Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  A quelques kilomètres à l'est de Cracca se trouve la ville de karatros, ( Καραδρος ), Charadrus, près de l'embouchure de la rivière du même nom, avec un château fort et un petit port pour les bateaux. C'est un bourg ancien, cité par Hécatès, six siècles avant l'ère chrétienne; son nom est remarquable, il ne semble pas grec; aujourd'hui il s'appelle Karatran ou Kalandran et improprement Kalé-déré. Les environs doivent être très rocailleux et très escarpés, comme l'indique Strabon, qui nomme ces lieux Platanistos ( Πλατανιστου ̃ ς, plataneux). La vallée de la rivière est entourée d'une châine de montagnes rocheuses, appellée Antriclus par les anciens. Les Italiens au moyen âge appellaient ce bourg Calandro, ou encore en ajoutant un s au commencement, Scalandro. On n'y remarque aucune trace de grands travaux, les maisons sont peu nombreuses; toutefois la fortification naturelle du lieu permet de supposer qu'il devait être un des châteaux maritimes les plus forts durant le règne de Léon, mais je ne le trouve pas mentionné sous ce nom. Le chroniqueur qui a écrit sur l'expédition de Philippe Auguste, qui parvint à ces parages, en 1191, rapporte que le fleuve Scalandros séparait la terre des Arméniens, appelée alors Terre de Roupin des montagnes, du territoire de l'empereur de Constantinople [1]. Il mentionne en outre, de ce côté du fleuve, sur le territoire des Arméniens le château Isanci et de l'autre côté sur celui des Grecs, le château d'Antiochette, qui, quelque temps après, fit partie du domaine de Léon.

A sept ou huit kilomètres à l'est de Karatre, un petit ruisseau descend vers la mer en traversant des vallons bordés de rochers. Le village Oudjari, bâti à une altitude de 340 mètres, surplombe ce ruisseau. On a de une vue magnifique sur la mer et l'île de Chypre, et si l'on se tourne vers le nord, on voit se dresser devant soi un vrai rempart de hautes montagnes, d'un aspect sauvage. Le chemin rocailleux qui conduit à ce village est très raboteux. - Citons encore aux environs les villages de Kévraze et de Nasreddin; dont l'un d'eux était peut-être couvert de platanes et donna son nom au district qui s'étend de Karatre à Anémour.

A deux lieues à l'est de l'embouchure du ruisseau dont nous venons de parler, est situé le célèbre promontoire d' Anémour ou d' Anémourion ( Ανεμούριον ), aujourd'hui Anamor, à 51 milles de Coracésium. C'est le point le plus méridional de toute l'Asie Mineure, à 36° 0', 50", de latitude et 30°, 29', 55" de longitude de Paris; c'est aussi l'endroit le plus proche de l'île de Chypre, en face du promontoire de Crommion. La distance qui sépare ces deux caps était, selon les anciens, de 350 stades, c'est-à-dire 70 kilomètres, mais les modernes la font monter à 80. Le bras de mer compris entre la Cilicie et Chypre est appelé par l'historien FI. Boustron, Stretto di Cilicia.

Le promontoire d'Anémour (p. 379- Promontoire d'Anémour ) se termine par une croupe haute et circulaire, dont l'un des côtés est inaccessible et l'autre a été bien fortifié par un château entouré de remparts. (p. 379- Château d'Anémour ) Une muraille flanquée de tours et descendant jusqu'au rivage, sépare le château du reste du promontoire. Une autre muraille, sans tours, mais d'une épaisseur de six pieds, s'avance parallèle à la précédente, et semble avoir été construite plus tard. Deux aqueducs à niveaux différents, qui longent la colline durant plusieurs milles, fournissaient l'eau à la forteresse. Dans l'enceinte de la seconde muraille fortifiée se trouvent plusieurs réservoirs à eau, qui sont comblés aujourd'hui par les décombres provenant d'anciennes constructions. Entre les deux murailles on remarque de grandes constructions: deux théâtres dont le mieux conservé a 100 pieds de longueur sur 70 de largeur; il est entouré d'un simple mur et contient six rangées de gradins semi-circulaires; c'était probablement un odéon. L'autre qui a un diamètre d'environ 200 pieds, est de forme ordinaire; il est en partie proéminent sur la pente de la colline, et du sud-est regarde la mer. On en a enlevé toutes les colonnes; à peine en voit-on quelques traces. Beaufort croit qu'elles ont été portées à Chypre. (p. 380- Les plages d'Anémour et de Nagidus )

A six milles à l'est, se trouve l'extrémité du promontoire avec le château sur une saillie du rocher, garni de tours de formes diverses, long de 800 pieds et large de 300. Les remparts et les tours sont crénelés et percés de meurtrières qui évidemment sont postérieures à la construction des murailles. Le château possède trois portes voûtées; la plus grande est à l'ouest sous une grosse tour, sur laquelle est enchâssée une plaque de marbre avec une inscription arabe, qui rappelle la prise du château par Toumdji-chérif, général d'Alaïeddin et la remise du gouvernement du château à Esmer Moustapha. Au dehors du château, une quantité considérable de tombeaux forment une espèce de grande nécropole, au milieu desquels se perdent les quelques maisons des vivants. Bien que ces tombeaux aient été ouverts et fouillés, ils restent encore debout; ce sont de pe tits édifices séparés l'un de l'autre, presque de même grandeur, mais de différentes formes; ils sont voûtés et maçonnés avec du plâtre et de la brique rouge. Chacun de ces tombeaux contient plusieurs cellules ou caveaux funéraires pour les cadavres; à l'extérieur il y a des niches destinées à recevoir les offrandes, ou à placer les vases contenants les cendres: aucun de ces tombeaux ne porte d'inscriptions. Ces ruines attestent l'existence d'une ancienne ville à l'extrémité du promontoire, que les Turcs appellent Eski-Anamour (Vieil-Anémour). Près du château on voit sur la mer un petit îlot d'un peu moins de 200 pieds de long, l'on aperçoit des traces de constructions et de réservoirs taillés dans la pierre. (p. 381- Rocher aux bords  d'Anémour )

Durant le règne de Léon, l'un de ses plus illustres princes, Halcam, était seigneur d'Anémour, et probablement de Lamus, de Jermanic et de Maniaun. Après la mort du roi, le sultan Alaïeddin s'empara d'Anémour et d'Alaya, mais peu de temps après ces deux places repassèrent probablement aux Arméniens, suivant un chroniqueur de l'an 1284, c'est-à-dire du règne de Léon II. Le chroniqueur ne dit malheureusement, que ces quelques mots: «Les Arméniens reprirent Anémour aux Turcs». Ce fut sans doute un événement important; mais la manière dont il s'effectua nous reste cachée.

Aujourd'hui, outre les habitants turcs de ce bourg, on y compte presque 100 Grecs. Dans les archives turques, Anémour est appelé Mamourié; les Italiens du moyen âge le nommaient Stalimore. L'auteur de la vie de Henri II, écrit Staméné, et il affirme qu'en 1191 les Grecs y avaient un couvent célèbre [2] . Le même auteur cite, entre Anémour et Karatre, un château abandonné, nommé Roto [3] .

Dans ces lieux aujourd'hui presque déserts, au milieu des ruines de superbes constructions, les explorateurs ont trouvé différentes espèces de jolies plantes communes, parmi lesquelles: la Campanula phrygia, la Scabiosa hispidula, la Phlomis linearifolia, le Teucrium Kotschij, le Daphne gnidioides, la Sideritis condensata, le Thymus Cilicicus, la Scorzonera glabra, le Galium gr æ cum, Hierosolymitanum, l'Allium Olympium, la Ballota Larendana, etc.

 

Tout près du château d' Anémour est l'embouchure du fleuve du même nom, large de 150 pieds, appelé par les Turcs Direk-ondessi? ainsi que le rapporte Beaufort, qui ne parvint pas à trouver la signification du second mot; quant au premier il signifie colonne. Cependant sur quelques cartes il est cité sous le nom de Kuetudjé-tchay (méchante rivière). Le village de Tchorak, que les Turcs nomment Guiavour-kuey, à cause de ses habitants Grecs, est dans le voisinage de cette rivière. En bas, près du promontoire, s'élève le village Tchardak ; à l'ouest de la vallée, celui de Kalvéré? plus loin Kezel-kilissé (Eglise rouge); à l'est Baghtché? et Emézéré; au nord de ces villages un château sur les bords de la même rivière.


[1] Scalandros fluvius ille dividit terram Armeniorum, qu æ est Terra Rupini de la Muntaine, a terra Imperatoris Constantinopolitani: et ibi ex una parte illius fluvii in terra  pr æ dicti Rupini secus mare est castellum quod dicitur Isanci, et ex altera parte fluvii illius in terra imperatoris Constantinopolitani est castellum quod dicitur Antiochet. Bernardus Pe TROBURGENSIS.

[2] ... Villam bonam quæ dicitur Stamene, in qua nobilis abbatia est Grifonorum.

[3] Castellum desertum quod dicitur Castellum de Roto.