Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  A une heure de la ville, au nord-est, sur le versant d'une colline dénudée, on trouve les vestiges du village appelé Ghiavour-keuy, au dire de Langlois, au milieu duquel on aperçoit les ruines d'une petite église, dont les murailles étaient intérieurement décorées de peintures à fresque. Il trouva quelques fragments de dalles sépulcrales, brisées par la chute des pierres dans l'intérieur de l'église; sur l'un de ces fragments il aperçut une inscription française à demi-effacée.

 

Je] han Fort qui trépassa le m...

Un autre fragment porte ce qui suit:

N de M. CCC. LXI de Christ. Que Die...

Enfin sur un troisième fragment:

Ci-gît Dame Marie de Canc.

 

Il est évident que ces pierres sépulcrales recouvraient les restes de quelques-uns des Français qui passèrent dans ces lieux, durant le règne des derniers rois. Peut-être seraient-ils venus s'établir dans cette région, et nos rois leur auraient accordé cette place comme cimetière. C'est probablement le même lieu que décrit le P. Indjidji dans sa Géographie: «En face de Sis, dit-il, à une heure et demie, sur une montagne rocheuse s'élève l'église ruinée, dont il ne reste que les murailles d'une hauteur d'un mètre, et les fondements qui reposent, à certains endroits, sur la roche même. A l'intérieur de l'église on voit encore la place des autels, et à la porte se trouvent deux pierres noires volumineuses ornées de croix sculptées. Aux alentours on voit les traces des murailles d'un couvent, et au dehors à l'ouest, une fontaine d'eau douce». Ce couvent, lui dit-on, était le célèbre ermitage d' Arkagaghin (des Noisettes) construit sous les Roupiniens. «Ces ruines étaient restées longtemps ignorées au milieu d'un bois de chênes; mais au temps de Mikaël, patriarche de Sis, qui occupa le siège l'an 1737, quelques religieux ayant lu que le monastère était situé en face de Sis, se mirent à la recherche, parcourant toute la montagne couverte déjà de forêts de chênes. Après des fatigues inouïes, ils finirent par le découvrir dans la partie la plus touffue de la montagne, tout recouvert de buissons et de plantes. Alors le catholicos donna l'ordre de débarrasser des arbres l'église et le monastère; on y érigea un autel, puis on y célébra la messe en grande solennité, devant un public nombreux. L'un des religieux qui avait travaillé à la découverte, me raconta de sa bouche tous ces détails».

Mais Arkagaghin était le siége de l'évêque de Messis et devait se trouver aux environs de cette dernière ville qui est assez loin d'ici; il n'est donc pas probable qu'Arkagaghin fût aux environs de Sis.

Les nouveaux explorateurs citent à quelques lieues de la ville, dans la vallée du fleuve, le château de Turris-kaléssi, nom que je ne saurais identifier avec aucun nom arménien si ce n'est celui de Thoros; il en est de même pour la forteresse d' Andal ou Andil-kalé, selon Langlois Anton-kaléssi, située à une heure et demie au nord-est de Sis, sur la cime d'une montagne; et pourtant Favre dit que ce château se trouve à une journée de distance de la ville.

Je crois que ce doit être Antoul ( Անդուլ ); car un ermitage de ce nom est mentionné l'an 1238: «Le pieux roi Héthoum et la dévote reine Zabel en firent leur résidence d'été». C'est que vint les visiter le D. r Vartan, surnommé l'Oriental, et qui, à leur demande, rédigea des exercices grammaticaux. C'est aussi qu'un certain chantre, Grégoris de Sis, copia un évangile pour le vénéré prêtre Grégoire et son disciple Paul.

Dans le voisinage on trouve un autre château Kara-Sis, sur la montagne du même nom; il paraît avoir été un fort remarquable. Les géologues autrichiens trouvèrent la montagne de structure plutonique et cristalline. Quelques savants européens croient que ce château était l'ancien Cadra, et qu' Andal-kalé était le Davara, (peut-être le Turris cité plus haut). Ce fut dans ces places naturellement fortifiées, que la tribu des Clètes Ciliciens se retrancha au premier siècle de l'ère chrétienne, refusant de payer le tribut aux Romains. Cependant certains historiens pensent que ces Clètes ou Clétiens, habitaient la Cilicie Pierreuse, vers les plages de la mer.

Dans la même direction, et près de ces forts, se trouve le village Ghédikli [1] , près duquel, dans un terrain d'alluvion, on trouva des traces de houille, mais peu abondantes. Un peu au nord de Ghédikli, on indique le village de Marache; on montre un autre village de ce nom au pied des monts qui séparent la vallée du fleuve Sarus, au nord-est de la province de Sis. Egalement au nord et plus près de cette ville, on trouve: Tchokhakh [2] et à une heure plus loin un autre village du même nom; ainsi on les appelle Tchokhakh supérieur et Tchokhakh inférieur. Un Arménien compte dans ces deux villages, 200 familles arméniennes; un autre n'en trouve que la moitié.

Selon Texier, les montagnes qui séparent les deux provinces de Sis et de Hadjine sont majestueuses et les plus admirables de toutes celles qui bordent le Djahan. Ce fleuve est ici étroit comme un ruisseau, mais il dévale avec la force d'un grand torrent, au milieu des pentes et des rochers à pic. Les montagnes sont couronnées de pins et de platanes. Les habitants trouvent ici un lieu de plaisir et de délassement durant les grandes chaleurs. A l'ouest de Sis on indique les villages suivants: Douzakhan, à une lieue de la ville; et un peu plus loin Tcharad; et au sud le village de Bedjig.

A cinq ou six heures de Sis, au nord-ouest, on trouve le village de Mossoula par passèrent, en 1836, les explorateurs anglais Chisnay et Ainsworth, et, au nord de cette localité, le village de Kabak-tépé. Au sud-ouest de Sis, Thouroundjlou, Beuyuk-keuy, Thoulan; entre ces deux derniers villages, un château en ruine et d'autres localités inconnues. De ce côté, à deux heures et demie de Sis, Davis aperçut une colonne sur pied, d'autres cassées, des sarcophages taillés dans le roc et des pierres coupées en forme de gradins; et le long du chemin jusqu'à la ville, il entrevit les ruines d'anciens villages. De même, de ce côté jusqu'à l'extrémité de la plaine de Sis et plus près d'Adana, le P. Indjidji indique Malkhederly, village des Afchars; et vers l'est de Sis, à la frontière du territoire de Marache, le village de Kabourgali, enfin près du Sembos, un vaste champ couvert de roseaux, et dominé, du côté du nord, par un château construit sur un rocher. Un voyageur moderne indique le Sembos comme un ruisseau afluent du Savroun, qui est peut-être un affluent du fleuve de Sis ou le fleuve lui-même; il ajoute qu'il jaillit du mont Boudjak, qui est sans doute le mont Bedjig déjà cité. Mais en vérité c'est à une heure au nord d'Anazarbe, que le Sembos et le Savroun se mêlent ensemble, et à trois heures au sud qu'ils se jettent dans le Djahan.

Je n'ai fait que répéter ici les courtes indications des explorateurs contemporains; nous ne trouvons presque rien qui nous soit parvenu du moyen âge concernant les environs de Sis qui devaient être si importants. Ces lieux réveillent aussi dans notre mémoire de tristes faits.

Selon l'historien royal, après la dévastation de Sis par le fer et le feu, en 1266, les Egyptiens ne réussissant pas à prendre la forteresse, marchèrent contre «une place il y avait des grottes, et dans les temps anciens s'élevait un château du nom de Guéma, et une autre appelé Béguen-kar (Rocher brisé). Dans ce lieu s'étaient retranchées un grand nombre de familles, hommes, femmes et enfants. A la vue d'une armée si formidable, les assiégés perdirent tout courage, et ne furent même plus capables de se servir de leurs armes. Les barbares enhardis, massacrèrent cruellement toute la multitude: on dit que 10, 000 personnes furent tuées le même jour; ceux que l'épée épargna furent emmenés en captivité».


[1] Ce village et d'autres encore sont indiqués sur une carte russe.

[2] Tchokat, sur la carte russe.