   
    tandis 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    joue 
   
    doucement 
   
    sous 
   
    le 
   
    grand 
   
    pont 
   
    à 
   
    sept 
   
    arches 
   
    dont 
   
    un 
   
    påtre 
   
    modeste 
   
    jeta 
   
    les 
   
    fondements. 
   
    Le 
    
     Pont-du-pâtre 
   
    (Tchoban-Këoprussu) 
   
    est 
   
    proverbial 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    et 
   
    dans 
   
    les 
   
    contrées 
   
    voisines. 
   
    Laissant 
   
    les 
   
    autres, 
   
    j'en 
   
    citerai 
   
    un 
   
    seul 
   
    dans 
   
    le 
   
    district 
   
    proprement 
   
    dit 
   
    des 
   
    Vallons 
   
    (
    
     Ձորափոր
   
    ), 
   
    d'une 
   
    seule 
   
    arche 
   
    de 
   
    pierre, 
   
    qu'une 
   
    reine, 
   
    à 
   
    la 
   
    fleur 
   
    de 
   
    la 
   
    jeunesse 
   
    et 
   
    déjà 
   
    veuve, 
   
    construisit 
   
    en 
   
    souvenir 
   
    de 
   
    son 
   
    royal 
   
    époux, 
   
    le 
   
    malheureux 
   
    Abas 
   
    Bagratide 
   
    oriental, 
   
    sur 
   
    un 
   
    ravin 
   
    profond, 
   
    comme 
   
    symbole 
   
    de 
   
    l'union 
   
    de 
   
    deux 
   
    vies 
   
    et 
   
    de 
   
    deux 
   
    mondes 
   
    en 
   
    perspective. 
   
    Elle 
   
    y 
   
    inscrivit 
   
    en 
   
    relief, 
   
    au 
   
    pied 
   
    d'une 
   
    croix, 
   
    la 
   
    devise 
   
    de 
   
    son 
   
    amour 
   
    et 
   
    de 
   
    sa 
   
    foi 
   
    ardente. 
   
    Nul 
   
    patriote 
   
    ne 
   
    pourrait 
   
    traverser 
   
    ce 
   
    pont 
   
    inspiré, 
   
    si 
   
    j'ose 
   
    le 
   
    dire, 
   
    sans 
   
    jeter 
   
    un 
   
    coup 
   
    d'ail 
   
    mélancolique 
   
    et 
   
    sur 
   
    les 
   
    ondes 
   
    rapides 
   
    qui 
   
    toujours 
   
    abandonnent 
   
    leur 
   
    fond 
   
    et 
   
    toujours 
   
    le 
   
    couvrent, 
   
    et 
   
    sur 
   
    cette 
   
    inscription 
   
    protégée 
   
    par 
   
    le 
   
    signe 
   
    de 
   
    l'espérance 
   
    chrétienne, 
   
    et 
   
    sur 
   
    ces 
   
    deux 
   
    monastères 
   
    voisins, 
   
    Haghpade 
   
    et 
   
    Sanahine, 
   
    vrais 
   
    Saint-Denis 
   
    et 
   
    Saint-Paul 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    du 
   
    moyen 
   
    age, 
   
    où 
   
    reposent 
   
    plus 
   
    de 
   
    40 
   
    têtes 
   
    couronnées, 
   
    avec 
   
    celle 
   
    de 
   
    la 
   
    pieuse 
   
    Nana, 
   
    la 
   
    reine 
   
    dont 
   
    je 
   
    parlais! 
   
    Heureusement 
   
    le 
   
    temps, 
   
    moins 
   
    dévastateur 
   
    que 
   
    l'homme, 
   
    nous 
   
    a 
   
    conservé 
   
    intact, 
   
    après 
   
    700 
   
    ans, 
   
    ce 
   
    monument 
   
    à 
   
    la 
   
    fois 
   
    civil 
   
    et 
   
    sacré!... 
   
    Mais 
   
    serait-ce 
   
    une 
   
    sirène 
   
    enchanteresse, 
   
    cachée 
   
    aux 
   
    fonds 
   
    de 
   
    ces 
   
    eaux 
   
    bouillonnantes, 
   
    qui 
   
    m'a 
   
    entrainé 
   
    si 
   
    loin 
   
    de 
   
    mon 
   
    sujet? 
   
    Ah! 
   
    Messieurs, 
   
    quoi 
   
    de 
   
    plus 
   
    fort, 
   
    de 
   
    plus 
   
    attrayant, 
   
    de 
   
    plus 
   
    saint 
   
    que 
   
    l'harmonie 
   
    de 
   
    la 
   
    nature 
   
    avec 
   
    la 
   
    religion 
   
    et 
   
    les 
   
    souvenirs 
   
    de 
   
    la 
   
    patrie: 
   
    souvenirs 
   
    si 
   
    doux, 
   
    même 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    douleurs! 
  
 
   
    Avant 
   
    de 
   
    dire 
   
    adieu 
   
    à 
   
    l'hydrographie 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    vous 
   
    avez 
   
    remarqué 
   
    sans 
   
    doute 
   
    qu'en 
   
    raison 
   
    de 
   
    l'inclinaison 
   
    du 
   
    terrain, 
   
    de 
   
    la 
   
    hauteur 
   
    des 
   
    montagnes, 
   
    de 
   
    l'abondance 
   
    des 
   
    torrents 
   
    et 
   
    de 
   
    l'espace 
   
    proportionellement 
   
    restreint 
   
    de 
   
    leurs 
   
    cours, 
   
    elle 
   
    devrait 
   
    avoir 
   
    des 
   
    cataractes, 
   
    des 
   
    cascades: 
   
    les 
   
    noms 
   
    mêmes 
   
    de 
   
    nos 
   
    fleuves, 
   
    Araxe, 
   
    Tigre, 
   
    Djorokh, 
   
    en 
   
    indiquent 
   
    la 
   
    rapidité. 
   
    Le 
   
    premier 
   
    est 
   
    fameux 
   
    par 
   
    ses 
   
    chutes 
   
    grandioses, 
   
    vers 
   
    la 
   
    partie 
   
    inférieure 
   
    de 
   
    son 
   
    cours, 
   
    qui 
   
    est 
   
    aussi 
   
    la 
   
    partie 
   
    la 
   
    plus 
   
    méridionale 
   
    du 
   
    vaste 
   
    empire 
   
    russe, 
   
    dont 
   
    les 
   
    immenses 
   
    fleuves 
   
    mêmes 
   
    ne 
   
    présentent 
   
    pas 
   
    un 
   
    spectacle 
   
    plus 
   
    magnifique 
   
    et 
   
    en 
   
    même 
   
    temps 
   
    plus 
   
    horrible; 
   
    car 
   
    pour 
   
    frayer 
   
    un 
   
    passage 
   
    à 
   
    travers 
   
    ces 
   
    gouffres 
   
    et 
   
    ces 
   
    énormes 
   
    quartiers 
   
    de 
   
    roche, 
   
    il 
   
    a 
   
    fallu 
   
    qu'un 
   
    terrible 
   
    tremblement 
   
    de 
   
    terre 
   
    renversât 
   
    toute 
   
    une 
   
    montagne 
    
     Grande, 
   
    et 
   
    laissât 
   
    notre 
   
    fleuve 
   
    national 
   
    se 
   
    précipiter 
   
    comme 
   
    un 
   
    coursier 
   
    écumant, 
   
    affranchi 
   
    de 
   
    tout 
   
    frein. 
   
    En 
   
    voyant 
   
    la 
   
    lutte 
   
    opiniâtre 
   
    de 
   
    ces 
   
    blocs 
   
    avec 
   
    ce 
   
    tourbillon 
   
    d'eau 
   
    de 
   
    l'Araxe, 
   
    le 
   
    grand 
   
    Chah 
   
    Abas 
   
    disait 
   
    à 
   
    ses 
   
    suivants: 
   
    Voilà 
   
    comment 
   
    on 
   
    résiste 
   
    à 
   
    l'ennemi: 
   
    - 
   
    Oui, 
   
    Sire, 
   
    quand 
   
    on 
   
    à 
   
    de 
   
    si 
   
    forts 
   
    soutiens, 
   
    lui 
   
    répondit-on, 
  
 
   
    en 
   
    lui 
   
    montrant 
   
    les 
   
    parois 
   
    rocailleux 
   
    qui 
   
    encaissent 
   
    en 
   
    cet 
   
    endroit 
   
    la 
   
    cataracte. 
  
 
   
    L'Euphrate, 
   
    patriarche 
   
    des 
   
    fleuves 
   
    bibliques, 
   
    qui 
   
    prend 
   
    sa 
   
    source 
   
    à 
   
    la 
   
    hauteur 
   
    de 
   
    9000 
   
    pieds 
   
    au 
   
    mont 
   
    des 
   
    Fleurs, 
   
    à 
   
    Garine 
   
    (Érzeroum), 
   
    n'a 
   
    pas 
   
    moins 
   
    de 
   
    300 
   
    rapides 
   
    dans 
   
    l'espace 
   
    d'une 
   
    douzaine 
   
    de 
   
    lieues, 
   
    entre 
   
    la 
   
    Grande 
   
    et 
   
    la 
   
    Petite 
   
    Arménie. 
   
    Son 
   
    affluent 
   
    oriental, 
   
    l'Aradzani, 
   
    près 
   
    du 
   
    célèbre 
   
    pélerinage 
   
    de 
   
    S. 
   
    Jean 
   
    Baptiste 
   
    à 
   
    Mouch, 
   
    se 
   
    précipite 
   
    tout 
   
    entier 
   
    par 
   
    une 
   
    large 
   
    cataracte, 
   
    qui, 
   
    du 
   
    bruit 
   
    de 
   
    ses 
   
    chutes, 
   
    se 
   
    nomme 
    
     Gourgour. 
   
    Enfin 
   
    le 
   
    Djorokh, 
   
    fleuve 
   
    arméno-pontien 
   
    d'un 
   
    cours 
   
    moins 
   
    long, 
   
    et 
   
    plus 
   
    rapide 
   
    que 
   
    les 
   
    autres, 
   
    en 
   
    traversant 
   
    un 
   
    lac 
   
    prend 
   
    la 
   
    forme 
   
    d'une 
   
    vraie 
   
    cascade, 
   
    qui, 
   
    selon 
   
    le 
   
    témoignage 
   
    d'un 
   
    naturaliste 
   
    Allemand, 
   
    (qui 
   
    avait 
   
    parcouru 
   
    trois 
   
    parties 
   
    de 
   
    la 
   
    terre 
   
    et 
   
    observé 
   
    ses 
   
    merveilles), 
   
    ne 
   
    saurait 
   
    être 
   
    surpassée 
   
    en 
   
    beauté 
   
    grandiose 
   
    par 
   
    aucune 
   
    autre, 
   
    si 
   
    ce 
   
    n'est 
   
    par 
   
    la 
   
    cataracte 
   
    du 
   
    Niagara. 
   
    Voudriez 
   
    vous 
   
    maintenant 
   
    essayer 
   
    une 
   
    navigation 
   
    sur 
   
    un 
   
    tel 
   
    fleuve? 
   
    Eh 
   
    bien! 
   
    prenez 
   
    une 
   
    barque 
   
    à 
   
    Artwine, 
   
    ville 
   
    limitrophe 
   
    de 
   
    Lazistan; 
   
    vous 
   
    descendrez 
   
    le 
   
    fleuve 
   
    jusqu'à 
   
    ses 
   
    embouchures, 
   
    à 
   
    Bathoum, 
   
    en 
   
    6 
   
    ou 
   
    7 
   
    heures; 
   
    voulez 
   
    vous 
   
    regagner 
   
    Artwine, 
   
    vous 
   
    remonterez 
   
    le 
   
    fleuve 
   
    en 
   
    6 
   
    ou 
   
    7 
   
    jours : 
   
    vous 
   
    voyez 
   
    que 
   
    la 
   
    pente 
   
    de 
   
    son 
   
    lit 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    médiocre 
   
    et 
   
    que 
   
    son 
   
    courant 
   
    l'est 
   
    moins 
   
    encore. 
  
 
   
    Il 
   
    ne 
   
    faut 
   
    donc 
   
    pas 
   
    compter 
   
    beaucoup 
   
    sur 
   
    la 
   
    navigation 
   
    dans 
   
    les 
   
    eaux 
   
    des 
   
    fleuves 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    bien 
   
    que 
   
    des 
   
    bateaux 
   
    d'une 
   
    certaine 
   
    portée 
   
    sillonnent 
   
    le 
   
    Cour 
   
    et 
   
    l'Araxe 
   
    au 
   
    delà 
   
    de 
   
    leur 
   
    jonction. 
   
    Cependant 
   
    le 
   
    Père 
   
    de 
   
    l'histoire 
   
    grecque 
   
    nous 
   
    apprend 
   
    que, 
   
    de 
   
    son 
   
    temps 
   
    même, 
   
    les 
   
    Arméniens 
   
    tentaient 
   
    une 
   
    navigation 
   
    à 
   
    demi-barbare, 
   
    mais 
   
    ingénieuse 
   
    sur 
   
    l'Euphrate: 
   
    ils 
   
    embarquaient 
   
    les 
   
    produits 
   
    de 
   
    leur 
   
    pays 
   
    et 
   
    de 
   
    l'étranger, 
   
    surtout 
   
    certain 
   
    vin 
   
    de 
   
    palmier, 
   
    dans 
   
    des 
   
    barques 
   
    rondes 
   
    dont 
   
    la 
   
    carène 
   
    était 
   
    de 
   
    saule 
   
    et 
   
    le 
   
    dehors 
   
    de 
   
    peau, 
   
    et 
   
    qui 
   
    pouvaient 
   
    porter 
   
    jusqu'à 
   
    5000 
   
    talents
    
     [3]. 
   
    On 
   
    les 
   
    abandonnait 
   
    au 
   
    courant 
   
    du 
   
    fleuve, 
   
    et 
   
    on 
   
    arrivait 
   
    à 
   
    Babylone: 
   
    le 
   
    retour 
   
    se 
   
    faisait 
   
    par 
   
    terre. 
   
    L'explication 
   
    est 
   
    simple: 
   
    on 
   
    vendait 
   
    la 
   
    partie 
   
    solide 
   
    des 
   
    barques, 
   
    on 
   
    chargeait 
   
    les 
   
    peaux 
   
    sur 
   
    des 
   
    ânes 
   
    qu'on 
   
    avait 
   
    soin 
   
    d'embarquer 
   
    en 
   
    venant, 
   
    et 
   
    on 
   
    s'en 
   
    retournait 
   
    au 
   
    port, 
   
    qui 
   
    certes 
   
    ne 
   
    ressemblait 
   
    guère 
   
    à 
   
    Marseille. 
   
    Je 
   
    ne 
   
    sais 
   
    ce 
   
    que 
   
    vous 
   
    en 
   
    pensez, 
   
    Messieurs, 
   
    mais 
   
    le 
   
    naïf 
   
    Hérodote 
   
    considérait 
   
    cette 
   
    navigation 
   
    comme 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    merveille 
   
    de 
   
    la 
   
    Babylonie, 
   
    après 
   
    sa 
   
    capitale. 
  
 
  
  
   
  
   
  
   
  
    
   
      
       [3] 
     
      A 
     
      peu 
     
      près 
     
      130,
     
      000 
     
      kilogrammes.