Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  En face de ces îles, au bord de la mer, près d'une petite rivière, s'élève une station du même nom, Papadoula; elle ne contient que quelques maisons. Presque avec le même nom, et tout près de Céléndris, la même carte maritime italienne indique Paliopoli, ou mieux encore Paléapolis, IlaXcacacoXi: ainsi qu'elle est aussi désignée dans la statistique ecclésiastique de la province de Pamphylie. Les Arméniens s'étant emparés de la vallée du Calycadnus, connaissaient un lieu appelé Պալապօլ, Palabol, dans la province de Séleucie. Les anciennes cartes marines indiquent dans cette contrée le havre de Figuero, Porto Figuero, (port des figuiers), que le voyageur Olivier (1798) trouve à une heure de Célénderis.

Toutes ces côtes jusqu'au promontoire remarquable de Zéphyrion, sont très stériles, rocheuses, calcaires et inhabitées. Les falaises sont entrecoupées par de petits vallons formés par les rivières et les torrents; on y voit plusieurs forêts, dont les bois sont envoyés en Syrie et en Egypte. Il faudrait chercher dans cet espace, les lieux suivants, indiqués par les anciens géographes: Sinus Berenicee, Βερενι ̀ χη, peut-être le même que le havre de Figuero; Crambousa, Κρα ̀ μβουα, indiqué à cinquante milles à l'est de Bérénicée, et presqu'à la même distance de Crambousa, le promontoire de Graouni, Κραυ ̉́ νοι.

Le Promontoire Aphrodisias, ' Αφροδισίας, du nom de Vénus, à laquelle on y avait élevé un temple, indiqué à 500 stades du promontoire Avlion de l'île de Chypre, paraît avoir son emplacement près de la petite baie de la mer, nous avons mentionné les restes dispersés des ruines et des colonnes rappelant une ville ancienne, près du célèbre promontoire qui est entre les îles de Papadouli et une autre au sud-ouest du golfe de Séleucie. Ce promontoire, portait anciennement le nom de Zéphyrion ( Ζεφύριον ), et c'est le dernier de ceux qui sont au sud de la Cilicie. Tous ces promontoires, qui ne sont que des rochers de marbre blanc, d'une hauteur de 6 à 700 pieds, disposés par couches horizontales, forment une vaste péninsule; ceinte de murailles de tous les côtés faibles, et même du côté de la terre ferme, elle semble avoir été défendue par des tranchées. L'isthme qui joint cette péninsule au continent, a presque 365 mètres de large, et est bordé des deux côtés d'étangs ou de bas marécages, joints à la mer par une digue ou des écluses, qui paraissent avoir été construites dans le but d'une inondation militaire en cas de guerre ou de siége. Du côté occidental, on voit un petit port couvert d'un toit, et aux alentours croissent les lauriers; la surface de cette presqu'île ne fut pas explorée par Beaufort, à défaut de temps. Depuis le moyen âge jusqu'à nos jours, les Italiens et les occidentaux ont attribué à ce promontoire le nom de Cap Cavaliere, et on l'a ainsi nommé, dit-on, à cause d'une petite île à 4 1/2 milles à l'est du promontoire, et qui fut jadis une station de l'ordre des Chevaliers; elle s'étend sur une longueur de deux milles et s'appelle de même, Porto Cavaliere. Je crois que l'île de Dana-adassi (Ile du veau) des Turcs est la même.

A quelques milles au nord-est on remarque une autre île rocailleuse dont les falaises s'élèvent à pic sur la mer; vers la terre ferme on voit une profusion de monuments ruinés, d'églises, de colonnes et de sarcophages; parmi ces ruines on trouve les restes d'un grand édifice, qui semble avoir été un gymnase. Une citadelle est bâtie au sommet du pic le plus haut, et l'île entière est munie de tous côtés de remparts artificiels ou naturels. Evidemment ce devait être autrefois une station stratégique très importante et elle devait posséder une forte garnison. On y avait creusé des citernes et des réservoirs pour suppléer au manque de sources. Cette île est à présent entièrement inhabitée. Les habitants des plages voisines lui donnent le nom de Manavate, les Occidentaux la connaissent sous le nom de Provençale, Isola Provenzale, ou Scojo Provenzal, et la terre en face, sous le nom de Porto Provenzale. Tout cela montre que pendant la domination des Arméniens ces lieux, ces stations et ces havres servaient de ports aux commerçants de Montpellier et à d'autres Français de la Provence. Ils ont conservé dans leurs archives les chrysobulles des privilèges que Léon IV leur avait accordés dès le commencement de son règne, en 1321; ces documents sont semblables à ceux donnés par son père Ochine, qui leur avait octroyé les mêmes privilèges, et dont les originaux sont perdus. Ce nom de Provençale (Ile Provençale, Portus Pordensalium), vient assurément des Français. Notre catholicos Grégoire Degha parle de ces Français dans ses Lamentations sur Jérusalem, et se plaint de ce qu'ils ne vinrent pas à son aide.

Ni le roi des Grecs,

Ni mes soldats des Français,

Ni le Provençale et le Venaissin,

Ni le Constant?, ni le Limousin [1] .

Les nombreuses traces de chapelles que l'on trouve dans cette île, sont un argument en faveur de ceux qui la croient une ancienne station des chevaliers de Rhodes.

Au lieu d'hommes on y voit aujourd'hui une grande multitude d'oiseaux aquatiques; les rochers abondent en canards d'une grandeur et d'une beauté extraordinaires. Le plumage de ces oiseaux est blanc avec des taches orangées et noires. Ils sont difficiles à chasser mais l'abondance de leurs œufs remplace le défaut de leur chair. Cette espèce de canards ne se voit que dans ces parages, et Beaufort donne pour cause le singulier motif, qu'en Cilicie chaque espèce d'oiseaux est cantonnée dans un district particulier: la perdrix ne dépasse point les limites d'Attalie; les anfractuosités des rochers de Célénderis abritent les pigeons; les rochers sont les nids des aigles.

Il est triste que dans cette île remarquable, qui sans doute passa sous la domination de Léon, nous ne puissions trouver ni un nom clairement arménien, ni le moindre souvenir, pas même une mention parmi les châteaux dont les noms sont énumérés dans la relation du couronnement de ce roi.

En face de l'île de Provençale, au nord-est, les plages de la mer sont coupées par des criques et de petites vallées; chacune a son ruisseau ou ses ruines d'édifices qui paraissent modernes, ou en tous cas, sont différentes de celles que nous avons rencontrées sur les côtes de la Pamphylie. Les maisons sont construites avec des pierres calcaires grises, taillées et travaillées, jointes les unes aux autres avec un peu de ciment.

Plusieurs des rochers et des îles près de la mer sont recouverts de ruines semblables; les collines sont couronnées de châteaux et de tours de guet. D'assez hautes montagnes partent des bords de la mer et se prolongent dans l'intérieur du territoire; la plaine s'élargit et attient une hauteur moyenne entre la Cilicie montagneuse et la Cilicie de plaine. Dans la région que nous venons de décrire on cite un village du nom d' Ovadjik, (petite plaine), à 110 mètres au-dessus du niveau de la mer.


[1] Provence, Venaissin, Limousin désignent probablement ces provinces de la France ou quelques seigneurs qui en étaient originaires. Comme Venise n'est pas mentionnée, il est fort probable que Venetzin, Վընեցին, désigne les Vénitiens. De Constan, on pourrait bien tirer le nom de Toscane.