Pourtant
à
cette
époque,
une
partie
de
la
ville
ancienne
ou
au
moins
les
châteaux
devaient
être
habités;
car
c'était
le
lieu
de
résidence
d'un
des
plus
grands
barons
des
Arméniens,
et
il
demandait
au
Pape
d'y
établir
un
siège
épiscopal.
Ochine,
frère
du
roi
Héthoum
I
er,
et
le
premier
de
la
famille
des
Héthoumiens
qui
fut
maître
de
Corycus,
possédait
encore
les
châteaux
de
Manion,
de
Midizon,
de
Gantchi
et
d'autres
plus
petits.
Il
mourut,
en
1265,
le
26
décembre,
et
fut
enterré
à
Tarse,
à
côté
de
son
père.
Son
fils
Grégoire,
élevé
au
rang
de
bailli
[1],
lui
succéda;
je
ne
l'ai
pas
trouvé
mentionné
dans
notre
histoire,
mais
la
dédicace
d'un
livre
écrit
en
1280,
porte
sous
son
nom,
dont
les
lettres
sont
altérées,
les
deux
dernières
lettres
du
mot
de
bailli,
et
il
me
semble
qu'elles
sont
en
rapport
avec
la
dignité
de
ce
même
Grégoire:
«Souvenez-vous
en
J.
-C.,
du
possesseur
de
ce
livre...
lli
le
fils
d'Ochine,
seigneur
de
Corycus
et
frère
de
Héthoum
I
er,
roi
des
Arméniens»
[2].
A
Grégoire
succéda
son
frère,
le
célèbre
Héthoum,
l'Historien,
le
généralissime,
qui
devint
après
religieux
et
chanoine,
et
suivit
ainsi
l'exemple
de
ses
oncles,
le
roi
Héthoum
et
le
Connétable
Sempad,
et
de
l'autre
Héthoum
II,
son
contemporain,
qui
l'égalait
dans
la
bravoure,
dans
les
lettres
et
dans
la
piété.
Divers
livres
écrits
pour
lui
et
parvenus
jusqu'à
nous,
en
sont
un
témoignage.
D'abord
un
Calendrier,
rédigé
par
le
prêtre
Etienne,
fils
du
prêtre
Jean,
«par
ordre
du
prince
royal,
prince
des
princes,
du
pieux
Héthoum,
seigneur
de
Corycus...
dans
l'année
arménienne
736
(1287)»;
ce
livre
se
conserve
aujourd'hui
dans
la
Bibliothèque
du
Vatican:
—
Un
traité
de
médecine
sur
parchemin,
traduit
en
partie
de
l'arabe,
et
en
partie
composé
par
Mekhitar
de
Hér,
copié
en
1294,
sur
l'ordre
de
Héthoum,
par
le
vieillard
Varte
de
Merdiche?
On
trouve
au
commencement,
au
milieu
et
à
la
fin
du
livre
des
mémorandums,
dont
nous
représentons
ici
les
fac-similés.
(p.
402-
Fac-simile
des
memorandums
du
livre
de
médecine,
copie
par
ordre
de
Hethoum
l'Historien,
en
1294)
Ajoutons
les
ouvrages
originaux
de
Héthoum
lui-même;
parmi
lesquels
nous
est
parvenue
et
a
été
publiée,
une
«
Chronique
de
301
ans,
compilation
en
abrégé
de
différentes
histoires,
arméniennes,
françaises
et
syriennes,
composée
par
le
Baron
Héthoum,
seigneur
de
Corycus,
l'an
745
de
l'ère
arménienne,
et
de
l'Incarnation
du
Seigneur,
1296».
Mais
nous
trouvons
dans
ces
mémoires
le
récit
plus
récent,
de
l'assassinat
de
Héthoum
II
et
de
Léon
III,
en
1307.
Cet
ouvage
n'est
que
de
peu
de
pages,
mais
comme
c'est
un
résumé
des
historiens
de
trois
langues,
il
nous
montre
l'érudition
et
le
bon
choix
qu'a
su
faire
l'auteur;
nous
pensons
même
qu'à
côté
de
ce
résumé,
il
a
dû
composer
la
chronique
détaillée
des
faits
qu'il
rapporte.
Son
ouvrage
le
plus
remarquable,
l'
Histoire
du
Grand
Empereur
de
Tartarie,
ou
la
Fleur
des
Histoires
d'Orient,
fut
écrit
en
français
sous
sa
dictée
par
un
certain
Falcon,
à
Poitiers;
l'original
arménien
n'est
pas
encore
découvert;
nous
n'avons
qu'une
traduction
moderne
faite
du
latin;
cette
version
latine
a
été
faite
d'après
le
texte
original
français
par
Jehan
d'
Ypre
et
porte
le
titre
de
Liber
Historiarum
partium
Orientis
[3].
Cet
ouvrage
fut
plusieurs
fois
réimprimé
depuis
la
première
moitié
du
XVI
e
siècle
et
même
en
diverses
langues.
Il
est
partagé
en
deux
parties,
dans
la
première,
divisée
en
46
ou
54
chapitres,
il
donne
de
courtes
informations
sur
tous
les
royaumes
d'Orient;
il
en
ajoute
de
plus
détaillées
sur
les
Arméniens,
et
surtout
sur
les
Tartares,
d'où
le
titre
du
livre.
Héthoum
rappelle
l'alliance
de
ces
deux
dernières
nations
pour
chasser
les
Egyptiens;
il
prit
lui-même
part
à
la,
guerre,
en
compagnie
de
Héthoum
II.
Dans
la
seconde
partie,
il
traite
du
Passage
des
Occidentaux
en
Orient,
ou
d'une
nouvelle
croisade
pour
la
délivrance
de
la
Terre
Sainte
et
la
conquête
de
l'Egypte;
à
ce
propos
il
écrivit
aussi
plusieurs
lettres,
dont
une
fut
insérée
par
le
Pape
Clément
V,
dans
sa
bulle.
Il
écrivit
toutes
ces
lettres
à
la
demande
du
même
pontife,
pendant
qu'il
se
trouvait
à
Avignon.
Il
y
donna
aussi
des
informations
sur
les
Templiers,
dont
on
faisait
alors
le
fameux
procès.
(p.
403-
Monument
funéraire
turc
à
Corycus)
Héthoum
dit
avoir
recueilli
la
plus
grande
partie
de
ses
renseignements
sur
les
Tartares,
de
la
bouche
de
ses
deux
oncles,
Héthoum
I
er
et
le
Connétable
Sempad,
qui
étaient
allés
en
personne
chez
les
Tartares,
et
il
termine
son
histoire
en
1308,
après
la
grande
victoire
sur
les
Egyptiens,
à
laquelle
il
avait
pris
part.
Il
remercie
le
Seigneur
pour
la
paix
de
sa
patrie
sous
l'administration
de
Héthoum
II
et
la
minorité
de
Léon
III,
fils
de
Thoros,
(frère
de
Héthoum
II).
Enfin
Héthoum
renonça
à
la
gloire
du
monde
et
à
son
domaine
de
Corycus;
se
rendant
à
Chypre,
il
entra
dans
l'ordre
des
Prémontrés
et
changea
son
nom
contre
celui
d'
Antoine.
Deux
ans
après,
le
pape
Clément
l'appela
à
Avignon
pour
la
question
citée
plus
haut;
c'est
là
qu'il
reçut
la
dignité
de
chanoine,
et
selon
quelques-uns,
d'abbé;
il
séjourna
dans
le
couvent
de
son
ordre
à
Poitiers;
mais
l'époque
de
sa
mort
est
restée
inconnue.
Son
dernier
acte
connu
est
celui
que
rapporte
l'historien
Bustron:
en
1310
il
se
trouvait
en
Cilicie,
de
retour
de
Chypre,
et
il
conseillait
au
roi
Ochine,
de
recevoir
chez
lui
Henri,
roi
de
Chypre,
détrôné
par
son
frère
Amauri
[4].
On
dit
que
Héthoum
écrivit
aussi
un
Commentaire
de
l'Apocalypse,
et
d'autres
livres
religieux,
et
traduisit
du
latin
une
Chronique:
toutefois
ces
assertions
n'ont
pas
encore
été
vérifiées.
On
trouve
beaucoup
d'exemplaires
manuscrits
de
son
Histoire
de
l'Orient.
Un
des
plus
célèbres
est
une
copie
française
qui
fait
partie
d'un
livre
enluminé:
«
Les
Merveilles
du
monde
»,
conservé
dans
la
grande
bibliothèque
nationale
de
Paris.
La
première
page
est
ornée
d'une
enluminure
représentant
Héthoum-Antoine
aux
pieds
de
Clément
V,
et
lui
offrant
son
livre;
l'en-tête
est
ainsi
conçue:
«Ci
commence
le
Livre
de
la
Fleur
des
Histories
de
la
terre
d'Orient.
Lequel
Livre
Hayton
seigneur
du
Corc,
cousin
germain
du
Roy
de
Arménie
compilla
par
le
commendement
du
pape
Climent
Quint
(année
de
J.
-C.
),
mil
troys
cens
sept,
en
la
cite
de
Poitiers.
-
Cestuy
livre
est
divise
en
quatre
parties.
La
premiere
partie
parle
de
la
terre
d'Asie
qui
est
la
tierce
partie
du
monde,
et
divise
queins
royaumes
a
en
celle
partie,
et
comment
l'un
royaume
marchist
a
l'autre
et
quel
gent
y
habitent.
La
seconde
partie
parle
des
emperours
et
des
roys».
(p.
405-
Tombeau
à
Corycus)
Entièrement
différente
fut
la
politique
et
la
fin
du
fils
aîné
de
Héthoum,
qui
s'appelait
Ochine,
du
nom
de
son
grand
père.
Il
était
brave,
magnanime
et
ami
du
progrès,
mais
très
ambitieux;
ce
fut
la
cause
de
sa
perte.
Pendant
le
règne
du
roi
Ochine
son
homonyme,
il
resta
modéré
et
le
servit
avec
fidélité:
ainsi
en
1318
avec
trois
cents
soldats,
il
battit
les
incurseurs
Karamans
près
de
Pompéiopolis.
Le
roi
Ochine
à
sa
mort
(1320)
lui
commit
la
régence
de
son
fils
héritier
Léon
IV;
Ochine
devint
par
le
fait
même
bailli,
et
parvint
à
marier
sa
fille
Zabel
ou
Elize
avec
le
jeune
roi:
il
se
maria
lui-même
avec
la
marâtre
du
roi,
la
reine
Jeanne
ou
Irène,
fille
de
Philippe,
prince
de
Tarente.
Il
devint
ainsi
comme
un
second
père
du
roi,
et
éleva
son
frère
Constantin
au
rang
de
connétable.
Peu
à
peu
il
occupa
la
plus
grande
partie
du
territoire
de
le
couronne,
comme
s'il
eût
été
son
propre
patrimoine.
Nous
pouvons
évoquer
ici
le
témoignage
de
l'abbé
Isaïe
de
Nitche
dans
une
lettre
adressée
à
Ochine;
«A
toi,
écrit-il:
par
la
grâce
de
J.
C.
enrichi
de
courage
et
de
sagesse,
né
de
la
famille
héritière
du
trône,
Comte
et
gouverneur
du
département
entier
d'Isaurie
et
de
la
magnifique
Tarse,
Baron
et
gouverneur
de
tous
les
Arméniens,
à
toi
Ochine»,
etc.
Cette
lettre
du
docteur
Isaïe
traite
des
questions
de
foi
et
de
l'union
avec
les
Latins.
Ainsi
Ochine
fut
célébré
comme
le
premier
personnage
dans
le
royaume
de
Léon
IV,
et,
tant
que
celui-ci
ne
fut
pas
parvenu
à
sa
majorité,
ce
fut
lui
qui
signa
les
décrets
royaux;
il
recevait
des
lettres
du
pape,
identiques
à
celles
adressées
au
roi,
comme
la
lettre
de
condoléance,
écrite
en
1323,
le
18
mars,
après
la
dévastation
d'Ayas,
et
une
autre
qui
contient
la
promesse
du
pape
de
venir
au
secours
des
Arméniens.
Dans
une
de
ses
lettres,
en
1323,
le
21
juillet,
Jean
XXII
demandait
à
son
nonce
Pierre,
(patriarche
de
Jérusalem),
d'examiner
si
la
ville
de
Corycus
était
assez
importante
pour
nécessiter
la
création
d'un
nouveau
siége
épiscopal,
comme
le
demandait
Ochine.
Il
paraît
que
cette
demande
fut
exaucée
et
qu'un
évêque
fut
placé
à
Corycus;
mais
la
nationalité
du
prélat
n'est
pas
mentionnée.
Comme
le
même
Pontife
transféra
au
siége
de
Cafa
l'évêque
de
Curquensis,
quelques-uns
ont
cru
retrouver
dans
ce
dernier
nom
celui
de
Corycus.
Dardel
dit
plus
distinctement,
que
Léon
le
dernier,
en
1374,
appela
l'évêque
de
Corycus
et
le
pria
d'intercéder
auprès
des
chefs
de
ce
château
afin
qu'ils
lui
prêtassent
un
navire
pour
le
transporter
hors
de
l'île.
Le
même
pape
Jean
demandait
dans
une
autre
lettre,
le
17
mars
1323,
si
Léon
avait
accordé
réellement
à
Ochine
le
château
de
Babéron.
Il
écrivit
encore
deux
autres
lettres,
en
1326
et
en
1329,
et
il
accordait
à
Ochine,
par
une
bulle,
des
indulgences
à
son
profit,
in
articulo
mortis.
Je
ne
sais
si
ces
dernières
arrivèrent
à
temps.
Ochine
enorgueilli
par
ses
dignités
et
ses
succès,
voulut
vivre
un
peu
trop
à
sa
guise,
même
pendant
la
majorité
du
roi.
Celui-ci,
peut-être
aussi
excité
par
des
calomniateurs,
envoya,
au
commencement
de
l'an
1329
(26
janvier),
quelques
princes
et
une
troupe
de
cavaliers
pour
se
saisir
du
Comte
de
Corycus
et
de
son
frère
Constantin.
Tous
les
deux
furent
pris,
l'un
sur
les
frontières
d'Adana,
l'autre
dans
le
village
de
Léon-Degha.
«On
les
conduisit
à
Adana,
et
tous
les
deux
furent
exécutés
le
même
jour»
[5],
comme
nous
l'avons
rapporté
ailleurs.
«La
vérité
dans
cette
affaire
est
connue
de
Dieu
seul,
ajoute
l'historien;
Léon
semble
n'être
pas
coupable
de
leur
sang.
Que
Dieu
ait
pitié
d'eux
et
qu'il
conserve
pour
longtemps
notre
roi
Léon».
Un
souvenir
de
Constantin
nous
est
parvenu:
c'est
un
joli
livre,
un
Hymnaire,
recueil
des
chants
de
l'office,
avec
des
notes
musicales.
Il
est
richement
enluminé
et
date
de
1325,
année
où
mourut
Héthoum,
fils
d'Ochine.
(Fac-similé
[6],
tiré
de
l'Hymnaire
écrit
en
1325,
pour
Constantin
le
Connétable
[7]
).
Après
la
mort
d'Ochine
il
paraît
que
le
château
de
Corycus
fut
légalement
confisqué
par
la
couronne,
avec
d'autres
possessions:
car,
l'héritier
d'Ochine,
comme
nous
venons
de
le
dire
tout
à
l'heure,
était
mort
prématurément;
cette
perte
lui
causa
une
extrême
douleur,
car
il
n'avait
pas
d'autre
fils,
du
moins
nous
n'en
avons
aucune
mention.
Léon
accorda
le
château
de
Corycus
à
Bohémond
de
Lusignan,
qui
était
français
par
son
père
(fils
d'Amaury,
fils
du
roi
de
Chypre),
et
arménien
par
sa
mère,
Zabloun,
fille
de
Léon
II.
Ce
Bohémond
était
frère
du
roi
Gui,
avec
qui
il
fut
tué
en
1344,
le
17
novembre.
Leur
frère
Jean
était
mort
à
Sis,
trois
ans
avant,
laissant
une
jeune
veuve,
Soldane,
fille
du
roi
des
Géorgiens,
et
ses
deux
fils
en
bas
âge,
Bohémond
et
Léon
(V)
qui
fut
le
dernier
roi
des
Arméniens.
La
princesse
et
ses
fils
furent
exilés,
par
le
roi
Constantin,
à
Corycus;
redoutant
une
catastrophe,
elle
se
sauva
en
Chypre
avec
ses
enfants.
L'historien
français
Dardel,
qui
nous
rapporte
ces
faits,
ajoute
que
Constantin
se
contentant
de
la
partie
montagneuse
du
territoire,
laissa
de
côté
Corycus.
Les
habitants
de
la
ville
de
peur
de
tomber
dans
les
mains
des
Egyptiens,
se
livrèrent
aux
Chypriotes,
préservant
ainsi
ce
lieu
important
de
l'invasion
des
ennemis,
au
moins
pour
un
siècle
encore.
[1]
C'est
l'opinion
de
notre
P.
Tchamtchian;
mais
je
ne
sais
de
quel
mémoire
il
a
tiré
ce
renseignement.
Il
se
trompe
pourtant
quand
il
dit
que
ce
Grégoire
était
fils
d'Ochine,
seigneur
de
Lambroun.
[2]
On
a
trouvé
ce
mémoire
dans
le
livre
du
Nouveau
Testament,
conservé
au
Musée
Britannique.
[3]
Ce
titre,
soit
en
français,
soit
en
latin,
est
d'après
l'édition
de
1529.
Dans
la
latine
Héthoum
est
appelé
Hayton;
dans
la
française,
Haycon
ou
Aycome.
Cette
dernière
porte
de
plus
la
note
suivante:
«Et
fut
ce
traicté
premierement
fait
en
latin
par
tres
noble
et
tres
hault
homme
Monsieur
Aycone
Seigneur
de
Courcy,
chevalier
et
nepveu
du
roy
d'Armenie
la
Grande(!):
lequel
Aycone
apres
ce
qu'il
eut
longtemp
suivy
les
armes
avec
son
oncle
et
veu
presentement
toutes
les
choses
que
il
racompte
en
cest
livre,
se
rendit
en
l'ordre
de
Presmostre
moyne
blanc,
au
royaume
de
Chipre,
en
l'abaye
de
l'Epiphanie,
en
laquelle
il
fist
cest
liure,
come
dit
est:
puis
l'an
de
grace
mil
trois
cens
et
dix
et
fut
ce
livre
translate
de
latin
en
francoys
par
frere
Jehan
de
Long
dit
de
Ypre,
moyne
de
l'abbaye
de
Saint
Bertin
en
Saint
Omer
de
l'ordre
de
Saint
Benoit
de
l'Euesche
de
Therouenne,
en
l'en
de
l'Incarnation
Notre
Seigneur
mil
trois
cens
cinquante
et
ung».
—
On
trouve
encore
d'autres
éditions
de
la
même
époque
en
français,
mais
avec
des
variantes;
de
même
une
traduction
anglaise
publiée
entre
1520
et
1530:
une
traduction
italienne
a
été
publiée
aussi
au
XVI
e
siècle;
et
en
1595
une
traduction
espagnole.
Mais
le
plus
intéressant,
l'original
de
Falcon,
qui
fut
dicté
par
Héthoum,
ne
fut
publié
que
longtemps
après,
à
Paris,
en
1877,
par
Louis
de
Backer,
sous
le
titre
de
L'extrÊme
Orient
au
Moyen
Age.
Dans
la
préface
il
cite
les
paroles
du
savant
Paulin
Paris,
qui
déclarait
que
la
publication
de
ce
livre
était
comme
nécessaire
afin
d'éclaircir
les
points
obscurs
du
voyageur
vénitien
Marco-Polo.
«Le
livre
d'Hayton
se
lie
utilement
à
l'étude
du
livre
du
grand
voyageur
vénitien
Marco
Polo,
et
peut
servir
à
dissiper
quelques-unes
de
ses
regrettables
obscurités...
Cette
Relation
curieuse
paraît
avoir
excité
un
vif
intérêt
en
Europe
et
surtout
en
France,
à
une
époque
où
cependant
la
passion
des
Croisades
était
entièrement
amortie.
C'est
qu'indépendamment
des
plans
de
conquête
soumis
à
la
décision
de
Clément
V
et
de
Philippe-le-Bel,
l'auteur
éclairait
d'une
lumière
nouvelle
l'histoire
de
ces
conquérants
Tartares,
dont
chacun
des
mouvements
était
depuis
cinquante
ans
un
objet
incessant
d'inquiétude
et
d'épouvante».
Pendant
que
j'étais
en
train
d'écrire
le
présent
ouvrage,
(en
1884),
un
italien,
Vittore
Bellio,
trouva
dans
la
Bibliothèque
de
Palerme,
un
manuscrit
de
ce
livre
de
Héthoum
en
latin,
et
il
le
publia
avec
un
intéressant
commentaire
dans
l'Archivio
Storico
Siciliano,
Nuova
Série,
année
VIII,
1884.
[4]
Quelle
fut
la
fin
de
ce
brave
homme?
Peut-être,
assez
adroit
dans
les
affaires
du
monde,
il
s'y
mêla
trop
et
finit
comme
il
vécut.
Peut-être
passa-t-il
ses
dernières
années
dans
un
monastère
des
Prémontrés
et
mourut
en
odeur
de
sainteté.
Je
dois
faire
remarquer
aux
étrangers,
(dont
la
plupart
ne
connaissent
pas
les
détails
de
notre
histoire
et
confondent
les
faits
et
leurs
auteurs):
que
nous
avons
eu
dans
le
XIII
e
siècle
quatre
Héthoum,
dont
trois
sont
parents
entre
eux,
et
tous
distingués
par
leur
bravoure,
leur
science
et
leur
piété;
tous
devenus
également
religieux
vers
la
fin
de
leur
vie,
et
ayant
pris,
avec
l'habit
monacal,
de
nouveaux
noms.
Le
premier
de
ces
quatre
immortels
est
le
vertueux
frère
aîné
de
notre
grand
saint
Nersès
de
Lambroun,
Héthoum,
qui
devint
en
religion
l'abbé
Hely.
Le
second
est
le
glorieux
roi
Héthoum
I
er,
en
religion
Macaire.
Le
troisième
est
son
petit
fils,
le
confesseur
Héthoum
II,
—
frère
Jean.
Enfin
le
quatrième
est
notre
historien
Héthoum,
qui
fut
particulièrement
favorisé
du
ciel
et
prit
le
nom
d'
Antoine.
Le
premier
de
ces
quatre
Héthoum
est
peu
ou
point
connu
des
étrangers:
quant
aux
trois
derniers,
quoique
suffisamment
célèbres
durant
leur
vie,
ils
ont
été
étrangement
confondus
après
leur
mort.
Les
Bollandistes
(27
du
mois
de
mai)
et
leurs
copistes,
(Migne
entre
autres),
confondant
leurs
noms
et
leurs
actes,
n'en
font
qu'un
seul
et
même
personnage
Bienheureux,
qu'ils
appellent
Haiton.
En
effet,
du
premier
(Héthoum
I
r
)
ils
prennent
le
nom
de
religion
Macaire;
du
second
(Héthoum
II)
ils
prennent
aussi
le
nom
de
religion
et
l'identifient
au
premier,
disant:
Macaire
—
Frère
Jean.
Du
dernier,
ils
prennent
le
lieu
de
retraite,
l'île
de
Chypre.
Nous
savons
positivement
que
notre
Héthoum
I
er,
sur
la
fin
de
sa
vie,
se
retira
du
monde,
reçut
avec
l'habit,
le
nom
de
Macaire,
et
rendit
son
âme
le
29
octobre,
1270.
Héthoum
II,
roi
et
moine
tout
à
la
fois,
mentionné
aussi
dans
quelques
Bréviaires
franciscains
comme
Bienheureux,
mourut
tragiquement,
avec
son
neveu,
le
jeune
roi
Léon
IV,
la
nuit
du
16
au
17
novembre
1307.
Quant
à
notre
Historien
et
Seigneur
de
Corycus,
Héthoum
—
Antoine,
qui
prit
l'habit
des
Prémontrés,
dans
leur
couvent
de
Chypre,
je
ne
sais
quand
ni
comment
il
mourut;
mais
sa
fin,
qui
fut
probablement
paisible,
doit
être
survenue
vers
le
11
décembre,
date
donnée
par
les
Bollandistes
à
leur
unique
Héthoum
le
Bienheureux.
[5]
Le
troisième
frère
d'Ochine,
Guiautin,
(
Կիաւդին,
Gui
ou
Guide),
seigneur
de
Gantchi,
«fut
bléssé
par
les
impies
et...
mourut»,
en
1320,
pendant
qu'il
repoussait
l'invasion
des
Egyptiens
dans
le
territoire
d'Ayas,
selon
le
témoignage
d'un
historien
contemporain.
«Jésus-Christ,
mon
Seigneur,
par
votre
sainte
naissance,
par
votre
saint
baptême,
et
par
l'intercession
de
la
Sainte-Vierge,
ayez
pitié
du
propriétaire
de
ce
(livre),
du
Baron
Constantin,
Généralissime
des
Arméniens,
et
de
son
frère
le
Baron
Ochine,
et
de
son
fils
le
Baron
Héthoum;
que
Jésus-Christ
les
conserve
pour
de
longues
années.
—
Je
vous
supplie
encore,
ô
vous
qui
rencontrerez
ce
notre
livre,
de
bien
vouloir
vous
souvenir,
en
Jésus-Christ
le
Bon,
de
ces
deux
frères;
et
que
ses
parents
et
son
frère
Guiautin,
morts
en
Jésus-Christ,
puissent
trouver
miséricorde
et
obtenir
le
pardon
auprès
de
Jésus.
Que
le
Christ
Dieu,
qui
est
béni
pour
l'éternité,
ait
pitié
d'eux
et
de
moi
malheureux».
[7]
Le
Docteur
Sérapion,
plus
tard
catholicos,
restaura
ce
livre,
en
1603.