Le
territoire
montagneux
de
la
Cilicie
était
appelé
par
nos
ancêtres:
«Les
Trônes
de
la
Cilicie
pierreuse».
Il
commençait
au
nord-ouest
de
la
province
de
Tarsus,
et
comprenait
une
partie
de
cette
même
province
qui
s'étendait
à
l'est
vers
la
plaine.
La
frontière
exacte
des
anciennes
provinces
de
Tarsus
et
de
Lambroun
n'est
pas
bien
indiquée.
Il
est
probable
qu'elle
était
formée
par
la
vallée
du
fleuve
qui
est
appelée
actuellement
Déghirmén-déréssi,
(Vallée
du
moulin).
Je
laisse
cela
à
un
examen
ultérieur
et
je
passe
immédiatement
à
la
description
d'une
curiosité
naturelle
qui
se
trouve
dans
cette
partie
du
pays.
C'est
une
grotte
souterraine,
carrée,
avec
un
plafond
en
voûte.
Elle
se
trouve
sur
les
flancs
d'un
rocher
marmoréen,
à
la
droite
du
fleuve
et
à
une
distance
de
trois
heures
de
chemin
en
montant,
ou
à
peu
près
de
dix
kilomètres
de
distance
de
la
ville
de
Tarsus.
On
descend
dans
la
grotte
par
un
escalier.
C'est
un
lieu
de
pèlerinage
pour
les
mahométans:
d'après
une
tradition
analogue
à
celles
des
chrétiens
sur
les
sept
Dormeurs
d'Ephèse,
ils
prétendent
que
cette
grotte
renferme
les
corps
de
sept
saints
personnages,
et
ils
la
regardent
comme
l'un
des
plus
augustes
parmi
leurs
lieux
sacrés.
Chaque
année,
ils
y
égorgent
un
grand
nombre
de
brebis,
les
mangent
en
cet
endroit
même
et
en
distribuent
une
partie
aux
pauvres.
Ce
lieu
est
mentionné
dans
le
Coran,
où
il
est
dit
qu'à
l'entrée
de
la
grotte
obscure
où
reposaient
ces
personnages,
il
y
avait
un
chien
qui
veillait
jour
et
nuit
et
chassait
ceux
qui
voulaient
y
pénétrer.
Les
interprètes
de
ce
passages
du
Coran
ne
sont
pas
d'accord
sur
le
nombre
des
dormeurs;
les
uns
opinent
pour
trois,
d'autres
pour
cinq,
d'autres
enfin
pour
sept,
toujours
sans
compter
le
chien.
La
vérité,
selon
eux,
ne
serait
connue
que
d'un
très
petit
nombre
de
personnes,
et
surtout,
il
faut
se
garder
de
demander
des
renseignements
aux
chrétiens.
Actuellement
les
mahométans
donnent
à
ce
rocher
le
nom
de
Djébel-el-Kéhfe
ou
Ashab-el-Kéhfe
(Montagne
ou
Habitants
de
la
Caverne);
ils
y
ont
construit
une
petite
mosquée
grâce
a
la
générosité
d'Abd-ul-Médjid
et
d'Abd-ul-Aziz
qui
en
ont
payé
les
frais.
De
grands
arbres
servent
d'abri
aux
pélerins
et
aux
voyageurs.
Quelques
musulmans
racontent
une
autre
légende
sur
cette
grotte:
Quatre
ou
sept
géants,
disent-ils,
descendus
de
Lambroun
pour
venir
réclamer
les
impôts
des
habitants
de
Tarsus,
entrèrent
dans
cette
caverne.
Après
avoir
mangé
et
bu,
ils
s'y
endormirent
et
restèrent
plongés
dans
leur
sommeil
pendant
150
ou
200
ans.
A
leur
réveil
ils
furent
surpris
de
voir
les
grands
changements
qui
avaient
eu
lieu.
Par
ordre
du
roi
régnant,
—
celui-ci
avait
exterminé
la
tribu
de
géants,
—
ils
furent
obligés
de
rester
dans
cette
caverne
jusqu'à
leur
mort;
un
troupeau
de
brebis
fut
alloué
à
leur
entretien.
Les
infortunés
dormeurs
passèrent
leurs
dernières
années
à
creuser
de
leurs
mains
leurs
propres
tombeaux.
Non
loin
de
cette
grotte
des
Dormeurs,
près
du
village
que
M
r.
Langlois
nomme
Garboulji,
on
trouve
beaucoup
de
tombeaux
taillés
dans
le
rocher;
mais
plusieurs
sont
déjà
à
moitié
ruinés.
Entre
Tarsus
et
la
grotte
El-Kéhfe,
vers
l'est,
se
trouve
le
village
Kezelbache
[1],
et,
un
peu
plus
haut,
celui
d'Oulache.
On
remarque
à
côté
de
ce
village
les
ruines
d'un
vaste
bâtiment
en
briques
et
un
lac
creusé
dans
le
rocher.
Les
historiens
turcs
mentionnent
ce
lieu
sous
le
nom
de
Oulache-yourde.
Selon
eux
un
régiment
de
l'armée
de
Bayezid
II
aurait
passé
par
là
en
1487,
pendant
que
les
autres
descendaient
des
montagnes
et
des
environs
de
Tarsus.
Ils
marchaient
contre
le
prince
Karaman.
D'après
ces
mêmes
historiens,
la
région
montueuse
située
entre
Tarsus
et
les
monts
Bulgars,
se
nommait
Arsal.
—
A
une
distance
de
quatre
heures
d'Oulache,
après
avoir
passé
entre
les
montagnes
par
les
défilés,
les
rochers
et
les
buissons,
on
décourve
de
grandes
ruines
désolées,
les
restes
silencieux
et
délaissés
des
couvents
et
des
églises.
On
trouve
dans
ce
pays
beaucoup
de
ces
ruines
et
partout
on
remarque
qu'à
côté
d'elles
s'élevaient,
comme
des
alliés,
des
forteresses
et
des
temples,
asiles
de
la
prière.
Dans
les
parties
moins
accidentées
et
plus
plates,
au
pied
des
parois
de
rochers
ou
à
la
lizière
des
forêts,
on
trouve
encore
des
maisons
habitées.
De
ce
nombre
sont
les
deux
villages
de
Tchander,
l'inférieur
et
le
supérieur,
ou
le
petit
et
le
grand
Tchander.
Ils
se
trouvent
à
une
distance
de
six
heures
de
Tarsus,
au
nord-est,
et
de
deux
heures
de
la
grotte
El-Kéhfe.
On
y
trouve
encore
des
habitations
d'Arméniens.
Le
petit
Tchander
est
bâti
dans
une
échancrure
de
la
vallée
large
et
profonde.
Le
grand
est
situé
à
une
heure
de
distance,
sur
le
plateau
de
la
montagne.
Il
sert
de
séjour
estival
aux
habitants
du
village
inférieur.
Un
peu
plus
loin,
au
bord
du
vallon
creusé
par
la
rivière
du
Moulin,
s'élève
une
colline
pierreuse,
au
milieu
d'autres
monticules
moins
élevés
et
unis
ensemble.
Cette
place
est
très
escarpée
et
presque
inaccessible;
elle
domine
tous
les
environs,
et
comme
il
n'y
a
pas
de
hauteur
qui
la
surpasse
du
côté
méridional,
on
peut
la
voir,
avec
la
forteresse
qui
couronne
son
sommet,
des
bords
mêmes
de
la
mer,
du
côté
de
Tarsus
et
de
Pompéopolis.
Le
château-fort
qui
la
domine,
porte
le
nom
de
Tchander-kalé.
On
y
trouve
une
inscription
relative
à
Sempad
le
Connétable,
frère
du
roi
Héthoum
I
er,
où
il
est
déclaré
«Maître
du
château
paternel».
Il
n'est
pas
impossible
que
ce
château
soit
le
fameux
Babaron
ou
Babéron,
dont
on
parle
si
souvent
dans
les
chroniques.
De
même
il
est
vrai
que
ce
brave
et
modeste
généralissime
possédait
un
grand
nombre
de
forteresses;
mais
sa
principale
résidence
était
celle
de
Babéron,
et
tous
les
mémoires
disent
qu'elle
était
très
forte
et
presqu'inaccessible;
ce
qui
concorde
avec
la
position
de
Tchander-kalé.
Dans
l'histoire
des
Byzantins,
la
résidence
du
Connétable
est
appelée
Παπομςιον;
sous
le
règne
de
l'empereur
Zénon,
on
y
conservait
un
trésor
et
la
place
était
estimée
dans
l'Isaurie.
Tchander-kalé
est
inaccessible
de
trois
côtés;
c'est
seulement
du
côté
nord-est
que
l'on
peut
y
monter
et
y
pénétrer.
On
y
arrive
par
une
citerne;
car
l'ancien
chemin,
le
seul
qui
y
conduisait,
est
devenu
impraticable
et
la
porte
principale
qui
regardait
l'ouest,
est
ruinée.
Cette
citerne
se
trouve
dans
une
grotte,
sur
la
gauche
en
montant,
en
bas
de
la
forteresse.
Elle
est
très
grande,
on
y
descend
par
un
escalier
de
vingt-cinq
gradins;
à
la
droite
s'en
trouve
un
escalier,
taillé
dans
la
pierre
noire,
d'une
hauteur
droite
de
142
gradins.
Après
un
petit
détour,
par
une
quinzaine
d'autres
gradins
[2],
on
arrive
dans
une
tourelle
qui
était
probablement
un
corps-de-garde.
C'est
du
moins
l'opinion
de
l'unique
archéologue
qui
nous
en
ait
laissé
des
informations,
le
Père
Clément
Sibilian.
Il
a
visité
ces
lieux
l'année
1875,
(28
et
29
Octobre]
en
compagnie
de
l'anglais
Sir
Ancketill.
Le
P.
Sibilian
s'est
basé,
pour
porter
ce
jugement,
sur
la
position
et
la
forme
des
fenêtres.
Un
peu
plus
haut
se
trouve
le
sommet
de
la
colline
formant
une
plate-forme
ovale
de
500
mètres
de
long
sur
trois
cents
de
large.
Elle
est
aride,
couverte
de
décombres
et
de
buissons.
Les
ruines
principales
du
château
et
de
l'église
sont
à
l'ouest,
l'entrée
se
trouve
au
nord.
On
y
remarque
deux
chambres
surplombant
un
rocher
en
précipice.
Dans
l'une
d'elles
on
trouve
encore
un
siége
taillé
dans
la
pierre,
et
selon
le
témoignage
d'Ancketill,
on
voit
sur
une
cheminée
de
jolies
sculptures.
«A
beautifully-carved
stone,
chimney-piece
in
fine
preservation.
Traces
of
fresco
painting
are
visible
on
the
walls
of
the
interior,
and
the
masonry
is
of
admirable
workmanship,
especially
the
stonework
of
the
door».
Sur
le
plateau
on
trouve
encore
une
autre
citerne,
creusée
dans
le
roc,
avec
un
peu
plus
de
10
mètres
de
profondeur,
sur
15
de
longueur;
elle
n'est
murée
que
d'un
côté
seulement.
Maintenant,
à
part
ces
quelques
restes,
on
ne
trouve
plus
rien
debout,
sauf
une
partie
de
la
voûte
de
l'église.
La
hauteur
et
la
hardiesse
des
constructions,
la
beauté
des
sculptures
que
l'on
distingue
encore
sur
la
porte,
les
restes
de
peintures
sur
les
murs
et
leur
position
effroyable,
nous
indiquent
non
seulement
la
solidité
du
bâtiment,
mais
encore
l'art
et
l'adresse
des
constructeurs
et
la
richesse
des
princes
du
lieu.
—
La
première
fondation
de
cette
place
est
assurément
antérieure
à
l'établissement
des
Arméniens
dans
le
pays;
elle
doit
remonter
aux
Grecs
de
Byzance,
ou
à
d'autres
peuples
plus
anciens.
Mais
dans
l'histoire
des
premiers
on
n'en
trouve
aucune
mention
avant
le
XI
e
siècle,
quand
elle
était
déjà
au
pouvoir
d'une
famille
arménienne.
Ce
fut
l'une
des
rares
et
principales
possessions
des
Arméniens
avant
la
fondation
du
royaume
des
Roupiniens,
du
vivant
de
Kakig,
dernier
roi
des
Pacratides,
vassal
des
empereurs
de
Constantinople.
Nous
trouvons
la
mention
de
Babéron
dans
l'excellent
mémoire
du
D
r.
Samuel,
sur
—
l'Interprétation
des
Psaumes,
—
œuvre
de
Saint
Nersès
de
Lambroun:
«L'un
des
princes
arméniens,
Abelgharib
(fils
de
Hassan,
fils
du
général
Khoul-Khatchig),
de
la
famille
de
Vasbouragan,
fut
envoyé
en
Cilicie
par
l'empereur
Alexis,
comme
son
intime
et
comme
une
personne
prudente
et
capable
dans
les
affaires
de
la
guerre.
Il
avait
pour
mission
de
gouverner
Tarsus
et
Maméstie.
Celui-ci
trouva,
au
pied
des
monts
Taurus,
deux
places
fortes,
dominant
la
ville
de
Tarsus,
dont
l'une
s'appelait
Lambroun,
et
l'autre,
Babéron;
elles
étaient
entourées
par
des
villages
et
des
hameaux.
Abelgharib
choisit
Babéron
pour
y
déposer
ses
trésors.
Il
y
bâtit
une
vaste
église
et
y
fit
creuser
un
caveau
funéraire
pour
lui
et
pour
sa
famille...
Abelgharib
y
fut
enterré».
Abelgharib
doit
avoir
été
nommé
prince
de
Tarsus
déjà
par
les
prédécesseurs
d'Alexis,
car
le
règne
de
ce
dernier
n'a
commencé
qu'en
1081.
Or,
avant
cette
date,
Kakig
avait
déjà
rendu
visite
à
Abelgharib,
à
Tarsus,
dans
le
but
d'obtenir
pour
son
fils
cadet
la
main
de
la
fille
de
ce
prince.
Ou
bien
cette
proposition
ne
réussit
pas,
ou,
selon
d'autres,
Abelgharib
se
brouilla
avec
son
futur
gendre
et
le
fit
jeter
en
prison.
Kakig
s'en
retourna
tout
courroucé
dans
ses
terres,
où
il
mourut
tragiquement
l'an
1079.
—
Abelgharib
n'avait
pas
d'enfants
mâles;
il
désigna,
comme
son
successeur
Isaac,
l'un
de
ses
nobles
vassaux.
Ce
jeune
seigneur
était
le
gendre
d'Ochin,
fondateur
de
la
maison
des
Héthoumiens
ou
Seigneurs
de
Lambroun.
Abelgharib
avait
déjà
donné
à
Ochin,
qu'il
regardait
comme
son
ami
intime,
cette
forteresse,
avec
le
droit
de
la
transmettre
à
ses
descendants,
quand
celui-ci
vint
d'Artzakh.
Cependant
rien
de
certain
nous
indique
quand
et
lequel
des
Héthoumiens
a
gouverné
cette
place
pour
la
première
fois.
La
seule
chose
que
l'on
connaisse
sûrement
c'est
qu'ils
y
étaient
déjà
dans
la
première
moitié
du
XII
e
siècle.
A
cette
époque,
Babéron
était
gouverné
par
Sempad
frère
d'Ochin
II,
père
de
Saint
Nersès
et
petit-fils
d'Ochin
I
er.
Ce
même
Sempad
fut
tué
l'an
1151
dans
une
rencontre
près
de
l'entrée
de
Mopsuéste
alors
que,
allié
aux
Grecs,
il
combattait
contre
Thoros
II,
le
Roupinien.
Son
fils
Pagouran
lui
succéda.
Nous
avons
déjà
parlé
de
ce
prince
et
de
sa
sœur,
la
princesse
Ritha,
qui
avait
été
mariée
à
Stéphané,
frère
de
Thoros.
Nous
avons
aussi
vu
comment,
lorsque
le
tyran
Meléh
arriva
au
pouvoir,
celle-là
se
réfugia
avec
ses
fils,
Roupin
(II)
et
Léon
(I
er.
roi),
chez
son
frère
Pagouran,
à
Babéron.
Après
avoir
enduré
sept
années
de
tyrannie,
les
princes
arméniens
se
défirent
de
Meléh
et
demandèrent
le
jeune
Roupin
à
Pagouran.
Celui-ci
le
leur
envoya
«avec
d'immenses
trésors
d'or
et
d'argent».
Il
ne
se
montra
pas
moins
généreux
lorsque
le
second
de
ses
neveux
monta
à
son
tour
sur
le
trône.
Même,
selon
certains
mémoires,
il
était
présent
à
la
cérémonie
du
sacre
de
ce
dernier
(1199).
A
la
mort
de
Pagouran,
le
château
de
Babéron
passa
à
son
frère
Vassag,
qui
le
laissa
à
son
fils
le
célèbre
Constantin,
père
du
roi
Héthoum
qui
remit
ce
château,
comme
patrimoine,
avec
la
dignité
de
général,
à
son
aîné,
le
célèbre
Connétable
Sempad
(1208-1276).
Le
nom
de
cette
forteresse
reste
plus
strictement
lié
avec
le
nom
de
ce
Connétable,
qu'avec
celui
d'aucune
autre
personne.
Sempad
fut
le
personnage
le
plus
illustre
de
tout
le
royaume
des
Arméniens,
après
Léon-le-Grand
et
Constantin,
son
père.
Aussi
glorieux
que
son
frère,
le
roi
Héthoum
I
er,
il
le
surpassa
en
valeur
et
en
science
littéraire,
témoin
l'Histoire
du
royaume
de
ses
concitoyens,
l'Accommodement
des
Codes
de
lois
de
Mékhitar
Koche,
la
traduction
des
Assises
d'Antioche,
sa
lettre
écrite
à
son
beau-frère,
le
roi
de
Chypre,
les
livres
qui
ont
été
copiés
sur
son
ordre,
parmi
lesquels
nous
trouvons
ses
propres
mémoires
en
prose
et
en
vers.
L'an
1241,
il
écrivait,
dans
un
recueil
des
Prédicaments
d'Aristote
et
de
Grégoire
de
Nysse:
....
En
les
rassemblant
Je
les
ai
disposés
convenablement,
Moi,
pécheur
et
malheureux,
Pauvre
soldat
et
misérable.
Mon
nom
est
Sempad
l'Arménien,
Maître
et
Baron
de
Babéron,
Frère
du
roi
Héthoum,
Généralissime
de
l'armée
arménienne.
Il
eut
aussi
entre
ses
mains
le
manuscrit
de
S.
Nersès
de
Lambroun,
le
livre
des
Scholies
de
Cyrille
et
de
S.
Denis,
et
il
écrivit
au
bas
de
l'une
des
pages:
«Mon
Seigneur
Dieu
J.
C.
ayez
pitié
du
Connétable
Sempad».
De
même
dans
la
préface
de
la
traduction
des
Assises:
«Moi
Sempad,
serviteur
de
Dieu
et
Connétable
des
Arméniens,
fils
de
Constantin
et
frère
du
pieux
roi
Héthoum,
maître
de
Babéron,
etc...
»
Nous
retrouvons
également
les
mêmes
énumérations
de
titres
dans
la
préface
des
Codes,
qu'il
mit
en
ordre
l'an
1265.
Quelques
années
après
(1269)
il
écrivit
en
vers,
dans
un
livre
du
Missel,
la
longue
et
importante
déclaration
suivante,
à
laquelle
ses
héritiers
ont
ajouté
quelques
phrases:
Gloire
à
Dieu,
Créateur
de
tout
être.
Il
est
seul,
et
il
ne
peut
y
en
avoir
un
autre,
Seigneur
et
maître
immuable.
—
J'écris
à
la
date
arménienne
Sept
cent
dix-huit
(1269),
Moi,
Sempad
l'Arménien,
Serviteur
et
poussière
du
Christ,
Moi,
généralissime
de
l'armée
arménienne,
L'aîné
de
mon
père
Constantin,
Frère
du
roi
Héthoum.
J'ai
respecté
et
aimé
Ma
mère
la
sainte
Eglise;
Tout
ce
qu'on
y
lit
Dans
une
année
entière,
Je
l'ai
recueilli
ici.
Celui
qui
possède
ce
livre
N'a
plus
besoin
d'en
avoir
d'autres.
Mais
il
faut
encore
écrire
Quand
j'ai
entrepris
et
achevé,
Avec
ordre,
ce
recueil
divin.
Il
fut
commencé
dans
ces
temps
mauvais,
Où
l'Egyptien
vint
à
Mari
Et
tua
Thoros,
le
fils
du
roi,
Et
plusieurs
autres
avec
lui.
Il
mit
le
feu
à
Sis
et
à
Messis,
Et
à
tout
ce
qu'il
y
avait
de
maisons.
Il
fit
conduire
en
esclavage
Léon,
fils
aîné
De
Héthoum,
le
grand
roi
des
Arméniens,
Et
le
fit
emprisonner
Dans
la
ville
d'Egypte.
Mais
comment
pourrai-je
décrire
Les
ravages
et
les
ruines,
(l'esclavage!
Et
dire
le
nombre
de
ceux
qui
furent
réduits
à
Tout
cela
survint
sur
le
pays
à
cause
des
péchés.
Si
je
voulais
écrire
tout,
Combien
de
papier
et
de
place
ne
faudrait-il
pas!
Mais
par
la
merci
du
Christ,
A
la
date
mentionnée
plus
haut,
Pendant
que
je
terminais
les
Epîtres
A
l'aide
de
l'écrivain
Cyriaque,
Léon,
le
fils
du
roi,
fut
délivré;
Il
rentra
dans
sa
famille
et
dans
sa
résidence.
J'ai
écrit
ce
livre
de
mes
propres
mains,
Afin
que
l'on
se
souvienne
Du
misérable
pécheur
impénitent,
Le
Connétable
Sempad;
De
mon
père
Constantin
Et
de
ma
mère
Dame
Alize;
De
mes
frères
et
sœurs,
de
leurs
familles:
De
même
de
mes
fils
Héthoum,
Ochin
et
Constantin
Et
de
leur
mère
Théphano.
S'il
s'en
trouve
de
ceux
qui
aient
pitié
de
nous,
Et
qui
disent
avec
bonté
un
Miserere,
Qu'à
ceux-là
le
Seigneur,
pour
tous
généreux,
Donne
toute
espèce
de
biens
Dans
la
vie
présente
et
future.
Ce
mémoire
nous
fait
donc
connaître
le
nom
de
sa
mère,
de
sa
femme
et
de
ses
fils.
L'un
des
deux
derniers,
Ochin
ou
Constantin,
dut
hériter
du
château
de
Babéron,
Héthoum
étant
mort,
son
père
vivant
encore,
l'an
1270.
Sempad
avait
eu
encore
un
fils
du
nom
de
Vassil
et
connu
aussi
sous
la
dénomination
de
Tatar,
à
cause
de
sa
mère
dont
la
main
avait
été
accordée
à
Sempad,
par
le
Khan
Mankou,
alors
que
notre
Connétable
avait
été
chargé
d'une
ambassade
auprès
de
ce
dernier
par
son
frère
Héthoum
I
er.
Vassil
fut
aussi
conduit
en
esclavage
en
Egypte,
avec
Léon,
fils
du
roi
(1266),
et
il
s'en
revint
en
même
temps
que
ce
dernier;
mais
il
mourut
peu
de
temps
après
son
frère
Héthoum,
avec
lequel,
selon
une
chronique,
il
se
promenait
encore
en
grande
pompe,
le
jour
de
Pâques
1264.
Les
corps
des
deux
jeunes
princes
furent
inhumés
tous
deux
dans
le
même
caveau
de
leur
famille
au
couvent
de
Melidje.
Leur
père,
le
vaillant
Sempad,
homme
plein
de
mérites,
eut
une
fin
digne
de
sa
vie.
Après
avoir,
pendant
cinquante
ans,
exercé
glorieusement
les
fonctions
de
généralissime,
il
mourut
dans
une
guerre
contre
les
Sarrasins.
Il
les
repoussa
près
de
Sarvantave,
les
força
de
reculer
jusque
vers
Marache;
mais
là,
«à
la
fin
de
la
bataille
son
cheval
le
heurta
contre
un
arbre;
le
général,
déjà
vieux,
ne
put
supporter
ce
choc.
Il
se
fit
conduire
à
Sis
et
quelques
jours
plus
tard,
après
une
bonne
confession,
il
rendit
son
âme
à
Dieu
et
s'endormit
avec
ses
pères,
en
J.
C.
».
C'était
[3]
au
mois
de
mars,
l'an
1276;
il
avait
soixante-neuf
ans.
Les
Arméniens
regardèrent
sa
mort,
non
seulement
comme
celle
d'un
héros,
mais
encore
comme
celle
d'un
confesseur
de
la
foi
et
d'un
saint.
Les
chroniques
ne
mentionnent
pas
le
lieu
de
sa
sépulture.
Probablement
il
fut
inhumé
dans
le
couvent
de
Melidje,
là
où
reposaient
déjà
deux
de
ses
fils.
Un
mémoire
de
1198,
appelle
ce
monastère:
«La
sépulture
des
gouverneurs
du
château-fort
de
Babéron».
Nous
avons
supposé
que
l'un
de
ses
deux
fils
Ochin
ou
Constantin,
hérita
dudit
château
de
Babéron;
mais
nous
n'en
avons
aucune
preuve
certaine.
Il
est
probable
que
Léon,
un
autre
de
ses
fils,
mentionné
comme
Connétable
l'an
1289,
posséda
aussi
cette
forteresse,
ainsi
que
le
fils
de
ce
dernier
Sempad
II,
Connétable
l'an
1320.
Mais
quelques
années
après,
l'an
1296,
le
gouverneur
de
Babéron
était
Thoros,
frère
de
Héthoum
II.
Il
est
donc
certain
qu'à
cette
époque,
la
cour
s'était
emparée
de
la
forteresse.
Cela
est
vérifié
du
reste
par
les
archives
du
Vatican.
Léon
IV
au
début
de
son
règne,
avec
le
consentement
du
régent
Héthoum,
seigneur
de
Neghir,
en
fit
cadeau
à
son
beau-père
Ochin,
seigneur
de
Gorigos,
fils
de
l'historien
Héthoum.
Cet
Ochin
avait
épousé
Jeanne,
la
reine
douairière;
Léon
en
lui
donnant
cette
forteresse
avait
posé
pour
condition
qu'elle
retournerait
aux
mains
du
roi
si
Ochin
n'aurait
pas
d'enfant
mâle
de
Jeanne.
Cet
engagement
avait
été
envoyé
au
pape
Jean
XXII,
afin
qu'il
y
donnât
plus
de
poids
en
le
ratifiant
de
son
côté.
Le
Pape
demanda
des
renseignements
à
ce
sujet
à
Pierre,
patriarche
de
Jérusalem,
dans
une
lettre
datée
du
17
mars,
1323.
Il
lui
ordonnait
d'examiner
et
d'étudier
la
question,
afin
qu'il
y
put
donner
une
solution.
Un
an
et
demi
plus
tard
(9
août,
1324),
le
Souverain-Pontife
écrivait
de
nouveau
à
Basile,
archevêque
de
Tarse,
et,
à
propos
de
la
mort
de
la
reine
Jeanne,
lui
ordonnait
d'examiner
ce
qu'on
lui
avait
écrit,
et
s'il
jugeait
convenable
de
ratifier
le
contrat.
Dans
la
lettre
latine
le
château
est
appelé
Castrum
de
Baberon
ou
simplement
Baberon.
Lorsqu'Ochin
fut
mis
à
mort
par
ordre
de
Léon
(1329),
la
cour
confisqua
la
forteresse.
Depuis
lors
on
ne
trouve
plus
ancune
mention
de
cette
forteresse
dans
aucun
livre.
Elle
aura
subi
le
sort
de
tout
le
pays
d'alentour.
Tombée
aux
mains
des
Sarrasins,
elle
aura
été
ruinée
soit
par
eux,
soit
par
le
temps.
De
toutes
les
inscriptions
qui
nous
restent
de
Sempad,
la
mieux
écrite
et
la
mieux
conservée,
est
celle
de
l'église
de
la
forteresse
de
Tchander,
en
caractères
haut-relief.
Elle
se
trouve
sur
la
muraille
extérieure,
à
gauche
de
la
porte.
La
partie
inférieure
a
plus
ou
moins
été
effacée,
rongée
par
les
buissons
et
les
plantes
grimpantes
qui
l'ont
longtemps
recouverte.
Cette
inscription
date
de
l'an
1256
ou
1251,
et
elle
mérite
d'être
examinée
de
nouveau:
II
a
été
construit
ce
temple,
demeure
De
la
Trinité
une,
Divine
maison
et
autel,
Asile
de
la
prière
et
piscine
de
purification
Pour
les
péchés
de
ceux
qui
croient
Et
viennent
demander
ici
le
remède
qui
purifie.
—
Parmi
ceux-ci
(se
trouvent):
le
roi
de
l'Arménie
Héthoum,
mon
frère
glorieux.
J'ai
réussi
à
poser
la
pierre
angulaire
de
cet
édifice
C'est
avec
beaucoup
de
dépenses
et
de
piété.
Mon
nom
est
Sempad
l'Arménien,
Maître
de
ce
château
paternel
Et
Connétable
militaire.
Je
supplie
tous
De
prier
ensemble,
De
se
souvenir
de
mes
parents. . . . .
De
Constantin,
le
grand
prince,
De
son
frère,
de
ses
fils,
de
ses
alliés.
Et
celui
qui
récompense
généreusement
. . . . . . . . . . . . . . .
A
la
date
de
De
la
famille
noble
des
Roupiniens
. . . . . . . ..
cela;
Vous
qui
me
rappelez
après
ma
mort.
Il
n'est
fait
allusion
à
aucun
siége,
ni
à
aucune
prise
de
Babéron
dans
l'histoire.
La
position
de
cette
forteresse
la
garantissait
mieux
que
tout
autre
chose.
Cependant
on
trouve
dans
une
chronique
que
l'an
1245,
pour
se
venger
de
Héthoum,
qui
avait
livré
aux
mains
des
Tartares,
sa
femme
et
sa
fille
réfugiées
auprès
de
lui,
Kay
Khosrov,
sultan
d'Iconie,
vint
attaquer
Babéron:
«Guidé
par
le
baron
Constantin,
seigneur
de
Lambroun,
il
entra
dans
la
forteresse
de
Babéron
en
y
descendant
par
la
montagne
et
incendia
tout,
après
quoi,
il
alla
mettre
le
siége
devant
Tarse».
S'il
faut
interpréter
à
la
lettre
ce
dernier
texte,
la
position
de
Tchander
ne
correspondrait
pas
à
celle
du
vieux
Babéron,
puisque
le
P.
Sibilian
déclare
que
Tchander
est
bâti
sur
une
cime
ronde
et
isolée
des
autres.
Il
reste
donc
à
examiner
cette
place,
et
éclaircir
encore
la
question;
peut-être
la
découverte
d'une
nouvelle
inscription
fera-t-elle
connaître
la
vérité.
Quoi
qu'il
en
soit,
si
l'ancien
Babéron
n'est
pas
le
Tchander
actuel,
il
ne
devait
pas
être
bien
éloigné
de
ce
lieu,
ni
non
plus
de
Tarsus.
Le
siége
des
évêques
de
cette
dernière
ville
était
le
couvent
de
Melidje,
et
c'est
dans
ce
même
couvent,
comme
nous
l'avons
vu,
que
se
trouvaient
les
tombeaux
des
seigneurs
de
Babéron.
Ce
couvent
Melédje
ou
Melidje
était
l'un
des
plus
célèbres
du
pays
de
Sissouan.
L'époque
exacte
de
sa
construction
est
encore
inconnue;
mais
il
est
certain,
que
c'est
l'un
des
plus
anciens
monastères
du
pays.
Il
est
même
probable
qu'il
fut
fondé
par
Abelgharib
lui-même,
comme
semble
l'indiquer
l'une
des
pièces
mentionnées
plus
haut,
dans
laquelle
il
est
dit,
qu'après
avoir
pris
possession
de
Babéron,
Abelgharib
y
construisit
une
grande
église,
pour
en
faire
le
tombeau
de
sa
famille.
Or
les
documents
postérieurs
ont
montré
que
c'est
dans
ce
même
couvent
que
se
trouve
le
caveau
des
seigneurs
de
ce
château;
de
plus
cela
est
mentionné
dans
un
manuscrit
précieux:
un
livre
des
Evangiles,
de
l'an
1198,
qui
fut
écrit
«dans
le
couvent
célèbre
de
Melidje,
placé
sous
la
protection
de
la
Sainte
Mère
de
Dieu,
et
lieu
de
sépulture
des
maîtres
du
château-fort
de
Babéron».
Le
copiste
déclare
encore
que
cette
année-là
le
supérieur
du
couvent,
—
en
même
temps
archevêque
de
Tarse
et
successeur
immédiat
de
S.
Nersès
de
Lambroun,
—
était
Etienne.
Il
n'y
a
pas
à
en
douter,
Abelgharib,
Sempad,
Pagouran
et
les
autres
seigneurs
de
Babéron,
ainsi
que
quelques-uns
de
leurs
alliés,
auront
été
enterrés
dans
ce
cloître,
tous
comme
Héthoum
et
Basile,
fils
de
Sempad
le
Connétable,
et
aussi
ce
dernier,
avec
Léon,
son
frère
cadet,
y
aura
également
été
inhumé.
Ce
prince
mourut
encore
jeune,
enlevé
par
une
mort
prématurée
(1258)
alors
que
tout
était
préparé
pour
son
mariage.
«Il
n'attendait
que
le
vent
du
nord»
pour
faire
voile
vers
Chypre
où
se
trouvait
sa
fiancée.
«On
porta
son
corps
au
couvent
de
Melidje
qui
est
près
de
Babéron
et
on
l'y
inhuma»
[4].
—
Parmi
les
faits
historiques
peu
nombreux,
rapportés
par
les
historiens
sur
Babéron,
il
en
est
un
de
fatal:
c'est
la
prise
et
l'esclavage
du
maître
du
château.
Des
Turcs
venus
d'Iconie,
parvinrent
à
s'emparer
de
sa
personne
et
tuèrent
trois
ou
quatre
de
ceux
qui
étaient
avec
lui,
comme
l'écrit
le
continuateur
de
la
chronique
commencée
par
un
historien
de
la
ville
d'Ani.
A
la
fin
du
XIII
e
siècle
et
au
commencement
du
suivant,
le
supérieur
du
couvent
était
Etienne,
fils
d'Ambagoum
ou
Baghé
(+1301).
Etienne,
avant
d'entrer
dans
les
ordres,
avait
été
marié
et
avait
eu
plusieurs
enfants,
ensuite
il
fut
archevêque
de
Tarse.
L'aîné
de
ses
fils,
ou
du
moins
le
plus
connu,
s'appelait
Sire
Grégoire;
il
a
noté
en
marge
d'un
rituel
le
jour
de
la
naissance
et
de
la
mort
de
plusieurs
personnes
de
sa
famille
[5].
Son
père,
Etienne,
mourut
le
6
Juin,
1320,
comme
l'inscrit
Grégoire
en
y
ajoutant
d'autres
détails.
C'est
dans
ce
même
rituel
que
nous
trouvons
ajoutée
par
Etienne,
la
formule
de
la
bénédiction
des
navires.
Sire
Grégoire,
faisant
allusion
à
ce
passage,
écrit:
«Et
nous
croyons
que
ce
fut
un
don
de
Dieu,
une
inspiration
du
Saint-Esprit;
car
cette
prière
manquait
dans
le
Rituel.
N'effacez
pas
son
nom
(le
nom
d'Etienne)
de
ce
livre
afin
que
nous
en
recevions
la
récompense
de
Dieu».
Ce
fut
encore
sur
l'ordre
d'Etienne
que
fut
copié
le
Hadjakhabatoum
(Stromates)
de
Saint
Grégoire
l'Illuminateur.
Le
copiste
fait
l'éloge
de
l'Archevêque:
«Notre
maître
bienheureux,
supérieur
du
couvent
de
Melidje,
l'Archevêque
Etienne,
donna
ordre
de
copier
cela . . .
il
le
fit
placer
parmi
d'autres
livres
du
couvent.
(Ce
saint
père)
a
encore
ajouté
beaucoup
d'autres
objets
au
couvent
de
Melidje.
Que
sa
mémoire
soit
bénie».
L'un
de
ces
livres
est
le
Prokhoron,
c'est-à-dire
la
vie
de
Saint
Jean
l'Evangéliste,
qui
se
trouve
maintenant
au
Musée
Britannique.
Ce
manuscrit
fut
écrit
en
l'an
1307,
par
le
prêtre
Constantin,
«au
couvent
de
Melidje
sous
la
protection
de
la
Sainte-Vierge
et
des
autres
Saints,
près
du
château
inaccessible
de
Babéron»
[6].
Au
sud-ouest
de
Tchander,
à
une
distance
d'une
heure
ou
un
peu
plus
les
montagnes
qui
surplombent
le
torrent
qui
forme
la
Vallée
de
Moulin,
Déghirmén-déréssi,
se
ressèrent
et
laissent
à
peine
un
étroit
passage
pour
poser
le
pied.
Sur
un
plateau
pittoresque
se
trouvent
les
ruines
d'un
autre
couvent.
On
voit
encore
les
restes
de
chambres
creusées
dans
la
pierre;
on
y
arrive
par
un
petit
corridor
d'une
largeur
de
10
pieds
seulement.
On
retrouve
également
les
murs
de
la
chapelle,
dont
les
trois
côtés
n'offrent
aucun
passage;
ce
n'est
seulement
que
du
côté
du
nord
qu'on
y
pouvait
arriver.
Ce
lieu
est
appelé
par
les
musulmans
Kilissé-boghazi
ou
Kétchi
-
boghazi,
(Col
de
l'Eglise
ou
de
la
Chèvre.
)
C'est
sur
l'extérieur
du
pan
de
mur
qui
reste
encore
debout,
que
se
trouve
gravée
l'inscription
du
Régent
Constantin;
elle
compte
17
lignes.
Vu
la
difficulté
de
ces
lieux
escarpés,
le
P.
Clément
Sibilian
n'a
pu
l'étudier
qu'au
moyen
d'un
télescope.
Il
a
consacré
plus
de
12
heures
à
ce
travail
pendant
deux
jours
et
a
copié
ce
qui
suit:
«Ce
temple
du
Saint
Sauveur
et
cet
ermitage
fut
bâti
par
ordre
du
Régent
Constantin
et
à
ses
frais,
pour
sa
maison
de
prière,
selon
l'ordre
du
Seigneur:
«
Celui
qui
ne
prend
pas
sa
croix
et
ne
me
suit
pas,
n'est
pas
digne
de
moi;
ou,
Celui
qui
aime
son
fils
ou
sa
fille
plus
que
moi,
n'est
pas
digne
de
moi
».
Celui-ci
(Constantin)
mit
plusieurs
fois
sa
personne
en
péril
de
mort
pour
le
pays
et
la
sûreté
des
églises.
Selon
la
maxime,
«
le
bon
Pasteur
donne
sa
vie
pour
ses
brebis,
et
selon
Saint
Paul,
Dieu
a
tant
aimé
le
monde
qu'il
a
donné
son
fils
unique
»;
aussi,
selon
la
volonté
du
Saint-Esprit,
Constantin
s'est
offert
pour
les
fidèles.
«Il
a
aimé
à
rentrer
en
lui-même
et
à
s'entretenir
avec
Dieu,
selon
qu'il
a
été
dit:
«Je
confesserai
mes
fautes
et
me
repentirai
de
mes
péchés»:
Et
aussi,
il
est
bon
de
demeurer
silencieux
et
seul
en
sa
maison,
de
s'humilier
jusqu'à
la
terre,
car
il
y
a
de
l'espérance.
«Constantin
avait
cinq
fils
et
trois
filles;
il
fit
régner
avec
l'aide
de
Dieu
l'un
de
ses
fils
sur
les
Arméniens,
le
glorieux,
l'aimable,
le
vertueux
Héthoum.
Le
second
de
ses
fils,
Basile
archevêque . . . . .
du
royaume;
le
troisième
Sempad
fut
généralissime;
le
quatrième,
Ochin,
bailli,
et
le
cinquième,
Léon,
prince
des
princes.
Sa
fille
Marguerite
à
l'âge
de
douze
ans
fut
préparée . . . .
du
royaume.
«Il
maria
Sthéphanie
avec
le
roi
de
Chypre
et
la
troisième,
avec
le
bailli
de
Chypre
qui
était
gouverneur
de
Beyrouth
et
de
Joppé.
Moi
Thaddée,
le
dernier
parmi
les
Docteurs,
ai
été
élevé
par
le
roi
Héthoum.
Celui-ci
ordonna
à
moi
infime,
de
commencer
cet
ermitage
pour
sa
personne,
afin
qu'il
pût
sortir
de
cette
vie
mondaine
et
prendre
soin
de
son
âme.
«Et
moi
volontiers
j'ai
accompli
ce
qui
m'a
été
ordonné
et
le
monastère
a
été
bâti.
Or,
je
vous
prie
tous,
pour
l'amour
de
Dieu,
vous
qui
rencontrez
ce
couvent
sur
votre
route
ou
qui
y
habitez,
souvenez-vous
dans
vos
prières
du
sus-dit
Prince
des
princes,
Constantin,
père
du
Roi,
de
ses
fils
et
de
ses
parents
et
avec
eux
de
moi
mesquin
qui
ai
eu
beaucoup
de
peines,
quoique
les
dépenses
fussent
payés
par
le
roi;
car
le
lieu
offrait
beaucoup
de
difficultés
et
moi
j'étais
faible,
et
de
mauvaise
santé;
mais
pour
l'espérance
et
la
résurrection,
je
travaillais
de
bon
gré;
je
vous
supplie
de
ne
pas
m'oublier,
moi
solitaire,
vous
qui
êtes
dans
cet
ermitage ...
et
le
Seigneur
Jésus
aura
pitié
de
vous
tous;
Amen».
(p.
78
MANACHE-
Ruines
d'une
église,
d'après
un
dessin
de
V.
Langlois)
La
date
de
l'érection
du
couvent
n'existe
pas;
elle
eut
pourtant
été
si
nécessaire
pour
l'histoire,
pour
connaître
avec
plus
de
certitude
ce
qui
concerne
les
parents
et
surtout
les
enfants
de
Constantin,
père
du
roi.
Il
faut
supposer
que
cette
inscription
fut
composée
durant
les
premières
années
du
règne
de
son
fils
Héthoum,
alors
que
Constantin
n'avait
pas
d'autres
fils
que
ceux
qui
y
sont
mentionnés,
ou
que,
s'il
en
avait,
ils
étaient
encore
en
bas
âge.
Qu'il
ait
eu
d'autres
enfants
que
les
huit
mentionnés
plus
haut
ce
n'est
pas
douteux
car
nous
connaissons
son
fils
Jean,
évêque,
baptisé
sous
le
nom
de
Baudouin:
lui-même
déclare
être
frère
consanguin
du
roi
Héthoum,
ayant
eu
pour
mère
Béatrix,
tandis
que
la
mère
de
Héthoum
et
de
ses
autres
frères
était
Dame
Alize,
fille
de
Héthoum
de
Lambroun,
frère
de
saint
Nersès.
On
trouve
encore
les
noms
d'autres
fils
de
Constantin,
peut-être
frères
utérins
de
Jean:
ce
sont
le
Sire
Licus,
qui,
l'an
1256,
se
trouvait
père
de
trois
filles
et
d'un
garçon
nommé
Sire
Léon;
Vassag,
Seigneur
de
la
forteresse
de
Giandje,
envoyé
en
otage
en
Egypte
l'an
1268,
pour
la
délivrance
de
Léon,
fils
du
roi.
Enfin
Constantin,
seigneur
de
Neghir,
grand-père
du
roi
Constantin
II,
est
appelé
«fils
de
Constantin
le
premier
Baron».
Au
point
de
vue
topographique,
on
peut
se
contenter
de
savoir
que
sur
ce
lieu
raboteux
se
trouvait
jadis
le
Couvent
du
Saint-Sauveur,
établi
sur
les
ordres
et
aux
frais
du
roi,
par
le
D
r.
Thaddée,
élevé
par
les
soins
du
roi
Héthoum.
Mais
nous
ne
savons
rien
sur
les
successeurs
de
Thaddée;
il
ne
nous
reste
aucun
mémoire
provenant
de
ce
couvent.
En
tous
cas,
il
est
certain
que
ce
monastère
et
celui
du
Saint-Sauveur
à
Sghévra
ne
doivent
pas
être
confondus;
ce
dernier
est
plus
ancien
que
celui
qui
nous
occupe.
Le
R.
Davis,
trouve
indescriptible
la
beauté
splendide
de
ces
lieux:
«The
natural
beauty
of
this
spot,
-
dit-il
-
is
beyond
all
description.
Below
the
rock
a
river
flows,
the
banks
of
which
are
covered
with
plane
and
walnut
trees,
and
a
carpet
of
grass.
The
river,
again,
is
inclosed
on
both
sides
by
enormous
rocks
of
great
hight,
full
of
natural
caves,
and
covered,
with
pine
trees,
which
shoot
up
at
all
angles.
The
brilliant
colours
of
the
rocks,
red,
scarlet,
yellow,
purple
and
gray,
here
distinct,
there
blended
and
running
into
each
other,
add
greatly
to
the
beauty
of
the
scene».
(p.
79
Le
château-fort
de
Lambroun)
Avant
de
quitter
ces
lieux,
et
l'histoire
de
ceux
qui
furent
leurs
maîtres
et
surtout
celle
de
Sempad
le
Connétable,
il
est
bon
de
rappeler,
que
le
château
portant
le
nom
de
ce
dernier,
Sempada-gla
(Château
de
Sempad),
ne
devait
pas
être
bien
loin
d'ici.
Dans
son
recueil
des
œuvres
d'Aristote,
dans
l'introduction,
dont
nous
avons
cité
le
commencement,
Sempad
a
encore
écrit
quelques
lignes
après
la
dernière
de
celles
que
nous
avons
rapportées:
De
même,
je
jetai
sur
un
pan
naturel
Un
château
imprenable,
inexpugnable,
Et
je
lui
donnai
mon
nom:
Sempada-gla,
puissante
forteresse.
D'après
ces
quelques
lignes,
unique
renseignement
qui
nous
soit
parvenu,
il
est
clair
que
Sempad
fit
élever
lui-même
et
entièrement
cette
forteresse,
et,
qu'à
l'instar
de
Babéron,
elle
se
trouvait
dans
un
endroit
élevé
et
escarpé.
L'abondance
des
épithètes:
inexpugnable,
imprenable,
puissante,
indique
suffisamment
l'excellence
de
la
position
dont
elle
devait
jouir.
A
part
les
quatre
vers
cités
ci-dessus,
on
ne
trouve
plus
aucun
renseignement,
avons-nous
dit,
sur
cette
place;
on
rencontre
bien
encore
une
ou
deux
fois
son
nom
dans
les
manuscrits,
mais
sans
explication.
C'est
ainsi
qu'elle
est
citée,
de
même
que
Babéron
et
cinq
autres
châteaux,
comme
faisant
partie
des
possessions
de
Sempad,
en
1265;
puis
en
1320,
de
celles
de
son
petit-fils,
-
du
même
nom
et
également
Connétable,
Sempad
-
II,
fils
de
Léon.
Au
sud-est
de
ces
lieux
qui
ont
besoin
d'être
explorés
davantage,
on
indique
maintenant
le
village
Garmrakiugh;
mais
je
ne
connais
rien
de
particulier
ni
sur
ce
village,
ni
sur
ses
habitants.
Au
nord
de
cette
localité
se
trouve
Manas
ou
Manaz
[7],
village
ancien,
d'une
quarantaine
de
maisons.
On
rencontre
aux
environs
de
ce
dernier
village
plusieurs
ruines
d'églises,
d'une
architecture
gracieuse.
On
trouve
dans
l'une
d'elles,
cinq
colonnes
assez
bien
conservées;
en
observant
la
forme
de
l'autel
et
de
l'abside,
on
y
reconnaît
le
style
des
églises
primitives.
Tout
près
de
là,
on
a
creusé
dans
le
rocher
des
citernes
carrées;
elles
sont
recouvertes
de
grandes
pierres
polies.
C'est
là
que
les
habitants
du
village
viennent
encore
actuellement
puiser
de
l'eau.
Il
y
avait
encore
au
sud
du
même
village
une
autre
église,
aujourd'hui
ruinée
de
fond
en
comble.
On
remarque
au
milieu
des
décombres
des
tombeaux
de
pierre
avec
des
couverts
prismatiques
à
chevrons,
ce
qui
fit
supposer
à
M
r
Langlois
que
ces
tombeaux
étaient
byzantins
ou
romains.
Pour
moi,
les
puits
et
la
proximité
du
lieu
avec
les
autres
forteresses,
mentionnées
par
l'historien
des
Roupiniens,
son
nom
même
indique
que
ce
village
n'est
autre
que
Manache,
dont
le
maître
était
un
certain
Héthoum,
non
le
frère
de
Saint
Nersès
de
Lambroun,
mais
leur
contemporain.
Toutefois
dans
l'histoire
je
ne
trouve
aucun
fait
se
rapportant
à
lui,
ni
même
son
nom,
si
ce
n'est
une
seule
fois
lors
du
couronnement
de
Léon
à
la
fin
du
XII
e
siècle.
A
trois
heures
au
nord-ouest
de
Manache
se
trouve
le
bourg
de
Sari-kavak,
dans
une
vallée
plaine,
entourée
de
montagnes
qui,
en
forme
de
pic,
s'élèvent
les
unes
sur
les
autres
et
s'étendent
également
dans
la
direction
du
nord-ouest.
On
remonte
la
vallée
en
longeant
la
rivière
Kalé,
affluent
de
la
rivière
de
Tarsus.
Cette
rivière
fertilise
et
raffraîchit
les
pâturages
de
Nemroun,
auxquels
on
arrive
après
trois
heures
de
marche.
Nemroun
n'est
autre
que
la
fameuse
forteresse
de
Lambroun.
On
rencontre
aussi
quelquefois
l'abréviation
de
ce
nom,
Lamron.
C'est,
peut
être,
pour
les
Arméniens,
après
Sis,
la
place
la
plus
célèbre
de
la
Cilicie,
et
à
laquelle
se
rattachent
le
plus
de
souvenirs
glorieux.
Elle
se
trouve
à
l'ouest
d'un
village
qui
porte
son
nom
et
dont
le
territoire
forme
actuellement
sous
l'administration
ottomane
un
district
à
part,
appelé
Nemroun
Belkési.
Nous
avons
déjà
dit
au
commencement
de
la
description
de
Babéron,
que
vers
la
fin
du
XI
e
siècle,
Abelgharib
Ardzrouni
rencontra
cette
place
presque
inaccessible
sur
sa
route,
et
s'en
appropria;
puis
il
la
donna
plus
tard
à
son
compagnon
d'armes,
son
fidèle
et
intime
ami,
le
prince
Ochin
qui
l'avait
suivi
depuis
l'Arménie.
Il
était
venu
d'Artzakh
(dans
la
Grande
Arménie,
l'an
1073
«avec
toute
sa
famille,
et
trouvant
ce
lieu
inaccessible
inhabité,
il
le
reconstruisit
autant
que
possible,
et
aménagea
tout
d'abord,
à
l'extrémité
de
la
forteresse,
une
chapelle
pour
les
reliques
du
saint
et
premier
Apôtre;
(car
Abelgharib
y
déposa
lui-même
une
relique
du
grand
prince
des
apôtres,
Pierre,
que
conservaient
les
Arméniens;
il
ordonna
de
servir
dévotement
ce
saint
Apôtre,
dans
ce
même
château
et
de
le
regarder
comme
le
patron
de
la
forteresse
et
de
toute
la
province
)».
C'est
sous
les
murs
de
cette
place
qu'Ochin,
allié
de
l'empereur
Alexis,
eut
un
combat
singulier
avec
un
géant
franc
et
le
vainquit.
Ochin
bien
que
blessé,
il
parvint
à
terrasser
son
adversaire
et
à
l'assommer.
C'est
alors
qu'il
reçut
le
titre
de
Στρατηλάης;
et
la
principauté
de
Tarsus.
Cela
porte
à
croire
que
les
Grecs,
dès
les
temps
les
plus
anciens,
avaient
reconnu
la
position
avantageuse
de
ce
lieu
et
y
avaient
élevé
une
citadelle.
Son
nom
même
semble
indiquer
une
origine
grecque;
déjà
Moïse,
le
Docteur,
élève
de
Georges
de
Sghévra,
a
dit
que
«le
nom
grec
de
cette
forteresse,
traduit
en
Arménien,
veut
dire
brasier».
Ce
mot
existe-t-il
en
grec
avec
cette
signification,
je
ne
puis
l'affirmer,
mais
ce
qui
est
certain,
c'est
que
nous
trouvons
dans
cette
langue,
l'adjectif
λάμπρος,
qui
signifie
clair,
brillant.
Dans
l'histoire
des
Byzantins
je
n'ai
pas
trouvé
de
mémoires
faisant
allusion
à
la
forteresse,
ni
rencontré
son
nom.
Les
historiens
latins
du
moyen
âge
écrivent
Lambro;
et,
dans
les
routiers
romains,
datant
du
règne
des
Antonins,
est
écrit
Nampiro.
Ce
mot
latin
correspond
assez
à
celui
de
Nemroun
que
l'on
use
aujourd'hui.
Durant
les
guerres
des
Grecs
et
des
Arabes,
je
crois
que
cette
place
fut
délaissée
et
abandonnée:
reconstruite
plus
tard,
elle
devint
peu
à
peu,
tant
par
sa
belle
construction,
que
par
la
solidité
de
ses
murs,
l'une
des
premières
de
la
Cilicie.
Ochine,
dont
la
famille
était
une
des
plus
nobles,
fut
forcé
par
les
Roupiniens
et
obligé
de
reconnaître
leur
autorité.
Mais
bientôt
sa
famille
s'unit
par
des
alliances
à
celles
de
ses
vainqueurs,
et,
lorsque
la
maison
mâle
de
ces
derniers
se
fut
éteinte,
la
couronne
royale
passa
à
un
descendant
d'Ochine,
à
Héthoum
I
er,
qui
avait
épousé
Isabelle,
fille
et
héritière
de
Léon
I
er.
1
1.
Les
ouvrages
qui
traitent
de
la
généalogie
des
Héthoumiens
et
qui
se
trouvent
chez
nous,
sont
les
suivants:
—
Un
long
Mémoire
du
Dr.
Samuel
sur
le
Commentaire
des
Psaumes
fait
par
St.
Nersès
de
Lambroun.
Un
autre
Mémoire
pareil
au
premier
sur
le
missel
arménien,
écrit
aux
jours
de
Léon
II.
La
chronique
de
Malachie
le
Clerc
—
auteur
du
XVII
e
siècle
—
et
encore
quelques
autres
mémoires.
En
outre,
les
célèbres
Lignages
d'Outremer,
en
partie
traduits
en
Arménien
nous
offrent
de
précieux
détails;
nous
jugeons
à
propos
de
les
produire
ici,
en
remarquant
toutefois,
que
l'auteur
de
cet
ouvrage
se
trompe
quand
il
dit
que
le
père
de
Roupin
II
et
de
Léon
II
était
Meléh,
tandis
qu'il
devrait
dire
Stéphané.
[2]
Ancketill
dit
que
tout
l'escalier
se
compose
de
172
degrés.
[3]
La
mort
de
Sempad
rapportée
brièvement
par
l'auteur
de
ces
mémoires,
se
trouve
traitée
longuement
et
dans
un
style
assez
éloquent
dans
un
autre
auteur.
Malheureusement
ces
mémoires
ne
nous
sont
pas
parvenus
en
entier,
car
les
dernières
feuilles
de
ce
livre
sacré,
sont
malheureusement
tombées;
Sempad
l'avait
fait
écrire
et
orner
d'enluminures,
mais
selon
le
témoignage
de
l'auteur,
il
ne
parvint
pas
à
voir
ce
travail
achevé.
[5]
Par
exemple:
«En
742
de
l'ère
arménienne
(1293),
le
25
mars,
le
mercredi,
Zabloune,
ma
fille
et
la
servante
de
J.
C.,
à
la
fleur
de
son
âge
rendit
son
âme
à
Dieu,
comme
une
offrande
sans
tache.
Que
Dieu
fasse
miséricorde
à
elle
et
à
vous
qui
vous
souvenez
d'elle
dans
vos
prières».
«En
751
de
l'ère
arménienne
(1302),
le
11
février,
le
dimanche
de
la
Septuagésime,
Nersès,
mon
tendre
fils
en
Christ,
rendit
son
âme
à
Dieu,
comme
une
offrande
sans
tache.
Qu'il
soit
digne
de
la
miséricorde
de
J.
C.,
par
vos
saintes
prières
».
De
la
même
manière
il
indique
le
jour
de
la
mort
de
son
père,
le
7
septembre,
an
750
de
l'ère
Arm.
Et
puis
il
ajoute:
«Le
30
courant,
le
diacre
Mardiros
mon
frère,
rendit
son
âme
au
Christ»,
etc.
Il
indique
même
les
jours
de
naissance,
en
ajoutant
qu'en
1318,
son
aîné,
à
l'âge
de
21
ans
et
de
7
mois,
engendra
son
fils
aîné
Nersès
le
29
octobre,
et
qu'arrivé
à
l'âge
de
22
ans
et
de
cinq
mois,
il
engendra
son
second
fils
nommé
Djoian-Jean,
et
il
souhaite
que
Dieu
«donne
au
frère
et
à
ses
fils
une
vie
sans
épreuves,
et
qu'il
leur
fasse
voir
leurs
arrière-petits-fils».
[6]
Souvent
celui-ci
prie
(le
lecteur)
de
se
souvenir
de
son
neveu
Thoros,
«défunt
à
la
fleur
de
son
âge»,
ou
bien,
«enlevé
de
cette
vie,
par
une
mort
prématurée,
pour
passer
à
celle
qui
est
éternelle».
Ailleurs
il
cite
son
père,
le
prêtre
Constant,
du
même
nom
et
de
la
même
condition
que
lui,
sa
mère
Valourtch,
sa
sœur
Chahantoukhte,
son
oncle,
le
moine
Grégoire,
et
sa
mère
spirituelle,
Théphanoue.
[7]
Langlois
écrit
Manaz,
Favre
et
Mandrot,
Manas.