Léon le Magnifique premier Roi de Sissouan ou de l'Arménocilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Avant de fermer les yeux, Léon, dût reconnaître une fois de plus cette éternelle vérité que la fortune de ce monde est bien fragile. Il allait bientôt en avoir l'évidence dans un autre monde. D'abord, ce fut le Catholicos Jean qui avait tant dépensé pour fortifier le château de Romcla, (c'est que les Catholicos siégèrent pendant près de soixante-dix ans ), et voulait naguère tenir tête à Léon, ne pouvant plus résister aux assauts continuels des Sarrasins, vint se rendre au roi et lui remettre le château, en prenant en retour, il est vrai, la possession du monastère de Trazargue. Héthoum-Elie, l'Abbé du monastère, l'ancien Seigneur de Lambroun, était mort depuis quelques années. Le Catholicos Jean, n'ayant survécu à Léon qu'un an seulement, il paraît que ce célèbre couvent revint à l'archevêque de Tarse et que Constantin I, le Catholicos qui succéda à Jean, revint sièger à Romcla. Et pourtant, quand tout allait finir pour Léon, lui, les mains tremblantes mais le cœur toujours vaillant, reprit le château et se chargea de le défendre, quoique Romcla fut bien loin de sa capitale et à la portée des coups de l'étranger.

Mais c'est dans la question d'Antioche que se révéla plus que jamais pour Léon l'instabilité de la fortune. Il avait donné à cette affaire bien des années de son existence; c'est elle qui l'avait mis en rapport avec les Occidentaux. Depuis trois ans elle paraissait finie pour toujours, lorsqu'une révolte vint la remettre en suspens et en compliquer la solution.

Un des seigneurs et ministres d'Antioche, Guillaume Farabel, de la famille de Puy, dont les ancêtres étaient venus en Orient avec la première Croisade et avaient pris parti pour le Comte de Tripoli comme des barons vassaux et avaient tenu presque tous le commandement du généralissime, Guillaume, disons-nous, était, paraît-il, généralissime comme eux et, d'accord avec le Comte Bohémond, il remit Antioche dans les mains de ce dernier. Roupin se trouva pris au dépourvu. Nous ignorons les détails de cet év è nement, mais il eut pour conséquence l'expulsion de Roupin du trône et de la ville. Peut-être même que Roupin quitta volontairement Antioche pour courir demander à son grand-oncle le roi Léon de venir encore une fois le protéger. Il osa le faire, disent presque tous les historiens, croyant que son bienfaiteur et son précepteur avaient oublié les affronts qu'il lui avait faits.

Mais il était trop tard. Léon ne pouvait plus lui venir en aide, car il approchait de sa mort et il ne voulut point que ses ministres y allassent à sa place. Le jeune prince qui s'était montré si ingrat et qui se trouvait dans la peine, cette fois par sa faute, par son imprudence, ne devait plus compter désormais que sur ses propres forces et sur son habileté. Il était âgé de 22 ans ou d'un peu plus. Le roi ne voulut plus le voir et se laisser attendrir par la vue de ce jeune homme qu'il avait tant aimé et qu'il avait élevé comme son fils. Il lui avait réservé un royaume et une couronne. Mais il avait passé à un autre son propre royaume et sa succession au trône de Sissouan. Il attendait avec impatience le retour de son ambassadeur Josselin, seigneur de Til-Hamdoun, qui avait été envoyé, depuis près d'une année, près du roi de Hongrie, André, pour amener avec lui à Sis le troisième fils de ce roi, et le marier avec Zabèle, l'héritière du trône d'Arménie. Roupin s'en revint donc, déçu dans son espérance, et alla implorer l'appui du légat du Pape en Syrie ou à Damiette. Ce fut en vain !