Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Je crois qu'il faut chercher le (couvent) siége épiscopal de Messis et ses dépendances, dans un coin du bois que nous avons mentionné, ou sous les lieux ombrageux des montagnes. Ce monastère, l'un des plus célèbres de Sissouan, devait sans doute son nom aux arbres au milieu desquels il était construit; on l'appelait Arkagaghin (monastère des noisetiers). Le P. Indjidji, d'après le rapport de quelques religieux du monastère de Sis, supposait Arkagaghine, près de cette dernière ville; nous avons cité dans notre topographie le monastère dont il parle; mais nous ne partageons point son avis. La position d'Arkagaghine, de même que celle du couvent de Trazarg, encore plus célèbre, nous est resté cachée et inconnue et pourtant un docteur du nom Gabriel, (si je ne me trompe, religieux du couvent de Sis et frère du savant docteur Sarkis), écrivait encore dans ce même monastère vers l'an 1772, mais il n'en indique pas la position. Un de nos chroniqueurs du XV e siècle, le place à l'ouest de Gobidar et le regarde comme un patrimoine des Gobidaréens, mais nous n'avons pas eu la chance de vérifier ce point. L'époque de la fondation de ce monastère n'est pas certaine; il est mentionné pour la première fois vers le milieu du XII e siècle, par le docteur Vahram, à propos du transport des restes de Stéphané, père de Léon le Grand, (1167):

Sa dépouille mortelle fut déposée dans le tombeau, Dans le monastère appelé Arkagaghine.

 

Il était connu vulgairement sous le nom de Khedjeguedor, Խճկտոր, corruption de Hadje-gadar; d'où nous pouvons déduire que son église était dédiée à la Mère du Seigneur; car cette épithète (Propice) est toujours attribuée à la Sainte Vierge. Ce nom se trouve dans le mémoire de l'inhumation du Catholicos Grégoire Abirad, en 1203. Celui-ci était venu de Romcla à Sis, pour demander au roi Léon la délivrance de Héthoum Héli; il mourut quelque temps après et «fut enterré à Saint Khedjeguedor, qu'on appelle monastère d'Arkagaghin».

Le supérieur du monastère alors était David, archevêque de Mamestie; celui-ci est placé en première ligne parmi les évêques cités à la fête du couronnement de Léon; d'où il suit que, ou Mamestie était encore la capitale des Arméniens, ou que David fut élevé quelques années après sur le siège du catholicos, alors que le roi eut destitué le catholicos Jean. David, nommé catholicos, garda encore deux ou trois ans la direction du monastère, (1206-8), et il est appelé David d'Arkagaghine. Un religieux du nom de Paul, probablement contemporain de David, ayant cherché le panégyrique de Chrysostome ou de Théophile sur Saint Grégoire l'Illuminateur, traduit par Théophiste, le «trouva dans le saint monastère d'Arkagaghine... et le déposa dans le glorieux et saint ermitage d'Arkagaghine, qui était devenu comme une capitale religieuse».

Dans la moitié du XIII e siècle, en 1266, le prêtre Thoros, parent du catholicos Constantin I er, écrivit sur ses ordres un évangile, et il en «fit don au monastère d'Arkagaghine, par l'entremise de l'évêque Sion, et je demandais, dit-il, que la messe de la Saint-Etienne fût célébrée pour mes parents, pour le catholicos, et pour moi».

(Fac-simile, tiré de l'Hymnaire écrit dans le couvent d'Arkagaghine [1] )

 

Ce monastère souffrit beaucoup du grand tremblement de terre en 1269; et c'est plutôt aux dégats de ce monastère qu'à ceux d'autres endroits, que pense un contemporain lorsqu'ils, s'écrie [2] : «De quelle manière puis-je exprimer ma douleur? Et ce qui est encore plus douloureux, le monastère renommé d'Arkakaghine et toutes les maisons de prière et les couvents qui étaient sous sa juridiction, tous sans exception furent ruinés. on voyait une scène douloureuse et on n'entendait que des soupirs, des cris de douleur et des lamentations, et... nous en avons été témoin oculaire». Je ne puis affirmer avec certitude si Arkagaghine fut restauré, car je ne trouve aucun mémoire avec une date précise, je crois pourtant qu'il le fut. Les tristes lamentations du chroniqueur eurent bientôt leur fin, les douces mélodies ne firent jamais défaut dans ce saint monastère. Je ne sais pas les noms des hommes de talent qui y ont composé ces chants mélodieux ajoutés au recueil d'hymnes du bréviaire arménien. On trouve plusieurs exemplaires de ces chants copiés dans divers monastères du territoire de Sissouan, tous ornés d'enluminures en couleurs et de dorures et d'une fort belle exécution. Ils étaient composés par des religieux musiciens du couvent même. Sans doute ils se dédièrent à cette étude aux temps les plus heureux de leur pays, dans leur calme solitude, et sous l'ombrage de leurs noisetiers. Plusieurs de ces hymnes portent différents signes musicaux, et à la marge de la page chacun est marqué d'une épithète distinctive; ces noms forment une série de plus de soixante-dix.

Jean d'Ezenga prononça probablement dans ce monastère son discours sur le psaume C: (Ad te clamavi), comme il avait encore fait des discours dans diverses églises et monastères de la Cilicie sur l'invitation des supérieurs.

Dans l'histoire des Croisés et dans les archives des princes latins d'Orient, on trouve plusieurs faits relatifs à Mamestie, du temps ce district n'était pas sous la domination des Roupiniens, mais opprimé par des princes plus puissants et avides de gloire. Parmi ces derniers nous pourrions rappeler Baudouin et Tancrède, qui, comme nous l'avons vu, à peine arrivés sur ce terrain se battaient déjà l'un contre l'autre sous les murailles de la ville.

Près de Mamestie se trouvait un lieu appelé par les Arabes Merdj-el-Dibadje, et par les Latins Pratum Palliorum, (Prairie des tuniques), en 1133 Bohémond II, prince d'Antioche, livra bataille à Rédouan, émir d'Alep. Bohémond fut vainqueur, mais il mourut de ses blessures.

On mentionne encore un village du nom de Sarata, que les Antiochéens avaient offert aux Hospitaliers. Bohémond III confirma cette donation à deux reprises, en 1149 et en 1163.

Par un chrysobulle antérieur, Cécile, princesse de Tarse, sœur de Baudouin II, roi de Jérusalem, avait offert au monastère de la Sainte-Vierge, qui se trouvait dans le vallon de Josaphat, près de Jérusalem, divers villages du territoire de Mamestie, entre autres Joacheth? avec toutes ses dépendances, et Oessi? au delà du fleuve Djahan, (dans le chrysobulle on trouve Joannes) [3] . Nous rencontrons dans les mémoires de nos livres, un monastère appelé Djokhath, nom qui pourrait dériver de Joachet, d'où nous vient un évangile écrit en 1250, durant le règne de Héthoum I er et le catholicat de Constantin: ce couvent appartenait aux Syriens, et servit de résidence à leur catholicos; on le trouve mentionné encore au commencement du XIV e siècle.


[1] Traduction du fac-simile. «Mais il fut copié de bons et authentiques exemplaires qu'avaient réglés les premiers maîtres de musique du saint et renommé couvent d'Arkagaghine. Je supplie qu'on veuille être indulgent pour les erreurs et pour l'écriture grossière; car notre capacité n'allait pas au delà».

[2] Grégoire, qui a écrit un évangile dans le couvent des Andréassank.

[3] «Ego Cecilia Domina Tharsensis, scilicet soror Regis Jerosolimorum... dono et concedo..., casalia in territorio Mamistre, quorum nomina sunt hec, Joacheth, scilicet cum omnibus appendiciis suis; terram quoque duarum carrucatarum in Tilio. Aliud etiam casale nomine Oessi, quod est ultra flumen, quod vocatur Joannes», etc. D'autres villages encore y étaient peut-être indiqués; mais je n'ai trouvé que ceux-ci, copiés par un prêtre italien, qui a écrit l'histoire de la ville d'Adana, en 1842, sous ce titre: Adana, città dell'Asia Minore. Monografia del Sacerdote Niccolo Maggiore. Palermo, 1842.