Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  (p. 283- Vue de Mamestie ou Messis, d'après Langlois) Mamestie ou Messis est l'une des trois principales villes de la Cilicie de Plaine; elle occupe la partie sud-est du territoire, et a pour confins, au nord, Anazarbe; à l'ouest, la province d'Adana et la région peu connue du Djahan et du Sarus; au sud, la vaste plaine jusqu'à Ayas, à l'est, les montagnes qui bordent le côté nord-ouest du Golfe des Arméniens, et s'appellent du nom de la ville Djébel-Missis (Montagnes de Messis). Dans toute sa longueur du nord au sud, la province est arrosée par le cours tortueux du Djahan. La rive droite, c'est-à-dire la partie ouest, forme une vaste plaine, indiquée sur les cartes comme un lieu désert et inculte, sans habitations. La rive gauche, plus étroite, est mieux connue à cause des montagnes que nous venons de citer. Ce sont plutôt des monticules que des montagnes, dont la chaîne commence à l'angle du golfe d'Ayas (où s'élève le mont Djébel-Havdé, haut de 608 mètres) et se divise en deux rameaux, s'étendant l'un, au nord-est, jusqu'aux bords des Montagnes Noires, l'autre, au nord-ouest, jusqu'au célèbre (Château des serpents) Chahi-Maran, que nous croyons limitrophe de cette province et de celle d'Anazarbe. La partie moyenne de la chaîne occidentale (près de Messis), peut-être la plus haute dans toute la chaîne, s'appelle Djébel-el-Nour جبيل النور (Mont de la lumière), 716 mètres. Cette montagne est célèbre parmi les orientaux à cause de ses nombreuses plantes médicinales: le grand médecin Lokman y a, paraît-il, fait des recherches. La chaîne occidentale, plus longue, entoure les plages d'Ayas et s'appelle Amiran, nom qui tire probablement son origine du château Chahi-Maran. Selon certains auteurs, la plaine ou la vallée qui se trouve entre ces deux rameaux, se nomme Arik. Après le naturaliste arabe, ce fut le botaniste autrichien Kotschy, qui explora le Mont de la Lumière, en 1859, aux derniers jours d'avril (24-6), du côté de l'ouest de Messis; il déploya sa tente sur la première pente, sous les figuiers et les grenadiers, se trouvait autrefois le jardin d'un riche propriétaire turc du nom de Hadji-effendi. Deux sources arrosaient ce lieu de délices; Kotschy trouva magnifique le spectacle que présentaient à cette saison les plaines désertes d'Adana, s'étendant vers l'ouest; elles étaient couvertes de mille fleurs différentes. Les Turcomans y avaient planté leurs tentes noires et, çà et , de minces filets de fumée blanche montaient dans l'air. Aux alentours se trouvaient les enclos des bœufs et des buffles qui faisaient retentir l'air de leurs mugissements, et le grand fleuve déroulait silencieux ses ondes tortueuses aux pieds des monticules. Le jour suivant dès le matin (25 avril), voulant monter plus haut Kotschy passa au milieu des bois de chênes, de térébinthes, de mirthes et d'autres espèces d'arbres; après une heure et demie de traversée, il entrait dans un bois épais de chênes, au delà duquel les arbres diminuaient et donnaient lieu à une grande prairie toute en fleurs. Une demi-heure après, il trouva un marais plein de roseaux, à côté d'une source. Il s'y arrêta pour observer attentivement ces lieux, qui s'étendaient au sud du côté de la mer jusqu'à la montagne Djiafar-dédé, et plus loin à l'ouest, il voyait les collines d'Adana et au milieu, le grand village Akdaména; au nord, l'ancienne et la nouvelle Messis, et plus loin les petits villages de Kapoulou, de Réga, de Dourak, et d'autres encore, au milieu des vignes fertiles et des champs parés de fleurs magnifiques. La source se trouve à 2, 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, et le sommet du mont paraissait de 1, 000 pieds plus haut encore. Kotschy eut le caprice de gravir ces pentes abruptes, et trouva dans les cavités une chapelle arménienne; épuisé de fatigue, les vêtements déchirés, il parvint, en tournant à l'ouest, sur une cime circulaire, d'où se dévoilaient clairement à ses yeux, à l'est, les montagnes Amanus, au sud la vallée Djiafar-dédé et Hadji-Begtache; et plus près le mont Séki et le Dandi, dont le sommet a la forme d'un plateau l'on remarque les restes de plusieurs constructions anciennes.

A deux heures de la montagne Nour, au nord-est, s'élève le mont Harémi; à une heure de distance il s'unit à un pic rocheux; plus loin on aperçoit Chahi-Maran et Thoumlou-kalé. Kotschy après avoir examiné tous ces lieux, traça le plan de la montagne et descendit à la source citée; près de celle-ci s'élevaient une chapelle et un ermitage, qui était un lieu de pèlerinage pour le lundi de Pâques. La côte occidentale de la montagne jusqu'à la hauteur de 800 pieds est aride et escarpée; plus bas le sol est calcaire, mais on n'y a pas trouvé de coquilles pétrifiées. Entre autres animaux quadrupèdes, on rencontre des sangliers: parmi les oiseaux, surtout des coqs de bruyère; mais les oiseaux chanteurs y font défaut. La flore, sans correspondre tout-à-fait à sa renommée, est cependant assez riche, mais il n'est pas vrai qu'on y trouve toutes les espèces des plantes thérapeutiques, comme on l'a prétendu. Kotschy pensait encore plus riche la flore du versant sud-ouest, mais il n'osa pas s'y aventurer, de peur des Turcomans Bozan. Parmi les espèces qu'il recueillit, il indique l' Arum Dioscoridis, l'Anthriscus silvestris, le maceron, une espèce de Crocus, près de la source, et au pied de la montagne, l'Orobe, la Bisaille, le Ceresier Mahaleb, le Cyclamen Cilicium, l'Orchide, l'Olivier, le Laurier, le Fragon. Quelque part il a trouvé le Sumac, le Rhamus Alaternus, le Pourpier, l' Ophrys, le Gladiolus, et d'autres. Dans les régions plus hautes il a rencontré près des sources, des Anémones, la Tulipe, surnommée Œil de Christ, le Symphytum, la Gagea, la Polygala supina, la Garance, le Lythospermum. - Dans les cavités des roches il cite le Fenu grec, l' Ysatis, l'Ajuga, l' Origane sauvage, le Lamium, l'Onosma congesta, la Lavandula Stœchas, l'Asplenium, la Scille, le Ranunculus Malabailœ, le R. myriophyllus, la Rosa centifolia, la Garance à feuilles dures, et d'autres.

Edib, le pèlerin de la Mecque, mentionne avec admiration la fleur de Jacinthe du Djebel-Nour et l'excellente Mandragore. Paul Lucas qui passa par ces lieux en 1704, parle aussi de la célébrité des plantes médicinales du mont Djebel-Nour, et traduit ce dernier nom par Mont des fleurs.

A deux lieues au nord de la montagne Nour et à six à l'est d'Adana, sous la même latitude, à droite du fleuve Djahan qui est au nord, est située l'antique mopsueste. Ce nom vient de deux mots grecs, Μόφου ε ̉ στία, ce qui signifie autel de Mopsus [1] ; car selon la mythologie grecque, Mopsus, fils d'Apollon et de la pythonesse Mandou, se rendit en Cilicie, après la guerre de Troie, et s'arrêta d'abord à Mallus, il éleva un autel ou un temple pour les augures. Après son combat avec Amphiloque, dans lequel tous les deux périrent, on éleva ici même un temple à sa mémoire. Ainsi on remarque sur plusieurs monnaies frappées dans cette ville, la figure d'un autel, comme on peut le voir dans notre figure. (p. 286- Ancienne monnaie de Mamestie) Au moyen âge le nom de la ville fut abrégé en Mamestie, et souvent encore en Messis, nom qu'on lui donne de nos jours. Les Arabes l'appelaient Méssissah, مصيصه , les Turcs Missis, ميسيس. Les Occidentaux altérèrent encore davantage ce nom; leurs chroniqueurs l'écrivaient Mamistra, Mampsysta, Mansista, Mamysta, Malmistra, Manustra, Manustria, Mamistria, etc. Des auteurs plus anciens écrivent simplement Mopsus. Cicéron, qui y séjourna pendant qu'il allait à Tarse, fut peut-être le premier à se servir du mot Mopsuestia [2] . Un siècle après, la ville était placée par les Romains au nombre des villes libres, comme l'indiquent les monnaies de bronze qui, avec le mot grec αυτονομου, autonome, portent d'un côté l'image des fortifications de la ville et de l'autre, l'image de Jupiter victorieux. La même liberté est attestée par l'inscription de l'empereur Adrien, qui y fit plusieurs constructions, d'où on l'appela: Hadriana Mopsuestia.

Dans une inscription grecque trouvée dans la ville, Messis est accompagnée de grandes épithètes, comme sainte, libre, inviolable, indépendante, amie et alliée des Romains. ΤΗΕ ΙΕΡΑΣ ΚΑΙ ΕΛΕΥΘΕΡΑΣ ΚΑΙ ΑΣΛΟΥ ΚΑΙ ΑΥΤΟΝΟΜΟΥ, ΦΙΛΗΣ ΚΑΙ ΣΥΜΜΑΧΟΥ ΡΩΜΑΙΩΝ.

L'un des plus anciens événements historiques qui s'y rattachent est le passage de Séleucus, fils d'Antiochus Grypus, l'an 94 avant Jésus-Christ, après sa défaite par Eusèbe de Cilicie; il fit souffrir la ville par de graves impositions; les habitants poussés à bout par sa tyrannie, mirent le feu à son palais, et il y périt dans les flammes.

Aux premiers temps du christianisme, Mopsuestie ne fut qu'un siège épiscopal, mais plus tard elle fut élevée au rang de siège métropolitain. L'un de ses premiers évêques fut Saint Auxence, d'abord soldat, martyrisé durant le règne de Licinius en 316. Au V e siècle, l'évêque Théodore, renommé par sa science et sa doctrine erronée, est connu généralement sous le nom de Théodore de Mopsueste. (p. 286- Monnaie de Mopsueste sous les Romains)

Nestorius, son disciple, devint encore plus tristement célèbre que lui par sa funeste hérésie. Avant que l'erreur de Théodore ne fût publique, nos saints pères Traducteurs étaient en bonnes relations et en correspondance avec lui; c'est probablement, sur la demande de Saint Mesrobe qu'il écrivit, contre la fausse doctrine des Persans, et peut-être notre Yeznig, profita-t-il de ce livre. Mais quand l'hérésie de Théodore fut condamnée par les Pères du concile d'Ephèse, ces derniers prévinrent les Arméniens des erreurs de ses livres, et notre catholicos, Saint Isaac, leur envoya une épître, les rassurant à ce propos.

Comme les autres villes de la Cilicie, Mamestie devint aussi une occasion de disputes entre les Byzantins et les Arabes; ces derniers à la fin du VII e siècle s'emparèrent de la ville. Selon le chronologiste arménien (Samuel d'Ani), en 692 «les Mussulmans fortifièrent Mamestie, c'est-à-dire Messis, par de fortes murailles et y placèrent comme gouverneur un certain Abderahim». Jusqu'à la moitié du X e siècle, la ville resta sous la domination des Arabes, plus longtemps qu'elle ne le fut ensuite sous celle de nos Roupiniens. L'empereur Nicéphore, s'en empara deux fois, en 962 et 965, et depuis lors les Arabes perdirent du terrain.

Au commencement du règne des Roupiniens, le seigneur de Messis était Abelgharib, fils de Khatchig Ardzerouni, établi comme gouverneur de la Cilicie sous l'autorité des empereurs. Les Croisés s'emparèrent de Messis dès leur première entrée en Cilicie. Peut-être le hardi Tancrède s'en empara-t-il arbitrairement. Voulant l'arracher des mains de ce dernier, le prince Baudouin, plus hardi et plus téméraire que Tancrède, lui livra bataille devant la ville; la victoire resta à Baudouin; mais les deux princes s'étant reconciliés le jour suivant, la ville demeura au pouvoir de Tancrède qui l'annexa à Antioche. A cette époque, selon le témoignage de l'évêque de Tyr, l'historien des Croisés [3] , Mamestie était l'une des plus célèbres villes de la Cilicie par ses fortifications, par le nombre d'habitants et par son éclat. Elle retomba, paraît-il, sous la domination de l'empereur; car Tancrède réussit à s'en emparer une seconde fois, en 1106. Le gouverneur était alors un Arménien, nommé Asbiéd, personnage célèbre par son courage et sa bravoure, mais dégradé par la débauche; Tancrède attaqua la ville du côté du fleuve, avec 10, 000 soldats arméniens et francs, et obtint ainsi la victoire. Quand les Roupiniens eurent augmenté leur puissance, ils disputèrent Messis aux Antiochéens; Thoros II à la fin parvint à la soumettre à son autorité avec la plus grande partie de la Cilicie; Messis fut une des premières villes dont il s'empara, il y fit prisonnier le duc Thomas. C'est encore dans Messis que Thoros fut assiégé en 1152 par Andronic parent de l'empereur, qui en l'insultant et en l'injuriant l'invitait à sortir, afin qu'il se laissât enchaîner et conduire à l'empereur à Constantinople, comme nous l'avons déjà rapporté ailleurs. Thoros irrité, «fit une brèche dans la muraille pendant la nuit, et se jetant soudain comme un lion sur les ennemis, les passa au fil de l'épée... Ses soldats se contentèrent de dépouiller ces lâches Grecs et les laissèrent aller.... ainsi Thoros conquit Messis et sans trop de peine toutes les provinces» [4] .

Il est certain que Meléh, frère et successeur de Thoros, s'empara aussi de Messis; car, comme nous l'avons déjà dit, c'est près de cette ville, qu'en 1171, il tendit un piège au comte Etienne pendant qu'il se rendait comme ambassadeur du roi de Jérusalem auprès de l'empereur Manuel. Au commencement de son règne, Léon I er (1188) donna Messis à Héthoum, fils de Tchordouanel de Sassoun, en le mariant avec Alise, fille de son frère Roupin; de même il donna à Chahen-chah, frère de Héthoum, la ville de Séleucie. La position favorable de Mamestie et son voisinage à la mer, devait en faire une ville commerciale, d'autant plus que l'embouchure du fleuve Djahan était autrefois moins encombrée, ce qui permettait aux bateaux de l'approcher aisément. Aussi les républiques de Gênes et de Venise reçurent de Léon le privilège d'y établir des maisons de commerce: ce n'est qu'à partir de ce moment que la ville devint florissante; car, lorsque Willebrand visita ces lieux en 1211-2, la ville ne comptait encore qu'un petit nombre d'habitants, quoiqu'elle fût fortifiée par des murailles et des tours. Après le grand tremblement de terre de 1114, elle fut certainement restaurée. Le plus beau temps pour Mamestie fut le long règne de Héthoum I er; et peut-être la fête la plus solennelle qui y fût jamais célébrée fut celle donnée par ce prince, lorsque son fils aîné Léon âgé de vingt ans y fut armé chevalier. A cette solennité il invita ses deux gendres, Bohémond prince d'Antioche et Julien seigneur de Sidon, avec leurs femmes (Sibil et Fimie) et sa sœur Marie, comtesse de Jobbé, «et tous ses amis (Français); il réunit aussi tous les ordres du clergé. Cette fête joyeuse eut lieu le 17 novembre 1256. Le roi se réjouit grandement avec son père Constant, avec toute sa famille et tous les assistants» [5] . Cependant Messis qui avait vu la magnificence, et la joie de Héthoum dans cette fête, vit aussi son grand deuil dix ou onze ans plus tard, quand son fils Léon fut fait captif, et qu'un autre de ses fils, Thoros, eut trouvé la mort dans le combat de Mari (1266). «Le fier Egyptien qui obtint la victoire,

  «Incendia Sis et Messis,

Et tous les villages entre ces deux».

Pourtant la ville de Messis ne fut pas ruinée, jusqu'à rendre impossible la célébration de la plus grande fête annuelle des Arméniens. Vers la fin de cette même année (1267), le roi magnanime «envoya une invitation générale pour le Nouvel an et la fête de l'Epiphanie, à tous les princes, tant à ceux qui étaient voisins, qu'à ceux qui étaient éloignés, les priant de s'assembler dans la ville de Messis pour la fête de la bénédiction des eaux. Tous les grands du royaume se réunirent: alors le roi leur ordonna de venir s'asseoir devant lui. Quand tous eurent pris leur place, le roi dit à ses gens: Il en manque encore d'autres, appelez-les. On lui répondit: O saint roi, tous sont ici présents devant vous. Mais le roi insista, leur commandant d'appeler les princes, et les barons qui n'étaient pas venus au rendez-vous. Les serviteurs embarrassés ne pouvaient comprendre ce que leur maître voulait dire. Alors les princes dirent au roi: Ceux que tu as ordonné d'appeler, sont tous ici, personne ne manque. Le saint roi d'un cœur excité porta ses regards de côté et d'autre, et d'une voix vibrante, les larmes aux yeux cria: Si tous sont ici présents, sont donc Léon et Thoros? A ces mots tous les princes s'émurent, et versèrent des larmes, se souvenant de ces charmants fils de leur maître, dont l'un était captif des mahométans, et dont l'autre avait été massacré par les mains des barbares. Tout le monde pénétré de douleur versait des larmes, non seulement les princes, mais encore les prêtres et les docteurs de l'église... il n'y avait personne qui pût leur offrir des consolations; l'affliction rendait tout le monde perplexe. Toutefois le sage et magnanime roi Héthoum reprit possession de lui-même, et se tournant vers les assistants il adressa des paroles de consolation aux princes, aux prêtres et aux docteurs», etc. Il leur indiqua encore le moyen de pouvoir délivrer Léon de la captivité du sultan d'Egypte, et il y réussit. (p. 288- Plan de la ville de Mamestie)

Cependant avant le retour de Léon, une dernière fête solennelle fut donnée par Héthoum à Messis, qui devint, à ce qu'il paraît, la capitale, après la ruine générale du pays et de la ville de Sis. La même année (1268) Héthoum rassembla un grand concile national, « dans la capitale de Messis, et dans ce concile fut élu Catholicos le digne et vénéré docteur Jacques, le 12 février, premier dimanche du carnaval». A cette occasion est mentionnée Saint-Sarkis, l'église paroissiale fut célébrée solennellement l'ordination du catholicos. Outre Saint-Sarkis, je trouve encore mentionnée, en 1297, l'église de Saint-Thoros; et l'église de Saint-Etienne [6] , en 1315, date à laquelle Mamestie continue à être appelée capitale.

Willebrand nous raconte, qu'en 1212, on lui montra à Messis le tombeau de Saint-Pantaléon, et il nous affirme que Saint-Servatius était de cette même ville; il cite encore près de Messis, un château, patrimoine du monastère de Saint Paul.

Une des plus remarquables constructions publiques était le grand Pont de Messis, (p. 289- Pont de Messis) ruiné en 1274 par le sultan Bendoukhtar, selon un chroniqueur; mais d'après le Connétable, «le sultan dévasta le Cantara (acqueduc) de Messis et poursuivit son chemin jusqu'à Coricus». Ce pont est remarquable par son antiquité: construit par l'empereur Constant, fils de Constantin le Grand, il fut restauré par Justinien. Malgré de nombreuses vicissitudes il est resté debout avec ses neuf arches, en pierres de taille: à ses deux extrémités se trouvent des bas-reliefs anciens; sur l'un, on distingue une tête de bœuf, sur l'autre, une inscription latine, souvenir d'un soldat de la XVI e légion. Cinq de ses arches renversées par le torrent, en 1737, ont été reconstruites. En 1832, les Turcs dans leur guerre contre les Egyptiens, ruinèrent l'une des arches pour empêcher le passage des leurs ennemis; on la restaura plus tard avec du bois; et c'est l'unique passage lors de la crue des eaux du Djahan, pour tous ceux qui veulent se rendre de Marache aux plages de la mer. La largeur du fleuve dépasse ici 430 pieds.

Par sa proximité à la frontière du royaume des sultans d'Egypte, Messis était très en butte aux périls de la guerre, et ce n'est que grâce à ses formidables murailles qu'elle put supporter longtemps plusieurs sièges. En 1322, les Arméniens subirent une cruelle défaite sous les murs de cette ville; plusieurs de leurs princes tombèrent dans la bataille, entre autres, Héthoum seigneur de Tchelganotz, son frère Constantin, Ochine, fils du connétable, Vahram Lodigue, «21 chevaliers et beaucoup d'hommes du peuple».

A cause de ces alarmes et de ces continuelles vexations, le siége de l'évêque latin, qui, depuis le règne de Léon le Grand était établi à Messis, fut transféré à Ayas, en 1320, par ordre du Pape Jean XXII. Quant aux archevêques arméniens de Mamestie, que nous connaissons, en voici la liste:

 

1175-1206. David, plus tard catholicos.

1215. Jean, le docteur [7] .

1266. Sion.

1306- Constantin.

1316. Jean.

1332. Etienne.

1342. Basile.

1363-70. X. X...


[1] D'autres donnent l'étymologie latine Mopsi ostia ou Mopsi vates, c'est-à-dire les augures de Mopsus.

[2] «Cum castra haberem in agro Mopsuestiæ».

[3] «Erat autem Mamistra una de nobilioribus ejusdem provinciæ civitatibus, muro et multorum incolatu insignis, sed et optimo agro et gleba ubere et amænitate præcipue commendabilis». Gul. Tyrensis.

[4] Notre historien de la Cilicie.

[5] Le même historien.

[6] Cette église est aussi mentionnée par un certain prêtre Guiragos, qui y avait écrit un Hymnaire, pour son fils spirituel, le prêtre Jacques.

[7] Peut-être qu'à part celui-ci, il y eut un autre évêque latin du nom de Jean, élu dans la même année, et qui avait apposé sa signature au chrysobulle de Roupin, Prince d'Antioche. Dans la série des évêques latins, on en trouve un nommé Guillaume, en 1245. Paoli, I, 258.