Sur
la
frontière
septentrionale
de
la
Cilicie,
vis
à
vis
de
la
chaîne
des
monts
Allah-dagh,
s'élève
la
chaîne
de
l'
Antitaurus.
Elle
est
coupée
par
les
deux
bras
du
fleuve
Sarus,
et
s'étend
encore
à
gauche
de
ce
fleuve
entre
la
Cappadoce
à
l'ouest,
la
région
d'Albistan,
et
la
Troisième
Arménie
à
l'est.
Les
monts
Antitaurus
ne
sont
pas
si
hauts
que
ceux
du
Taurus.
Une
simple
vue
suffit
pour
s'en
convaincre,
et
du
reste
l'hypsométrie
a
montré
qu'ils
atteignent
à
peine
la
moitié
de
la
hauteur
de
ces
montagnes
gigantesques.
On
peut
faire
rentrer
dans
le
groupe
de
l'Antitaurus
les
sommités
qui
s'en
vont
vers
le
sud
entre
Hadjin,
Adana
et
Marache,
et
qui
s'élèvent
des
deux
côtés
du
fleuve
Djihan
et
des
vallées
qui
y
aboutissent.
Parmi
ces
sommités
se
trouve
le
Kermès,
au
sud
du
passage
de
Hadjin,
près
du
fleuve
Göksoun,
(Cucusum)
et
le
Baradoun,
peut-être
le
même
que
le
Brid,
aux
environs
de
Zeithoun.
La
limite
naturelle
entre
la
Cilicie
et
la
Syrie
est
formée
par
les
monts
Amanus,
qui
entourent
le
bord
oriental
du
Golfe
arménien
et
s'étendent
vers
le
sud
avec
plusieurs
sommités
connues
ordinairement
sous
le
nom
général
de
Montagnes
Noires
dites
actuellement
Ghiavour-dagh.
Prise
isolément,
la
partie
méridionale
qui
forme
le
promontoire
de
Rass-el-Khanzir,
s'appelle
Djébel
Moussa,
la
partie
nord
Ackma-dagh
et
celle
du
milieu
Kezel-dagh.
Tous
ces
monts
ne
sont
pas
très
hauts,
mais
ils
paraissent
plus
hauts
que
l'Antitaurus
et
peuvent
atteindre
de
6500
à
7000
pieds.
C'est
dans
cette
région
que
se
trouvent
les
Portes
d'Amanus;
on
en
compte
jusqu'à
trois
et
même
davantage.
La
première,
la
plus
occidentale,
se
trouve
au
nord
d'Ayas;
les
contemporains
l'appellent
Kara-kapou
ou
Démir-kapou;
quelques
uns
la
regardent
même
comme
la
vraie
Porte
de
la
Cilicie.
La
deuxième
est
la
propre
Porte
des
Syriens
près
d'Issus,
un
peu
au
nord
d'Alexandrette;
Macrizie
[1]
lui
donne
même
le
nom
de
cette
ville.
Actuellement,
on
l'appelle
Sakal-toutan.
Pendant
la
domination
des
Arméniens,
on
la
nommait
simplement:
La
Porte,
et
les
Italiens,
Portella.
On
lui
donne
encore
d'autres
noms;
mais
nous
en
parlerons
dans
notre
topographie.
La
troisième
est
au
sud
de
cette
dernière,
entre
les
villes
Beylan
et
Baghras;
elle
est
aussi
connue
sous
le
nom
de
Baghras-béli
ou
encore
sous
celui
de
Porte
d'Antioche,
à
cause
de
la
proximité
de
cette
grande
ville.
Notre
ancien
géographe
(Moïse
de
Khorène)
dit,
d'après
Ptolémée:
«La
Cilicie
a
deux
portes
pour
passer
dans
la
Syrie:
Malice
et
Platan
»;
(
Μαλλος
et
Παλτος
ou
Πλάτος
):
les
géographes
contemporains
prétendent
trouver
ces
lieux
un
peu
plus
loin
près
des
bords
de
la
mer,
le
premier
près
de
l'embouchure
du
fleuve
Djihan,
l'autre
au
delà
des
frontières
de
Sissouan,
au
bord
de
la
Mer
syrienne,
en
face
de
l'île
Arados.
A
côté
de
ces
passages
naturels,
nous
pourrions
citer
encore
la
route
artificielle
au
travers
de
l'échancrure
des
monts
Bulgares.
Elle
monte
jusqu'à
Ghulek-maghara
à
une
hauteur
de
8000
pieds,
passe
par
le
gorge
de
Kochan
à
9400
pieds
et
descend
jusqu'à
la
porte
de
Gouglag.
En
face
de
la
chaîne
des
monts
Amanus,
entre
les
bords
occidentaux
du
Golfe
de
l'Arménie
et
le
fleuve
Djihan,
près
de
Messis,
s'élèvent
quelques
monticules,
appelés
à
cause
de
leur
proximité
à
cette
dernière
ville:
Djébel-messis.
Le
plus
haut
est
connu
sous
le
nom
de
Djébel-el-nour
(Montagne
de
la
lumière)
716
m.
Au
sud
de
ces
monts
et
au
sud-est
de
Messis,
s'étend
le
rameau
interrompu
çà
et
là
des
monts
Duldul.
Ils
se
divisent
en
Grands
et
Petits.
On
dit
qu'ils
sont
éruptifs,
qu'ils
jettent
de
la
fumée
et
qu'on
y
entend
des
bruits
sourds
trois
fois
par
an;
mais
les
voyageurs
savants
ne
s'y
arrêtent
pas.
La
plus
haute
sommité
de
ce
massif
peut
atteindre
7000
pieds,
la
plupart
ne
dépassent
guère
3000
pieds.
Toutes
ces
chaînes
forment
donc
les
montagnes
de
la
Cilicie
et
comme
nous
l'avons
dit,
entourent
le
pays
comme
un
amphithéâtre
demi-circulaire,
laissant
presqu'entièrement
libre
la
partie
méridionale.
Dans
la
Cilicie
orientale,
on
voit
bien
des
hauteurs
et
des
rochers
calcaires,
mais
tous
sont
plutôt
bas
et
n'offrent
rien
de
remarquable.
Nos
ancêtres,
bien
qu'ils
aient
habité
au
milieu
de
ces
montagnes
hautes
et
nombreuses,
ne
nous
en
ont
pas
transmis
les
noms;
ou
du
moins,
je
n'en
ai
que
peu
de
connaissance.
Je
ne
rencontre
que
deux
ou
trois
de
ces
noms
dans
les
monuments
historiques.
Ordinairement
ils
les
englobent
sous
la
dénomination
générale
de
Taurus.
Pourtant
ils
connaissaient
bien
et
la
situation
et
la
hauteur
de
ces
montagnes.
L'un
d'eux,
le
prêtre
Etienne
Kouyner,
(1290)
dit
en
parlant
de
la
forteresse
de
Lambroun:
«Elle
est
située
sur
le
versant
de
la
première
terrasse
des
monts
gigantesques
du
Taurus».
Comme
cette
sommité
est
un
peu
moins
haute
que
4000
pieds,
elle
s'élève
donc
au
tiers
des
plus
hautes
cimes
qui
avoisinent
la
capitale
de
la
Cilicie.
Le
même
écrivain,
aussi
savant
qu'habile
calligraphe,
cite
dans
cette
même
contrée
le
mont
Armène,
près
des
passages
presque
inaccessibles
de
la
forteresse
de
Lambroun,
derrière
laquelle,
se
trouvait
dans
un
désert
le
couvent
du
même
nom.
Près
de
ces
lieux
se
trouve
aussi
le
mont
de
Paparon
(
Պապառօն
),
du
nom
du
célèbre
château,
mentionné
par
son
propriétaire,
Sempad
le
Connétable,
l'un
des
rares
historiens
de
la
dynastie
cilicienne.
Dans
un
mémorial
de
l'an
1330,
on
trouve
encore
un
autre
nom:
le
mont
Darghouche,
dont
la
situation
n'est
pas
bien
indiquée,
mais
il
doit
se
trouver
probablement
du
côté
de
Sis:
car
celui
qui
en
parle,
le
diacre
Vassil,
habitait
en
cet
endroit.
Il
n'en
fait
que
rappeler
quelques
événements
douloureux,
avec
un
cœur
emporté
et
des
paroles
pleines
d'amertume,
demandant
que
l'on
se
souvienne
aussi
de
«sa
tante
Téophanie,
qui
fut
massacrée
sur
le
chemin
du
cimetière
et
martyrisée
par
d'abominables
Arabes».