Laranda,
chef
lieu
du
district
de
ce
nom,
était
jadis
l'une
des
villes
remarquables
de
la
Lycaonie.
Elle
est
située
sur
le
revers
des
hautes
montagnes
de
la
Cilicie,
près
de
l'Isaurie.
Autrefois
la
province
avait
pour
limites:
à
gauche
du
Calycadnus,
les
districts
de
la
province
de
la
Séleucie,
situés
au
nord
des
montagnes
Tchomak
et
Ali-bey;
et
à
l'ouest,
le
district
d'Héraclée;
au
nord-ouest,
d'autres
districts
de
la
Lycaonie,
qui
est
la
Konieh
actuelle.
Selon
l'administration
ottomane,
on
lui
a
approprié
quelques
districts,
dont
l'un,
formé
par
les
environs
de
la
ville,
s'appelle
encore
Karaman
ou
Laranda,
et
occupe
l'espace
du
milieu.
Le
pays
environnant
s'appelle
Karaman
ou
Baïbourt
et
comprend
l'espace
borné,
au
sud
et
à
l'est,
par
la
vallée
du
Calycadnus
et
par
l'Ivris,
montagne
d'Héraclée:
au
nord,
par
le
Kara-dagh,
et
à
l'ouest,
par
les
montagnes
Hadji-baba.
Il
paraît
qu'avec
ses
confins
naturels,
cette
province
fut
jadis
incorporée
au
royaume
arménien,
du
moins
pour
un
court
espace
de
temps;
car,
lorsque
nos
ancêtres
eurent
réussi
à
se
rendre
maîtres
de
toute
la
Cilicie
et
des
monts
Taurus,
ce
pays,
vu
sa
proximité,
dut
naturellement
les
attirer.
Nous
avons
déjà
vu
que
les
Arméniens
possédaient
hors
de
la
Cilicie
proprement
dite,
des
forteresses
et
des
lieux
fortifiés:
du
côté
de
la
mer
ils
s'avancèrent
jusqu'en
Pamphylie,
de
même
en
étendant
leurs
conquêtes
du
côté
de
la
terre,
la
première
station
qu'ils
trouvèrent
en
dehors
des
deux
Cilicies,
de
Tiana
et
d'Héraclée
de
la
Cappadoce,
ce
fut
Laranda,
célèbre
par
son
antiquité,
par
ses
fortifications
et
son
territoire
fertile.
Elle
dut
aussi
séduire
Léon
le
Conquérant,
qui
doit
l'avoir
soumise
à
son
autorité
ou
du
moins
disputée
aux
sultans
d'Iconium.
Dès
les
premières
années
de
son
règne,
Léon
avait
conçu
le
projet,
de
se
rendre
maître
de
Laranda
par
surprise;
il
avait
même
confié
son
projet
à
quelques-uns
de
ses
intimes,
ainsi
qu'aux
Chevaliers
de
Jérusalem:
après
leur
avoir
accordé
Séleucie,
il
leur
promit,
en
août
1210,
d'ajouter
encore
Laranda,
si
lui
ou
ses
successeurs
réussissaient
à
l'arracher
des
mains
des
Sarrasins,
et
même
il
les
autorisa
à
attaquer
Laranda
ou
à
conclure
la
paix
avec
ses
habitants,
tant
qu'il
ne
l'aurait
pas
conquise
[1].
Léon
fit
preuve
d'une
admirable
fermeté
de
caractère
dans
cette
affaire.
Il
ratifia
sa
volonté
avec
son
sceau
d'or,
et
fit
appuyer
sa
déclaration
de
la
signature
de
l'évêque
latin
de
Tarse,
des
princes,
des
chevaliers
et
de
ses
premiers
ministres;
la
charte
fut
écrite
par
Barthélémy,
secrétaire
de
la
douane
royale.
Le
roi
prit
enfin
la
ville,
mais
nous
ne
savons
pas
avec
certitude
s'il
tint
sa
promesse
envers
les
Chevaliers;
car
Sicard,
évêque
de
Crémone,
qui
s'était
rendu
presque
à
la
même
époque
en
Cilicie,
avec
deux
cardinaux,
nonces
du
pape,
affirme
que
la
ville
de
Laranda
servait
comme
poste
de
séparation
entre
l'Arménie
et
Iconium,
mais
il
ne
dit
pas
à
qui
elle
appartenait.
Cependant
Ansperte
qui
accompagnait
l'empereur
Frédéric
I
er,
rapporte
que
le
pays
qui
se
trouvait
en
deçà
de
la
ville
était
sous
la
domination
de
Léon;
et
il
ajoute:
«L'armée
quittant
Laranda,
nous
vînmes
dans
un
bourg
arménien,
et
voyant
que
dans
les
champs
on
avait
érigé
des
croix,
nous
ressentîmes
une
grande
joie»
[2].
Nos
historiens
nous
disent
que
dans
les
dernières
années
de
son
règne,
notre
roi
avait
sous
son
autorité
la
ville
de
Laranda,
et
Sempad
ajoute
que
durant
la
vieillesse
et
la
maladie
du
roi,
le
sultan
voulut
se
venger;
parce
que
Léon
«avait
prit
Héraclée
et
Laranda»;
et
dans
la
bataille
qui
eut
lieu
près
de
Gaban,
ayant
fait
prisonniers
plusieurs
princes
vassaux
de
Léon,
il
obligea
ce
dernier
à
lui
céder
comme
rançons,
plusieurs
places
fortifiées
sur
la
frontière
ainsi
que
le
fleuve
d'Isaurie.
Le
nom
de
Laranda
ne
figure
pas
dans
la
liste
des
places
cédées
au
sultan;
mais
par
le
«fleuve
d'Isaurie»,
c'est-à-dire,
la
vallée,
on
pourrait
entendre
aussi
cette
ville.
Laranda
n'a
pas
une
origine
mythologique:
son
nom,
Λάρανδα,
est
indiqué
dès
les
temps
d'Alexandre
le
Grand;
elle
était
gouvernée
par
un
prince
autonome.
Conquise
par
Perdicas,
elle
fut
ruinée;
rebâtie
plus
tard
elle
devint
une
des
villes
principales
de
la
Lycaonie,
mais
elle
fut
de
nouveau
dévastée
par
les
brigands
d'Isaurie.
Elle
donna
le
jour
aux
poètes
Nestor
et
à
son
fils
Pisandre;
aux
premiers
siècles
du
christianisme
elle
devint
un
siège
épiscopal
de
la
province
d'Iconium.
On
ne
mentionne
pas
à
Laranda
d'antiquités
grecques,
ni
romaines,
seulement
quelques
restes
de
la
domination
sarrasine,
comme
des
mosquées
élégantes
à
demi-ruinées,
surtout
une
de
ces
dernières
d'une
belle
architecture,
avec
de
très
fines
arabesques,
une
porte
de
marbre
et
quatre
couples
de
colonnes,
dont
quelques-unes
paraissent
avoir
été
transportées
d'ailleurs.
Laranda
a
aussi
un
château
qui
couronne
la
colline
plate
et
longue,
sur
les
pentes
de
laquelle
est
construite
la
ville;
il
a
été
bâti
sur
un
plan
carré:
la
plus
grande
partie
des
tours,
sont
aussi
carrées
et
il
est
protégé
à
une
certaine
distance
par
une
seconde
muraille.
Entre
ce
rempart
et
l'enceinte
des
tours
il
y
a
une
centaine
de
maisons,
sur
lesquelles
se
trouvent
des
inscriptions
turques
et
arabes,
mais
elles
ont
été
transportées
d'autres
édifices
et
encastrées
sur
les
murs;
on
en
voit
d'autres
sur
les
remparts,
ce
qui
ferait
croire
à
une
reconstruction
ou
à
une
restauration
de
ces
murailles.
On
attribue
à
la
ville
2,
000
maisons
ou
un
peu
moins,
y
compris
celles
des
Arméniens,
qui
ont
une
église
grande
et
élégante,
qui
doit
être
ancienne:
mais
je
ne
sais
en
quel
état
elle
se
trouve.
Tchihatcheff
passant
par
Laranda,
en
1848,
y
trouva
plusieurs
Arméniens
vendeurs
de
vin
de
Chypre.
Quelques
années
plus
tard
en
1875,
Davis
confirme
les
paroles
du
voyageur
russe,
et
il
évalue
la
population
à
1000
familles,
parmi
lesquelles
une
centaine
d'arméniennes,
et
en
outre
un
grand
nombre
de
négociants
étrangers,
des
Arméniens
et
des
Grecs
de
Césarée.
Dans
les
faubourgs,
il
y
avait
un
khan
appelé
Patawan,
qui
appartenait
à
un
Arménien.
(p.
344-
Noble
Karaman)
Les
rues
de
la
ville
sont
pavées,
mais
obscures,
à
cause
des
balcons
des
maisons
qui
s'avancent
en
corniche
au
dehors
et
surplombent
les
rues;
les
marchés
n'offrent
point
de
richesses.
Les
maisons
sont
en
général
entourées
de
jardins,
ce
qui
fait
croire
la
ville
très
vaste.
Autrefois
Laranda
était
la
résidence
du
gouverneur
de
la
province,
aujourd'hui
transférée
à
Iconium.
[1]
Concessimus
et
donavimus,
quod
si
voluntate
divina
fuerit,
ut
auferatur
Laranda,
a
manibus
paganorum,
per
nos
vel
per
heredes
nostris,
vel
per
alios
christianos
venturos,
ut
sit
hereditas
domus
Hospitalis,
cum
omnibus
pertinentiis
et
dominiis
suis
que
habet
et
habitura
erit.
Similiter
concessimus
eidem
domui
plenariam
et
liberam
potestatem
ad
faciendum
guerram
et
treguam
cum
Laranda,
etc.
[2]
Dum
exercitus
movisset
castra
a
Laranda,
ubi
vires
aliquantulus
receperat,
venimus
ad
unam
villam
Armeniorum;
ibidem
in
campis
Cruces
a
christiani
fixas
reperimus;
propter
quod
ingens
gaudium
et
exultatio
corda
nostra
exhilaravit.
—
AnsbeRtus,
Hist.
de
Exped.
Frider.